mercredi 18 juin 2008

La Divine Comédie: mort, transformation et libération de l'être humain (R. Degrassi)

Le monde de Dante (1265-1321) se reconnaît situé dans la tension entre deux expressions d'amour: "L'amour de soi, porté jusqu'au mépris de Dieu, engendra la cité terrestre; l'amour de Dieu, porté jusqu'au mépris de soi, engendra la cité de Dieu". Cette tension envisage de dépasser le besoin de posséder un pouvoir pour dominer les autres dans la volonté de s'abandonner, pour se donner aux autres et pour les reconnaître plutôt que pour recevoir d'eux. En traversant son Enfer et son Purgatoire, Dante comprendra que le problème de l'amour n'est pas tellement d'être aimé par l'autre, ni d'être empêché par la "société des autres" de le faire, comme le croyaient Roméo et Juliette dans leur "nous et notre amour contre le reste du monde". Le problème est plutôt s'il existe la possibilité de donner notre amour à l'autre et aux autres. Et quelles sont les peines que cette tentative engendre. LIRE LA SUITE...

lundi 9 juin 2008

LAST DAY

C'est finisch
La traversée s'est passée
Nous étions quelques uns au départ de cette grande nuit, nous fûmes un peu moins à l'arrivée au petit matin
C'est finisch
Tous ces mots dit, toutes ces torsions, toutes ces courses à tort et à travers, ces corps balancés, cette fatigue accumulée
La nuit à roulée avec nous, s'est déroulée en nous jusqu'au petit matin où le regard s'est finalement posé dans la faible lueur du jour commençant

Tout a peut-être pris sens au cours de cette nuit
Le sens de l'intégralité
Le sens de l'entier
D'un bout à l'autre
Le souffle court s'est transformé en souffle long

Il fallait en arriver là, sans quoi le voyage aurait été vain
Tout aurait pu être différent, beaucoup de choses on été perdues en route
Malgré le temps tout s'est fait trop vite

Toutes les questions demeurent
Qu'est-ce que l'improvisation
Comment gérer l'espace, l'architecture, le temps, l'être ensemble
Comment dire le poème
Que raconte l'esthétique choisie
Qui a été touché par cette démarche
L'improvisation peut-elle être une fin en soi
Où aller maintenant



Je suis sang et eaux, tendons, muscles, nerfs, os et mouvements
Rien ne s'arrête jamais en moi
Tout se fabrique et se dissout continuellement
Le temps de mes cellules m'est étranger, pourtant elles vivent en moi
Des milliers de processus se passent en moi dont j'ignore l'existence
Pourtant ils participent de mon vivant

Que restera t-il de tout cela
Rien d'autre peut-être que le geste
Le poème existait avant nous, il existera après nous
Mais ce geste, lui, a commencé avec nous
Le mouvement est lancé
La résonance éventuel n'est plus de notre ressort

Je suis sang et eaux, tendons, muscles, nerfs, os et mouvements ...


mardi 3 juin 2008

ENERGIE


"Principe d'action qui rend une personne apte à agir"
(dictionnaire Trésor)

lundi 2 juin 2008

INFERNO J.16-47 HEURES

Bien du temps a passé depuis Inferno J7, pas facile d'écrire dans la fatigue, à J7 nous en étions au début, aujourd'hui nous sommes à bout touchant de l'intégrale, entre-deux tout à eu lieu, réjouissances, angoisses, fatigues, ennuis, douleurs, doutes, climax, chutes, détoures, questions, replis, engagements, regards, larmes, nuits et jours, un flot de paroles et de mots, des non-dits, des quand dira t'on, des espaces vides, des corps pleins, des innanités, des forces contraires, des forces vives, du convergent et du divergent... tout à eu lieu dans cet entre-deux.

Nous reste le grand voyage
La grande traversée
Qui nous suivra jusqu'au bout ?
Quelques-uns sont là, depuis les premier mots
Qui nous suivra jusqu'au bout ?
Pour quoi faire ?
Pourquoi traverser l'Enfer ?

Pour aller voir au Paradis si c'est si joli !
(c'est super les blogs, surtout quand on est tout(e) seul(e) à y écrire...) hum

Devinette

" ON FAIT DES MORTS OU ON FAIT DES LIGNES?" : )

dimanche 1 juin 2008

VENDREDI 30!

DJ DANTE REND LA WHITE BOX MILLE FOIS PLUS SPACIEUSE, EN UN RIEN DE TEMPS.

une question d'un spectateur

" Mais pourquoi vous êtes habillés en prisonniers?"

vendredi 23 mai 2008

UNIFORME

L'uniforme est un habit réglementaire, que tous les membres d'un groupe doivent porter selon des règles dictées. ...
(Déf. Uniforme, Wikipédia)

J.8

Déplacer l'air avec le son, la voix, le mot, le souffle
Déplacer les champs magnétiques avec la pensée
Déplacer la pensée avec les sens

Perception

Percevoir comment les autres perçoivent, ce qu'ils perçoivent, ce qu'ils choisissent activement de percevoir.
Percevoir est un acte, ce n'est pas une activité passive...

RÊVE
TRAUM
DREAM
SOGNO

mardi 20 mai 2008

LUCIFER RISING : Jimmy Page & Kenneth Anger

Jimmy Page - Lucifer Rising (unofficial alternate) motion picture soundtrack

http://www.youtube.com/watch?v=Qnogbc_mRFc&NR=1

http://www.youtube.com/watch?v=wcseLfYyhHI&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=XYApBH5GnrE&feature=related

UN PARFUM

pour le 5e cercle : un parfum sonore diffusé à travers les fentes des planches

du spirituel dans l'art : BLEU

lundi 19 mai 2008

INFERNO J.7

Une étrange soirée
Ou le plateau s'est vidé de notre présence
Ou des sons se sont fait entendre
Nous étions dans le bleu des lumières de coulisse
Les spectateurs dans le blancs blafard des néons

Il semblerait que quelque chose ait été entendu sur ce plateau vidé de notre présence et ne vibrant qu'au son des chant infernaux et de voix diffusent tout alentours.

INFERNO J.6

Soirée sous le signe de l'impulse.
Impulse qui peut être suivi par un, plusieurs ou tous.
Tout le monde rentre avec le publique et va se mettre contre les palissades.
Le  chanteur entame sa route, il tente de défoncer à coup de pied la palissade bientôt suivi par les autres, la palissade se met à vibrer, à trembler sous ces coups multiples.
Le chanteur chante, les chanteurs taiseux impulse.
Mouvement d'aller-retour, précipitation du corps contre la palissade, marche.

Douleur au genou, me suis jeter trop entièrement contre ce mur de bois qui m'a également écorché le bras, conséquence direct d'un rapport direct avec la matière.

Le chant touche à sa fin, tout le monde est en tas debout, des vers sont donnés pelles-mèles , le groupe vacille et chute comme l'impro.

Stop

dimanche 18 mai 2008

jeudi 15 mai 2008

iNFERNO J.4

Entrer avec le publique, se mettre là où l'on était hier ou à une autre place, se mettre dans la posture d'hier ou une autre, chutes au sol multiples, début du chant VI, lente descente au sol pour certain, pour d'autres qui sont déjà au sol, départ dans une reptation lente et infini, rythmée par des coups de tête, jusqu'à arriver vers une parois sur laquelle se redresser.

Soirée courte, il nous faut économiser nos forces, la route est longue, qui nous suivra jusqu'au bout ?

mercredi 14 mai 2008

INFERNO J.3

Une lumière diffuse, grise
Des corps plantés dans l'espace, immobile
Un regard fixe qui parfois ne distingue plus bien les formes qu'il regarde

La plante des pieds qui fourmille
Le bassin qui se réajuste continuellement par de micros mouvements
La colonne qui ondule dans un mouvement de marée très lente

L'oreille qui écoute
Le corps qui écoute


Respiration imperceptible
Qui parfois s'amplifie 
Et occupe tout l'espace pulmonaire disponible

Le chanteur chante
Puis une autre
Puis la mobilité interne bouscule l'immobilité

Transformation
Basculement
D'immobilité l'espace mue en mobilité

Réorganisation
Réarchitecturage

Un pied devant l'autre
Transport de poids
Transport de soi

Equilibre précaire continuel
Sensation infini et multiple
Combien de temps cela durera t'il ? 

Cela pourrait durer infiniment
Ne serait-ce l'exiguité du lieu
Qui semble demander que progresse cette lenteur

Pourtant elle ne progressera pas
Elle changera de manière radicale
De très lente la marche passera à marche soutenue

Là où il n'y avait pas une bribe d'air
Nos déplacements multiples provoquent un brassage de Co2 
Certains restent dans la lenteur, l'espace se distorsionne

Puis le mouvement  contamine l'ensemble 
Tous marchent en tous sens
Parfois se retrouvent, comme un essaim

Marchent collés, serrés
Puis se dispersent à nouveau
Se disloque, reprend chaque parcelle d'espace disponible

Puis un s'immobilise
Un poing et un genou au sol
Puis un autre, puis tous

Une lumière de néon descend du plafond
Descends vers nous, va nous écraser
Mais s'arrête à la limite des palissade

Le regard est planté au sol
Le poing et le genou sont planté au sol
Commence le temps long de résistance

Résistance à cette position douloureuse
Libérée parfois par celle qui chante
Qui nous pousse à terre avec son pied

Sentir le corps, sentir ou il fait mal
Ajuster la position par micromouvement
Contracter les muscles qui pourraient être relâchés

Pour soulager ceux qui n'ont pas le choix de travailler
Entendre le chant, les ruptures, la  toux
Voir la sueur goutter sur le sol

Le temps s'écoule, diffus
Le chant se termine
Un autre entame sa route

Des corps nus ou à moitié nus apparaissent
Un tas de corps se forme
L'allemand et l'italien se frottent, se cherchent, se frictionnent

Il y a de la peau
De la peau en tas
De la peau dressée à la verticale

Stop


13 mai 2008

"LAISSEZ L'AIR ARROSER VOTRE INTERIEUR"

Dorothea Schürch lors d'un entraînement de souffle

dimanche 11 mai 2008

INFERNO J.2

Hommes et femmes en marchent qui tracent une géométrie temporel et spatial
Hommes et femmes en marchent qui se retrouvent et se perdent et se retrouvent
Hommes et femmes  en marchent  qui l'un après l'autre s'arrêtent un genou à terre, un poing à terre

Hommes et femmes 

Tous, un genou et un poing à terre

Ainsi, le chant IV de cet Enfer a commencé à s'élever pour terrasser, l'un après l'autre, ces hommes et ces femmes un genou et un poing à terre

samedi 10 mai 2008

INFERNO J.1

La porte est poussée

Chacun  y a entendu les premiers mots de l'invitation au voyage, que déjà la possibilité de retour n'était plus envisageable

Qui nous suivra jusqu'au bout

vendredi 9 mai 2008

Palissades Graffiti

Vous aussi, venez tager sur les palissades !

---> Par ici !

jeudi 8 mai 2008

UNLIMITED WALKS


"Unlimited Walks" est une intervention chorégraphique conçue par
Daniel Larrieu pour "Promenade", de l'artiste Richard Serra (Monumenta
2008/Grand Palais).
Le projet consiste à prendre au mot le titre même de l'œuvre de
Richard Serra, de se glisser dans ce paysage d'acier, radical et
poétique pour participer à une perception inédite de l'oeuvre.
"Unlimited walks" est une invitation pour le public à participer
physiquement à une action chorégraphique en se déplaçant dans
l'exposition sous la conduite de deux danseurs, de quitter la statique
et de marcher ensemble, de se placer à l'origine du désir du mouvement
. Se coucher, ralentir, en créant des courants, des flux.

mercredi 7 mai 2008

De la fixité


statue
statut
stature
S.T.A.T.U
state
State
estate
tâter
ta tu
c'tas
tu
RE

lapalissade

Nous voilà dans une forêt-box black-obscure, les arbres sont bien géométriques et rangés tout serrés les uns contre les autres comme des sardines en boîte
on l'appelle "la palissade"
mais ce n'est pas un lieu commun

on peut y glisser des doigts dans les fentes
ou des langues
ou juste y jeter un oeil

c'est une forêt qui ne bruisse pas, 
ne siffle pas, 
ne hulule pas
ne craque pas

une forêt tout à fait silencieuse

à moins qu'on y vienne chanter

REPONDEZ A LA QUESTION ET GAGNEZ UN ALLER SIMPLE POUR L'ENFER

Inferno / Dante All Stars / Dante Risiko, 
est-il un projet 
communiste?
anarchiste?
...?

lundi 5 mai 2008

DANS LES PLUMES

L'aléatoire
La concentration
L'être là
Au service de celui qui chante

Qui ne chante pas chante pourtant

Chant d'amertume et de curiosité
L'Enfer nous vole dans les plumes et nous glisse des mains
L'incertitude du voyage en fait frémir plus d'un

OU SOMMES-NOUS

Ou sommes-nous
Que cherchons-nous qui paraît si insaisissable qu'il ne semble pouvoir être là que par bribes volatiles
Ou sommes-nous
Quel est ce lieu qui nous plonges régulièrement dans un état catatonique, vidé de toute forces vives
Ou sommes-nous

samedi 3 mai 2008

Salto Inferno

jeudi 24 avril 2008

aujourd'hui

il y a le palais mou
et le palais dur
et le  palais de la black box (pas si laid)
et les colonnes, larges, qui dialoguent avec ma trachée
le tube dit gestif

mardi 22 avril 2008

JE SUIS AMOUREUSE DE DANTE

COMPOSITIONS

Se mettre dans une situation où l'on ne peut plus faire appel au Connu, à ses repères familiers. Là, quelque chose d'inattendu peut surgir, quelque chose d'Intime, d'Humain. 
Situation d'urgence, 
où l'on n'a plus de prises, 
où l'on ne sait plus, 
où l'on est obligé de mettre à contribution tous ses "skills" 
pour se démerder

Costumes

Avec Dorothea Schürch, on tisse des robes sonores aux Chants de la Divine Comédie

DIRE

kung fu bruise

Les hématomes sont mieux organisés que nous

?

La structure du rêve

dimanche 20 avril 2008

LA TETE DANS UN TONNEAU

La tête dans un tonneau. Voilà, comment je me suis retrouvé pour tenter de dire un fragment d'un de mes chants lors de notre dernière improvisation pendant le festival Archipel. Pourquoi dans un tonneau ? Parce qu'il était là, parce que ça s'est passé comme ça. J'étais dans les couloir de la Black-Box, je suis passé à côté du tonneau et je l'ai embarqué, emmené sur le plateau, pour le frapper au sol, pour faire du bruit, faire du son, il y avait des colliers en métal dedans, j'ai tout déversé sur le plateau et je me suis mis le tonneau sur la tête et j'ai commencé à dire mon chant, dans le tonneau, tout dire dans le tonneau. Puis j'ai retiré le tonneau, je suis revenu à l'air libre et j'ai lancé les colliers métalliques en l'air, l'un après l'autre, ils retombaient lourdement sur le plancher, puis je les reprenais, les relançais, l'un après l'autre, ils retombaient lourdement sur le plancher. Puis, après m'être frappé la poitrine avec les deux mains, plusieurs fois, comme pour trouver un rythme, un rythme de parole, un rythme avec les autres, avec la salle, ça s'est terminé, ça s'est fini, ce petit moment où je disais mon chant, où je pouvais le faire entendre s'est terminé, on est passé à autre chose, à ranger les colliers métalliques dans le tonneau, à faire une autre action, un autre son. Le temps de mon chant était passé et je l'avais dit dans un tonneau, de manière inaudible, juste à produire un son. La question me hantait pourtant. 
Pourquoi, ai-je dit mon chant dans un tonneau ? 
Pourquoi, n'ai-je pas essayé de le faire entendre ?
Ce que j'ai pu trouver comme réponse est que dans la situation je me sentais incapable de le dire de manière intelligible. Et ceci, non pas d'une manière réfléchie mais purement instinctive. J'ai donc mis un tonneau sur ma tête.
En poussant plus loin mon questionnement, je me suis rendus compte que pour le moment, la seule façon que pouvais entrevoir de dire ce texte était celle de le murmurer à l'oreille d'un spectateur.

JLJ

vendredi 11 avril 2008

Improvisation/2

Bruit Blanc : trop d'informations, impossible à transmettre (c.f information radiophonique)
Signal : information ciblée, peu, transmission possible (c.f signalisation routière)

fluctuation entre un bruit blanc et un signal? transformation de l'un à l'autre?

(retransmission d'une réflexion partagée par Bernard Schlurick au Collectif 3, 11 avril 2008, 16h30,  studio Aloïse.)

IMPROVISATION

Dans la Divine Comédie rien n’est improvisé, tout est essentiellement ordonné par la Providence.

LES COULEURS

Jaune, Or : puissance créatrice du cosmos
Rouge : amour, passion
Bleu : Divinité
Vert : la terre, ce qui est temporel, pas éternel (par exemple saints)

(dans les icônes et peintures religieuses au Moyen-Âge)

AMOUR

EROS : Amour-Désir (Platon)
AGAPE : Amour par communion
CARITAS : Amour par don de soi (St-Paul)

11 avril

"Il faudrait que tout soit nécessaire"
dixit Bernard Schlurick à propos des costumes...

jeudi 10 avril 2008

LE DEDANS/LE DEHORS

Je suis nu.
Le noir m'enveloppe.
Pourtant une faible lumière tombe là-bas en un cercle diffus.
Une personne.
Puis d'autres.
Entrent dans cet espace et vont s'installer dans ce cercle improbable qui fait rempart à l'obscurité.
Le cercle se remplit, les gens se serrent les un contres les autres, discutent, commentent, pour tenir l'obscurité à distance.
Je suis nu.
Je les vois.
Ils sont habillés.
Ils ne me voient pas.
Le rempart de lumière semble défaillir, lentement, inexorablement.
la lumière se tait, l'obscurité a parole entière.
Ceux qui étaient habillés sont nus à présent.
l'obscurité m'habille.
Mon corps est en mouvement, mouvement lent et giratoire.
Une goutte de sueur perle de mon aisselle malgrés le froid, mes sens sont à l'affûts, je sens et j'entends que ça bouge autours de moi.
L'obscurité rend perceptible ce que cache la lumière.
Des mots traversent l'espace, des corps bougent, des peaux se frottent, se frappent, s'enlacent.
Mon regard boit toute cette obscurité, mes yeux sont grands ouvert, grands.
Je suis lenteur, je suis nuit, je dis "lève la tête, lève-là, et regarde", je suis dedans et dehors, mouvement et silence, souffle et peau.
Je suis nu et sens.
L'air m'enveloppe et me porte presque mais je suis encore trop lourd, trop dense, tout en chair, chair qui travail, corps qui pulse, mouvement dans l'immobilité. Le noir est immobile, dense comme mon corps, l'air est léger, fluide, comme les pensées.
Rencontre.
Je touche, palpe, reconnaît, étire, porte, tombe, serre, frotte, les muscles se tendent, tremblent, lâchent, les appuis se cherchent,glissent, s'immobilisent, respirent.
Ici et là des mots qui chahutent dans le noir.

Lumière diffuse là-bas, lumière diffuse qui se fraie un chemin dans l'obscurité.
Lumière qui montre le chemin.
Lumière qui inonde les corps, irrémédiablement attirés par elle.
Lentement les corps vont se baignés dans cette lumière nue.
tout se mélange.
Lumière, corps, habits, nudité
Tous dans le même sens s'en vont.
Tous au même endroit se retrouve.
Serrés, collés, gênés pour la grande ascension mécanique vers le deuxième étage.
Il n'y a plus d'ombre, d'obscurité, d'espace rêvé, c'est le plein jour finissant, tout est vu, tout se voit, que dire encore, redire, refaire, mettre en lumière ce que l'obscurité à caché, montrer ce qui n'a été vu, soustraire l'image imaginaire à l'image réel, pourtant, laisser vivre le poème.

JLJ

mercredi 9 avril 2008

8 avril

Dante Alighieri aurait-il pris de la mescaline en écrivant la Divine Comédie

9 avril

Chant X, 6e cercle :
Dante découvre que les damnés sont visionnaires, mais n'ont pas de perception claire du présent.

mercredi 2 avril 2008

2 avril

Le vaste palais est aussi à l'intérieur
de la bouche
ce sont les os qui résonnent
les dents qui font briller un son
tout le palais qui se soulève pour laisser place à la musique
qui traîne derrière soi comme des longs cheveux
ou comme une cape de Cardinal
ou qui circule dans le nez les sinus les orbites les joues et puis même les pieds les fémurs et le palais des hanches

en février

la black box est un vaste palais où résonnent des voix, où l'on crie des balcons, arpente les cintres et génuflexe dans la galerie, s'entasse dans la vitrine. Où le Christ apparaît
Où l'on se suspend au plafond
où des fosses s'ouvrent sans que personne n'y tombe
où la parole se répand
parfois se repent
se re-

1er avril

la black box est une blague box

jeudi 20 mars 2008

YOGA avec Sandra, Black-Box, jeudi 20.3.2008

YOGA avec Sandra , Black Box , jeudi 20 mars 2008

Les portes de la Black-Box se referment sur des corps couchés. Sandra, Jeanne, Brice, Fred, Jean-Louis, Lucie Z., Lucie E.. ( Roberto se prépare pour son concert de ce soir, Gael est au Conservatoire, Michèle chez le dentiste.)
Zorro, le chien de Sandra, observe la scène.

Position du cadavre.
Le corps posé lourd sur le sol, l' attention est portée à la fois sur les parties en contact avec le sol et le devant du corps.
Mouvements de bras circulaires, des hanches jusqu’au dessus de la tête. Temps vide, inspir, temps plein, expir. Lourds sur le sol. Puis en passant par devant soi, le dessus de la main en premier. Le reste du corps est détendu.

A plat ventre, les bras allongés devant soi, le front sur le sol. Observation de ce qui se passe dans le sol. Etirement bras gauche-jambe droite (3x) et bras droit-jambe gauche (3x) la face intérieure du genou monte, la hanche lourde vers le bas. Les bras et jambes opposés ne compensent pas. Visage, bouche, dents détendus. Lâcher la pression.
Les mains à hauteur des épaules. Bascule du bassin, le sacrum vers le bas, petit cobra, les épaules vers le bas, ouverture du sternum vers le haut, les côtes près du corps. Sur une expir on revient dans le sol. Temps de repos avec les mains placées sous le front. La même chose, puis les bras tendus vers l’arrière, puis les jambes jointes vers le haut. Retour.

Les genoux s’écartent, le bassin est dirigé vers l’arrière. Comme une petite grenouille, le front sur le sol, les bras allongés devant soi. Repos.

Retour à la position sur le sol allongé sur le ventre les bras devant soi.
Passage sur le côté. Etirement de tout son long jusqu’à ce que jambes et bras décollent du sol. Sur la gauche, sur la droite. Même exercice à plat ventre.

Repos « petite grenouille ».

Distraction. Truffe humide de Zorro contre ma joue.

J'entends: "A genoux les paumes jointes devant la poitrine expir descendre les épaules loin des oreilles dos rond dos creux inspir gauche expir droite le chien inspir bras on remonte une inspir expire les bras vers l’arrière on se referme… "

Passer en jambes croisées ou à genoux ou couché sur le dos. Respiration, repos.

Le chien. Départ à genoux, les mains à hauteur des épaules, dans l’écartement des épaules. Les genoux à hauteur du bassin, dans l’écartement du bassin. Sur une inspir aller dans la position du chien tête en bas.

Position de l’enfant. Repos.

Chien tête en bas, amener les clavicules dans la direction des pieds, les ouvrir. Passage à la planche. Descente douce jusqu’au sol. Passage au cobra. Retour au sol. Remonter depuis la planche. Puis planche inclinée. Retour. Position de l’enfant. Planche inclinée avec clavicules ouvertes et bras vers le ciel, d’un côté puis de l’autre. Lever une jambe aussi, d’un côté puis de l’autre.

Flexion.
Debout. Plante des pieds au sol, ischions vers le haut, tête vers le sol, le dos des mains sur le sol. Les pieds sont dans l’écartement des hanches. Respirations. Inspir pour retrouver la verticale.

Debout. Jambes écartées. De face. Un pied ouvet à 90 degrés. Le bras inverse vers le ciel. Les flancs gauche ET droit s’allongent. Descente en pliant le genoux du côté du pied à 90 degré.
D’un côté et de l’autre. Même chose avec coude sur genoux, visage vers le ciel, main vers le ciel. La hanche face. D’un côté, de l’autre.

Flexion. Comme décrite précédement.

Zorro est couché contre ma cuisse. Il est attentif. Surtout lorsque le mot « chien » est évoqué. Parfois il fait lui même un chien tête en haut et un chien tête en bas. Il est vraiment très fort dans cette position ! Il espère que Lucie Z. qui s’est éloignée du cercle des yogis vient lui faire un câlin. Il prend la position sur le dos, mais elle se saisit d’une bouteille pour se désaltérer...
Truffe humide sur ma joue. Joie simple du chien d’être en compagnie.

Jambes écartées, ischions vers le haut, mains jointes derrière le dos qui passent par dessus la tête en direction du sol.

Couchés sur le dos.

Sandra sort un moment. Puis Lucie Z. Zorro va chercher un câlin chez Lucie E..
« Zorro, tu fais quoi ? » Sandra est de retour. Zorro tout rose sous ses poils se couche vers celle qu’il aime sans conditions. Puis revient vers moi. S’essaie au clavier avec sa patte.

Couchés sur le dos, les genoux sur la poitrine maintenus par les bras. Puis, croisement des jambes, torsion jusqu’au sol, la tête regarde de l’autre côté, les bras écartés. Respiration. D’un côté, puis de l’autre.

Zorro s’étire. Griffe le sol.

Position du Papillon.

Zorro écoute un chien qui aboie dans le lointain. Son oreille droite dans la direction du son, le reste du corps entièrement détendu.

Allonger les jambes, allonger les bras.

Conscience amenée dans le bassin. Attention à ne pas contracter ailleurs. Quelques respirations dans le bassin. Sentir ce qui se passe dans cette zone. Travail plus énergétique que de détente ou musculaire. Observation des sensations. Connexion par l’inspir du bassin avec les jambes, puis remontée vers le bassin par l’expir. Observation de la diffusion possible depuis le bassin. Puis connexion avec le haut, par le pubis, les lombaires jusqu’aux côtes flottantes. Ou par un chemin choisi par soi en fonction du ressenti. Puis jusque dans la région du centre-cœur. Respiration dans cette zone. Attention à garder les épaules, clavicules et omoplates décontractées. Puis jusqu’à l’intérieur de la boîte crânienne. Pas de pression dans la boîte cranienne. Plus vers l’intérieur. Subtil.

Le chien aboie toujours dans le lointain. Zorro s’est endormi.

Grande inspiration, puis descente par l’expir et avec la conscience, puis passage dans la détente.

Zorro s’éveille. Tentative d'une langue contre ma joue. Refus sans violence mais ferme.

Sandra passe vers Jeanne, puis Brice, puis Fred, puis Jean-Louis, puis Lucie Z., puis Lucie E.
Contact. Soulève un pied, soulève une nuque, touche des épaules.

Chacun se met sur le côté puis passe en position assise. Respiration.

« Et c’est terminé. »
« Merci, merci. »


signé: Barbara Baker

lundi 11 février 2008

Chant VIII (deuxième version)

Au fur et à mesure qu’il écrit les sept premiers chants de l’Enfer et qu’il rencontre de plus en plus de succès, Dante est abandonné, voire trahi par tous ceux qu’il croyait être ses amis, les uns après les autres. Quant aux nanas, à la fois intimidées par son excentricité et inquiètes de ne jamais arriver à la cheville de Béatrice, elles semblent vivre désormais dans un univers parallèle que nul Virgile ne l’aidera à pénétrer.

Bref, ça va mal. Dante n’a plus la motive, et pour couronner le tout, il s’est méchamment frité avec les petites frappes toutes susceptibles de Rome, qui manque de bol font la pluie et le beau temps dans le coin. Arrivé à Florence histoire de changer d’air, il constate affligé que sa réputation l’a précédé. Si ce n’était que ça, tout irait bien, mais re-manque de bol ladite réputation s’est alourdie de rumeurs en cours de route, et tout le monde voit en Dante un flagorneur dragueur de première, lui, l’humble créateur timide pour ne pas dire renfermé, dont l’excessive amabilité envers la gent féminine n’est que le maladroit cache-sexe d’une gêne compulsive en présence du beau sexe, a fortiori lorsqu’il est bien roulé.

Loin de chez lui, seul comme une vieille merde même plus reniflée par les chiens les plus misérables, ignoré par les unes et jalousé par les autres, Dante relève néanmoins les manches de sa tunique froissée, après avoir glissé ses petits petons dans ses chaussons dépareillés et se met au boulot.

Et il a honte. Il a honte de n’avoir plus rien d’autre à faire que de plonger Filipo Argenti dans la boue, lui qui fut un ami dans la vie, bien qu’un ennemi en politique, lui qui le trahit jadis au moment où Dante avait le plus besoin de lui, de son savoir, de son soutien et de son amitié. Mais on ne s’embarrasse pas d’un ami dans une mauvaise passe. On le laisse se casser la gueule en regardant ailleurs l’air de ne pas être au courant. Alors Dante aussi va regarder ailleurs. Mais avant, il ne résiste pas à la tentation de plonger Filipo dans la boue, celle-là même où ce dernier le laissa croupir alors qu’il était le seul à pouvoir l’en tirer. « Beau transfert, mec ! » commenterait Sigmund.

Pour continuer à écrire son bouquin, et comme le début a connu passablement de succès, Dante a reçu pas mal de thunes de la Loterie Toscane. Passablement de succès, oui, et des rencontres professionnelles importantes, des promesses d’édition, d’articles, de commande… Un avenir presque radieux. Mais putain qu’il est seul. A ce stade de solitude, même un fantasme est douloureux. Alors Béatrice, ça sera pour plus tard. Le seul qui entourera son cou avec ses deux mains et lui baisera le visage, dans son imagination puis sur le papier, car dans la vraie vie ça fait longtemps que son corps n’est plus touché que par ses propres mains honteuses et par le regard abjectement compatissant de son entourage apparemment révulsé, le seul, donc, c’est papa Virgile.

Dante a honte de lui. Honte d’être tombé si bas, d’être tombé si seul, de ne plus même oser imaginer d’autre corps que ce pauvre corps contre le sien. Frustré, malade, malheureux comme les pierres, Dante s’accroche à la main imaginaire de Virgile, avec en lui le flot de larmes, de morve, de sang et de sperme que la honte l’empêche de faire sortir indifféremment par ses yeux, son nez, sa bouche et son sexe, et continue d’écrire son livre. Le livre de la solitude et de la honte.

Chant VIII (première version)

Après ses « années d’exil » (Dante souffre d’une grave psychose paranoïaque et est persuadé d’être persécuté par Rome, qui franchement s’en tripotte l’une sans faire bouger l’autre), notre bon vieux Alighieri, à la lueur de quelques bougies (pas trop, les voisins ne doivent pas l’apercevoir), s’assied à sa table, relève sa tunique humide de saleté jusqu’à la poitrine, sert son petit poing droit autour de sa plume et son petit poing gauche autour de sa bistouquette, et reprend son éloge gay là où il l’avait laissée, c’est-à-dire dans un bain de boue où s’ébat un bataillon de corps musclés et tendus en une grande orgie sado-maso.

Dante, déjà passablement émoustillé par le souvenir de cette scène, s’était promis de continuer son récit, mais il n’y tient pas : en un flash-back, le voici replongé dans ladite boue avec Virgile, le chef des village people antiques dont lui-même est le sixième.

Déchaîné, le Dante. Carrément déchaîné. Il a décidé de ne rien nous épargner : après l’allégorie pitoyablement phallique de la flèche et de l’arc qui décoche comme je te dis pas, débarque (au sens propre du terme) une sorte de Darth Vador hyper testostéroné, émergeant des brumes pour se faire casser aussi sec par papa Virgile. Dante se paluche en écrivant ces lignes, rien de tel qu’une bonne scène d’humiliation après l’orgie sado-maso. Mais ce n’est que l’échauffement.

Dans la vraie vie réelle, Dante a un ennemi politique : Filippo Argenti, le vilain noir florentin. Manque de bol, Dante est tellement nul en politique que Filippo ignorerait presque son existence s’il ne le harcelait régulièrement, l’insultant et le hélant en pleine rue à toute heure du jour et de la nuit. Mais Filippo reste zen, au point qu’on peut dire qu’il n’en a rien à foutre du vieux Dante. Confronté à un tel mépris, Dante a piqué une grosse colère, et pour se soulager, il plonge ledit Filippo (qui, entre parenthèses, l’excite à mort) dans la boue, et imagine Virgile lui défoncer la tronche à coups de tatane, puis les gang-bangueurs sado-maso cités plus hauts lui fondre dessus à bras raccourcis. Ça lui suffirait bien à finir sa branlette, mais Dante est un raffiné. Pendant que son pire ennemi se fait déchiqueter son corps de rêve, l’ami Virgile lui roule un énorme steak (et encore, c’est une litote) en lui parlant de sa petite maman en termes élogieux et sous le regard de notre Darth Vador d’opérette. C’en est trop : Dante, celui qui est à sa table en train d’écrire, décharge en un petit cri poisseux et un peu plaintif. Il s’essuie ensuite avec sa tunique, s’y mouche, va pisser dans un coin de la pièce en sanglotant, et finit de noyer son post-coïtum au ratafia avant de sombrer dans la forêt obscure d’un sommeil lourd et pénible.

Quelques jours passent. Dante n’a rien écrit entre temps. Dante est une grosse feignasse qui attend que ça vienne. Dante le frustré (rappelons brièvement que Dante a fantasmé toute sa vie sur une meuf aperçue trois fois, qu’il ne se tape que des thons et que ses gosses sont au fait ceux que sa femme a eus avec un riche évêque de Rome au service duquel elle fut durant quelques années) se réinstalle à sa table avec sur sa tête une casquette plombée, et dans sa tête la merveilleuse séance d’onanisme littéraire de la dernière fois.

Arrive son compagnon de boisson, Brunetto Latino, avec de mauvaises nouvelles : la veille, alors que Dante écumait les bistrots en ahanant son demi chant VIII comme un âne braie lorsqu’il est en rut, et ce dans l’espoir naïf de s’attirer les grâces de quelques demoiselles, en vain comme on s’en doute, se trouvait malencontreusement dans l’un desdits bistrots notre bon vieux Filippo Argenti. Ce dernier a quelque peu pris la mouche, et a mis son zen de côté un court instant pour demander à Brunetto s’il pouvait intercéder en sa faveur auprès de Dante pour que celui-ci lui lâche la grappe, parce que le coup de le balancer en enfer ressemblait à s’y méprendre à du harcèlement moral. Pire que du lait sur le feu, Dante, en entendant ces paroles explose littéralement. « MAIS FAIT CHIIIIIER, MERDE ! » éructe-t-il comme on éjecte un étron d’un rectum, au bord de la rupture d’anévrisme, « MAIS PUTAIN DE MERDE MAIS C’EST DE LA LITTERATURE MERDE, JE SUIS UN PROFESSIONNEL MOI MERDE, C’EST PAS CONTRE LUI PUTAIN DE MERDE, SI IL LE PREND PERSO C’EST PAS MON PROBLEME J’SUIS UN AUTEUR PROFESSIONNEL MERDE FAIT CHIER PUTAIN ». Le visage violacé par la rage, Dante martèle le mur de son pied jusqu’à en saigner, les yeux sortant des orbites, la morve au nez coulant jusqu’aux lèvres et la bave au coin desdites lèvres. « JE SUIS UN PROFESSIONNEL MERDE IL PEUT PAS COMPRENDRE CE GROS CON DE FILIPPO DE MES DEUX DE PUTE A CUL DE BORDEL A MERDE ?! » Il tombe à genoux, n’étant plus porté par son pied meurtri, et tambourine maintenant des deux poings sur le sol, puis renverse table, chaises, chandeliers. Arrivent alors les voisins alertés par le bruit, et qui, à l’aide de Brunetto, maîtrisent le forcené, avec dans leurs gestes la précision de ceux qui ont l’habitude des crises de furie du génie. Il ne faut tout de même pas moins de huit personnes pour réussir à lui faire avaler ses gouttes. Sous l’emprise de cette drogue violemment opiacée, Dante, après une sieste de quelques heures, écrit la seconde partie du chant VIII avec la main tremblant encore de haine pour le Filippo de ses deux.

lundi 14 janvier 2008

Cadavre exquis sur Dante

début décembre 07

mb: on a dit qu'on ferait de dante, un star. on a dit qu'on projetterait une étoile lointaine dans ce paysage théâtrale, une étoile qui brille jusqu'au noir obscure.
le projet DANTE est lancé et nous sommes aujourd'hui au milieu d'un chantier : parmi des textes de dante, pasolini, sloterdjik, heidegger, parmi des images de greenway, de godard, d'adriana, de golay, de pesce, de doré et de botticelli. Et les situations pêchent : autant de travail sur le choeur, sur le corps, l'espace et la voix. autant d'improvisations qui cherchent le défi de l'invention. autant de noms pour commettre un crime : représenter l'enfer dans sa totalité, 33 chants +1, portés par le collectif 3 en automne, hiver, printemps et jusqu'aux représentations finales et publiques d'un mois. pas un journaliste qui s'intéresse. pas un mot qui se dit là dessus. le processus artistique ne peut guère vaincre la machine infernale de la production publicitaire et du ragot populaire. Au milieu du chemin de notre vie / je me retrouvais au milieu d'une foret car la voie droite était perdue...

mp:. ce ne sont pourtant pas les ragots qui manquent. Avec les mains baladeuses de B. en répétitions et le teint olivâtre façon camé de Dante. Non, ce qui manque, c'est de faire résonner non seulement la puissance poétique de ce projet, mais aussi sa force politique. parce qu'il s'agit de repenser "l'en-commun" du travail scénique, de réviser les protocoles de production : le vedettariat de la mise en scène, la culture de l'effet ou de la trouvaille scéniques, le mercenariat des comédiens, une certaine précipitation de la réalisation,... Et puis parce que Dante est un écrivain politique, en révolte contre son époque, contre les travers de son époque qui annoncent le capitalisme. En Enfer, de toute façon, tout procède par la gauche. A sinistra. Sinistre.

mb : gauche ou droite ? où commencer? avec dante ou beatrice ? dans la forêt ou la boue. main droite sur son sein, main gauche sur son sexe. premier chant : nel mezzo di camin de nostra vita, mi ritrovai nelle foresta obscurra..... on se perd, on se perd, à gauche et à droite. mais jamais au centre. nous sommes nombreux. entre collectif3, créateurs invités, philosophes, entraîneurs, équipe GRü. nous rôdons autour, chacun à sa manière, chacun à son rythmé. complémentaire ? choix de l'aventure pour la ré-volution du RE-: l'extraordinaire poéte florentin du 14ème siècle ou l'impossible représentation. dante nous donne rv. dante nous lie, nous fait travailler ensemble, il nous oblige à nous confronter, l'un à l'autre. ré-volutionner nous mêmes, nos structures matérielles, mentales, psychologiques, émotionnelles. qui passe par qui ? nous par dante ou dante par nous? match d'envergure : machine dante contre machine théâtre. à gauche. contre la montre.

mp : machine Dante contre machine théâtre. La confrontation semble aller de soi puisque les projets scéniques Enfer ou Paradis se multiplient. Emio Grecco, Roméo Castellucci. Alexis Forestier. Air du temps. Fonds noir de la tasse. Etonnant que, contrairement à Beckett qui ne voyait de l'intérêt que dans le Purgatoire, peu de théâtreux s'arrêtent à ce lieu de passage. Nous, c'est la géométrie, les cris, la nuit, les désespérances et les évanouissements de l'Enfer qui nous retiennent. Pourtant, davantage encore que l'Enfer, c'est lecollectif3 llisant l'Enfer qui est au coeur de la question. Pas la représentation, mais l'impossible de cette représentation? Suivant ainsi Duras quand elle dit: "Ecrire, c'est essayer de savoir ce qu'on écrirait si on écrivait." Penser en chemin, trouver en faisant, partir en compagnie de Dante et Virgile sans savoir quel théâtre est au fond de l'entonnoir, par signé et comment manigancé: voilà le pari.

le pari comme suivant : le collectif3 commence par un travail sur la voix et la résonance, par un travail de langue et d'apprentissage de texte, par un travail d'improvisation. jouissance au commencement ! jouissance à cause des rencontres multiples: dante, moi, l'autre, ensemble, homme, femme, collectif, théâtre, white, rencontre avec le travail, le travail tous les jours, l'artistique toutes les heures, rencontre avec les approches artistiques proposées, avec les entraînements qui ouvrent la journée de travail, avec les espaces et lumières à pénétrer. au seuil d'une aventure incertaine, on ne se pose pas beaucoup de question, on fonce, on ne se pose pas trop de question puisque tout est nouveau. première présentation publique attire une foule de gens. le texte de dante résonne dans la cage d'escalier de la maison des arts, le spectateur marche, l'acteur marche en transportant du son depuis la white box jusqu'au sous-sol, là aussi le spectateur est assis sur les bancs rouge. rouge comme dante. une expérience commence, c'est l'expérience du tout début, le regard ouvert dans le futur. puis viennent les relais des créateurs, des personnalités nouvelles interviennent, autant d'étrangères qu'au début qui désirent marcher ensemble un peu plus loin vers une fin plus proche. on recommence. on reprend. on redit. on n'est plus au début. on y est maintenant ! comment continuer ? où aller ? l'énergie du début a crée une direction. maintenant qu'on y est, il faut la créer, la développer, il faut oser le dante. il faut le faire. tous. et ensemble.

Traversée en 699 mots...

La white box est repeinte.

Le collectif3 y entre avec toutes ses affaires.

Pascal Rambert, Denis Schuler, Jocelyne Rudagasiwa, Sandra Amodio passent.

Dominique Falquet entraîne chaque lundi matin au saolin kung-fu.

Michèle Pralong et Manon Pulver mettent en place des discussions sur le processus de travail.

Cindy Van Acker et Sandra Piretti proposent 2 heures de Yoga chaque jeudi.

Maya Bösch travaille les Chants de l’Enfer, approche l’espace de la white box, développe des règles de jeu pour des premières improvisations, crée des paysages de parole et d’action.

Michèle Pralong convoque Pasolini.

Maya Bösch Sade.

Marco Berettini Sloterdijk.

Manon Pulver initie l’entonnoir, une perfo avant les présentations publiques du DANTE ALL STARS.

Pulver développe également le blog.

Dorothea Schürch travaille la voix, la respiration, le corps vocal et fait des mises en espace sonores.

Schürch dessine et fait dessiner le collectif3 sur les exercices au cours.

Schürch fait la scie lors de l’entonnoir avec Manon Pulver et tape sur le clavier pour faire signe au collectif3 de changer la règle de jeu.

Maya Bösch propose des habits de travail pour le collectif3 ; pantalon gris et chaussures Nike.

Regis Golay passe et propose de mettre le collectif3 en training rouge.

Noël s’approche.

Le collectif3 apprend, s’exerce, s’adapte, expérimente, s’invente, compose, se questionne, se révolte, se perd et se retrouve.

Marco Berettini, Josef Szeiler, Dorothea Schürch, Gilles Tschudi passent.

Golay les amène à l’imprimerie et fait la première photo du collectif3 publié dans le Courrier du 2 novembre 08.

Josef Szeiler ouvre un chantier d’improvisation et transforme le Grütli.

Rambert propose aux acteurs de travailler à partir de février, nus et dans les deux espaces, white et black. Il cherche pour ce travail des participants, professionnels et volontaires en plus du collectif3.

Le collectif3 apprend, s’exerce, s’adapte, expérimente, s’invente, compose, se questionne, se révolte, se perd et se retrouve.

Szeiler fait construire des bancs rouges pour les lecteurs-citoyens d’un Chant de Dante qui sont lus avant chaque représentation au GRÜ.

Sylvie Kleiber vient, regarde et écoute le travail, note et réfléchit à L’Enfer Dante.

Pralong travaille avec Bösch, Bösch avec Schürch et Szeiler, Pralong avec Pulver, etc...
Des bancs rouges sur 3 étages, sur toute la verticalité.

Les lectures des Chants de l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis pour toute la Maison des Arts et pendant toute la saison.

Toute l’équipe y passe pour lire.

Szeiler fait construire des panneaux rouges dans le couloir de la white box et le collectif3 y écrit les Chants de l’Enfer.

Adriana Caso-Sarabini filme; elle filme tout ; elle monte le tout.


Bernard Schlurick continue à brasser son Observatoire Dramaturgique ouvert à tout le monde les lundis à midi et réserve une intime heure de Danthologie au collectif3.

Gilles Tschudi travaille l’Enfer autour de la lune noire et fait deux nuits blanches en impro avec le collectif3.

Le GRÜ cherche des lecteurs pour les Chants de Dante sur les bancs rouges.
Jean Michel Broillet installe des vestiaires dans le couloir de la white box pour les affaires du collectif3.

Roberto Degrassi passe régulièrement pour éclairer le politique dans l’affaire de Dante.

Madame Luciana chante sur les bancs rouges.

Kleiber va poser du papier kraft. Partout.

Lors de la nuit blanche avec Tschudi, Barbara Baker se lance dans une écriture automatique en temps réel et défie ainsi la production poétique de la maison.

Marco Berettini fait un soap de l’Enfer sur des personnages choisis par le collectif3 ; il convoque Riefenstahl, Eisenhower, Macchiavelli, Harding, Björk etc…

Fred Jacot-Guillarmod tombe malade.

Gaël Kalimindi tombe malade.

Michèle Gurtner tombe malade.

Roberto Garieri perd sa voix.

Michèle Pralong se fait piéger par le collectif3 qui met en scène une situation d’imposture sur la colère.

Sandra Amodio et Brice Catherin travaillent sur la colère, la spirale, le chant 7 et 8, et sur les sonorités du texte.

Parfois on aboie. Parfois on chie.

Le collectif3 prend et apprend, s’exerce, s’adapte, expérimente, s’invente, compose, se questionne, se révolte, se perd et se retrouve.

Manon Pulver parle du Harakiri lors de son entonnoir.

Fin novembre, Manon Pulver quitte le projet.

Tous les jours.

Tous ensemble.

Tous les jours ouverts au public.

On écrit Dante.

Le GRÜ passe en l’Enfer.


Maya Bösch

Joyeux Enfers