lundi 14 janvier 2008

Cadavre exquis sur Dante

début décembre 07

mb: on a dit qu'on ferait de dante, un star. on a dit qu'on projetterait une étoile lointaine dans ce paysage théâtrale, une étoile qui brille jusqu'au noir obscure.
le projet DANTE est lancé et nous sommes aujourd'hui au milieu d'un chantier : parmi des textes de dante, pasolini, sloterdjik, heidegger, parmi des images de greenway, de godard, d'adriana, de golay, de pesce, de doré et de botticelli. Et les situations pêchent : autant de travail sur le choeur, sur le corps, l'espace et la voix. autant d'improvisations qui cherchent le défi de l'invention. autant de noms pour commettre un crime : représenter l'enfer dans sa totalité, 33 chants +1, portés par le collectif 3 en automne, hiver, printemps et jusqu'aux représentations finales et publiques d'un mois. pas un journaliste qui s'intéresse. pas un mot qui se dit là dessus. le processus artistique ne peut guère vaincre la machine infernale de la production publicitaire et du ragot populaire. Au milieu du chemin de notre vie / je me retrouvais au milieu d'une foret car la voie droite était perdue...

mp:. ce ne sont pourtant pas les ragots qui manquent. Avec les mains baladeuses de B. en répétitions et le teint olivâtre façon camé de Dante. Non, ce qui manque, c'est de faire résonner non seulement la puissance poétique de ce projet, mais aussi sa force politique. parce qu'il s'agit de repenser "l'en-commun" du travail scénique, de réviser les protocoles de production : le vedettariat de la mise en scène, la culture de l'effet ou de la trouvaille scéniques, le mercenariat des comédiens, une certaine précipitation de la réalisation,... Et puis parce que Dante est un écrivain politique, en révolte contre son époque, contre les travers de son époque qui annoncent le capitalisme. En Enfer, de toute façon, tout procède par la gauche. A sinistra. Sinistre.

mb : gauche ou droite ? où commencer? avec dante ou beatrice ? dans la forêt ou la boue. main droite sur son sein, main gauche sur son sexe. premier chant : nel mezzo di camin de nostra vita, mi ritrovai nelle foresta obscurra..... on se perd, on se perd, à gauche et à droite. mais jamais au centre. nous sommes nombreux. entre collectif3, créateurs invités, philosophes, entraîneurs, équipe GRü. nous rôdons autour, chacun à sa manière, chacun à son rythmé. complémentaire ? choix de l'aventure pour la ré-volution du RE-: l'extraordinaire poéte florentin du 14ème siècle ou l'impossible représentation. dante nous donne rv. dante nous lie, nous fait travailler ensemble, il nous oblige à nous confronter, l'un à l'autre. ré-volutionner nous mêmes, nos structures matérielles, mentales, psychologiques, émotionnelles. qui passe par qui ? nous par dante ou dante par nous? match d'envergure : machine dante contre machine théâtre. à gauche. contre la montre.

mp : machine Dante contre machine théâtre. La confrontation semble aller de soi puisque les projets scéniques Enfer ou Paradis se multiplient. Emio Grecco, Roméo Castellucci. Alexis Forestier. Air du temps. Fonds noir de la tasse. Etonnant que, contrairement à Beckett qui ne voyait de l'intérêt que dans le Purgatoire, peu de théâtreux s'arrêtent à ce lieu de passage. Nous, c'est la géométrie, les cris, la nuit, les désespérances et les évanouissements de l'Enfer qui nous retiennent. Pourtant, davantage encore que l'Enfer, c'est lecollectif3 llisant l'Enfer qui est au coeur de la question. Pas la représentation, mais l'impossible de cette représentation? Suivant ainsi Duras quand elle dit: "Ecrire, c'est essayer de savoir ce qu'on écrirait si on écrivait." Penser en chemin, trouver en faisant, partir en compagnie de Dante et Virgile sans savoir quel théâtre est au fond de l'entonnoir, par signé et comment manigancé: voilà le pari.

le pari comme suivant : le collectif3 commence par un travail sur la voix et la résonance, par un travail de langue et d'apprentissage de texte, par un travail d'improvisation. jouissance au commencement ! jouissance à cause des rencontres multiples: dante, moi, l'autre, ensemble, homme, femme, collectif, théâtre, white, rencontre avec le travail, le travail tous les jours, l'artistique toutes les heures, rencontre avec les approches artistiques proposées, avec les entraînements qui ouvrent la journée de travail, avec les espaces et lumières à pénétrer. au seuil d'une aventure incertaine, on ne se pose pas beaucoup de question, on fonce, on ne se pose pas trop de question puisque tout est nouveau. première présentation publique attire une foule de gens. le texte de dante résonne dans la cage d'escalier de la maison des arts, le spectateur marche, l'acteur marche en transportant du son depuis la white box jusqu'au sous-sol, là aussi le spectateur est assis sur les bancs rouge. rouge comme dante. une expérience commence, c'est l'expérience du tout début, le regard ouvert dans le futur. puis viennent les relais des créateurs, des personnalités nouvelles interviennent, autant d'étrangères qu'au début qui désirent marcher ensemble un peu plus loin vers une fin plus proche. on recommence. on reprend. on redit. on n'est plus au début. on y est maintenant ! comment continuer ? où aller ? l'énergie du début a crée une direction. maintenant qu'on y est, il faut la créer, la développer, il faut oser le dante. il faut le faire. tous. et ensemble.

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