mardi 20 novembre 2007

Une respiration

Le collectif3 prend une petite semaine de repos avant de s'enfoncer plus avant dans l'Enfer, et de s'embourber dans les eaux marécageuses du Styx, le deuxième fleuve de l'Enfer, qui marque la limite entre le Haut Enfer et le Bas Enfer.
Dans le Haut Enfer, les damnés ont certes péché et ignoré Dieu, mais ils ont surtout agi contre eux-mêmes. luxurieux du 2éme cercle, gourmands du 3ème, avares et prodigues du 4ème, ils se sont perdus dans de fausses passions. Avec les coléreux du 5ème cercle, on entre lentement dans le bas Enfer, où les damnés ont de surcroît beaucoup nui à autrui. Le mal prend de l'ampleur, les supplices empirent, la souffrance augmente, et la peur de Dante ne fait que croître dans son cheminement vers les abysses...

Dès lundi prochain et jusqu'au 15 décembre, le labo reçoit la metteure en scène Sandra Amodio, qui entraînera les laborantins dans les boues coléreuses du 5 ème cercle, avec à ses côtés Brice Catherin, musicien, compositeur et membre du collectif3.

GRANDE FIGLIO DI PUTTANA! 14 et 15 décembre à 19h au white box, les portes s'ouvrent sur une nouvelle étape de travail.

"Qui è l'intrata." ( Voici l'entrée. Enfer, Chant VIII, vers 81)

lundi 19 novembre 2007

Al Dante

vendredi 16 novembre 2007

cocktail Berrettini

Si la consultation de vos journaux du jour vous a mis le doute, et qu'un heureux réflexe de bloggeur dantesque vous a conduit ici, sachez que c'est bien ce soir vendredi 16 et demain samedi 17 novembre à 19h que le collectif3 ouvre ses portes sur ses trois semaines passées avec le chorégraphe Marco Berrettini.

Dans le mixer: le chant VII de l'Enfer, Règles pour un parc humain de Peter Sloterdijk, et quelques improbables émanations de Léni Riefenstahl, Eisenhower, T.Harding, Machiavel, etc...

Tchin-Tchin.

jeudi 8 novembre 2007

Texte à pile (réponse)

Très cher Brice,

Tout d’abord, pardonne-moi d’avoir mis autant de temps à te répondre, ce n’était en aucun cas de la mauvaise volonté. En posant ces questions pertinentes, tu as soulevé deux ou trois pierres et comme l’une d’entre-elles cachait un scorpion, ceci a eu pour effet de me faire sursauter. Je me suis remis de ma frayeur et je peux (enfin) écrire.

Je tiens à préciser que les réflexions qui suivent sont purement subjectives.

Pour replacer le contexte, l’initiation du débat suscité par l’hypothèse d’une éventuelle mise en scène de l’intégralité du texte.

Lors d’une impro , Manon s’est écriée : « Mais où est la poésie ? »

L’idée de la lecture comme ambition de travail n’est pas satisfaisante car jusqu’à maintenant, je ne pense pas que le cadre d’une lecture seule du texte « tel quel » permette de faire apparaître le caractère poétique et politique, mais risque plutôt de nous faire sentir impuissant face à son volume et à sa complexité. Dans le fond je n'en sais rien de comment il faut monter ce poème de Dante, par contre au risque de paraître totalement réac, je peux dire qu'il me semble intéressant pour notre époque, de chercher à réunir des  spécialistes de la question, des gens du spectacle, des éventuels curieux, des femmes au foyer, des djeunz et des vieux, autour de cette matière, durant le temps d'un spectacle. C'est un peu le rêve de voir la représentation comme une réunion d'amis qui n'ont pas nécessairement besoin d'être toujours d'accord, afin de voir si il est possible en 2007 de rêver ensemble ce que peux bien être la source du mal tapi dans chacun de nous et bien sûr de son contraire. Nos société laïque, d'origine judéo-chrétienne, voient, impuissante, la monté inquiétante du manichéisme, du fanatisme et autre forme de simplification de l'exercice de penser. Ces signes sont à eu seul des moteurs prodigieux pour l'action théâtrale. De nature foncièrement pessimiste, j'ai besoin d'être rassuré par l'éventuelle possibilité qu'au travers de ce voyage de plusieurs mois puisse se profiler un message d'espoir.   

Il est à mes yeux très important de pouvoir rendre palpable la tension d’un être tourné vers un au-delà ou un idéal.  L’exercice de la lecture jusqu’à maintenant c’est un peu se couper l’herbe sous les pieds, ça peut s’avérer très frustrant : ne pas comprendre quelque chose qui serait présenté comme compréhensible, je ne vois pas le but.

Par contre donner à voir et à entendre, quelque chose qui est tendu dans une direction, tourné vers quelque chose, voici qui me semble plus intéressant. En tant que spectateur peut importe si je ne comprends pas le texte, j’accepte la situation a condition de sentir que le spectacle est un processus, une mise en place de quelque chose qui est tendu vers. La question c’est : Qu’est-ce qui est tendu vers quoi ?
Je ne sais pas encore dire avec précision vers quoi se tends ce dispositif,  mais je l'imagine tendu vers quelque chose d’impossible, d’utopique. Le monde des Schtroumpf tendu vers une société sans classe, l’idée de l’aveuglement des masses tendu vers un concept de lunette qui déshabille ou je ne sais pas moi, le jeu du Monopoly tendu vers un monde sans horloges.

Dante tendu vers Béatrice. Un vivant tendu vers une morte. Il bande. Il ne peut pas y avoir de coït. Aucun enfant ne peut naître de cet accouplement post-mortem. Peut-être que la vision amoureuse du texte est une conception purement mucho-macho et nécrophile, je n'en sais rien. Un texte érigé en direction du ciel, totémique, un truc de mecs.

Parenthèse: Virgile et Dante en enfer, chauds comme la braise

Dante : « Je ne sais pas ce que j’ai, je me sens seul et déprimé. »
Virgile : « Viens faire un tour avec moi, je connais un club sm, ça s'appelle l'Enfer. Ceci devrait te réveiller les sens, engourdi par trop de masturbation et de rancoeur. Là-bas,  je vais te montrer la taille de ma pensée… »
Dante : « Oh Virgile tu as eu une trop bonne idée. Comme dirait la panthère, je reprend du poil de la bête : fuck le pape ! vive l’amour ! »
Virgile : « Le pape vit, Béatrice est morte, happy end : c’est une comédie ! »

Poétique
Sans vouloir citer Aristote, je ne pense pas que tout texte est poétique, mais celui de Dante l’est indéniablement, à mes oreilles. Il ne l’est pas seulement parce qu’il rime.
Je pars du principe (peut-être que je me trompe) qu’un texte versifié est un texte codé pour être dit. En l’occurrence le code est très simple : le vers donne le rythme, il organise le souffle. Je ne veux pas dire par là que c’est uniquement la métrique qui fait la poésie, la poésie de Dante existe au-delà de cette définition, les traductions nous le prouvent : celles qui ne respectent pas le mètre ne sont pas forcément moins poétique. Voici pourquoi je dis que le texte est une partition, il organise l’univers de Dante et avant tout lui permet d’exister en tant que devenir-poésie, et de là devenir-autre chose comme par exemple devenir-théâtral. Si l’on prétend travailler sur la « Divine Comédie » avant d’écarter l’hypothèse après cinq semaines (seulement), que ce texte puisse être dit dans l’intégralité, il faudra me convaincre qu’il ne puisse pas l’être. J’ai et j’aurais toujours l’impression de n’avoir pas ma place au sein du collectif si je n’arrivais pas à partager cette idée et de la rendre digne d’intérêt, au moins comme base de travail. Je ne veux pas dire par là que tout le travail devrait absolument être tourné sur comment dire ce texte (en tant qu’option définitive et inébranlable), mais à l’inverse qu’une chance soit laissée à ce texte de (peut-être) pouvoir être dit et entendu. Ceci n’a rien à voir avec une peur et une bouée de sauvetage, ceci a plutôt un rapport avec la responsabilité en tant que comédien d’être le passeur(Charon) d’un message venant de loin et d’ailleurs (l’Enfer-1300-Dante). Car à ce stade s’il faut choisir entre l’avarice et la prodigalité, j’opte pour la deuxième proposition et redouble mon envie « de me jeter dans la plus grosse flamme », comme dirait notre maître de Kung-fu.

adaptation

Je n’ai rien contre l’idée d’une adaptation mais pour le coup, si tu voulais me donner une idée de ce que l’on peut faire dans la matière tu aurais pu choisir un autre exemple que celui que tu as choisi dans ton message. Car ce que tu proposais concernant l’adaptation de « Ainsi parlait Zarathoustra » par Strauss, je ne vois pas où tu veux en venir, car si je me souviens bien, les nazis ont tout de même bien réussi par un processus de simplification plutôt navrant, à adapter la pensée de Nietzsche dans leur sens et que triste est de constater que Strauss qui plus tard allait devenir le président de la Reichmusikkamer n’allait en tout cas (apparemment )pas les contredire. À ce stade le «ainsi parlait Zarathoustra » de Strauss pourrait tout à fait s’appeler « 2001 l’odyssée de l’espace » qu’on y verrait que du feu.

L’adaptation est un facteur de l’évolution des espèces, soulevé par Darwin.

Comme tu le soulignes très justement Dante n’écrit pas une à proprement parler un texte théâtral. Intégralité ou pas, l’Enfer sera une adaptation. Et comme nous sommes un collectif ce sera donc une adaptation collective.

Lettres adressées à des amis

Voici que je peux reformuler mon utopie, ma question est là : est-ce que Dante en tant qu’écrivain (non pas juste individu) traversant cet espace clos qu’est l’Enfer en route pour cet espace infini qu’est le paradis, ne pourrais pas être mis en parallèle, certe de manière maladroite, avec l’émancipation d’un être scénique (comédien, danseur, musicien) en tant qu’acteur de sa propre pensée (comédien-penseur, danseur-penseur, musicien-penseur) rejoignant un groupe d’amis et de semblables(collectif)?

Le théâtre comme lieu réunissant toute la cité sur des interrogations concernant la cité, la scène comme lieu de conception de l'exercice de la pensée comme action collective, voici l'utopie.
 
Je ne sais pas ce que tu en penses, mais j'ai l'impression que nos esprits sont tellement saturé d'images et d'information et que monter sur scène signifie avant tout se soumettre au diktat de l'efficacité, une efficacité du luxe. Le théâtre est devenu un lieu inutile, et c'est cette inutilité qui le rend poétique. J' ai l'impression que le texte de Dante et le geste théâtral ont ceci en commun qu'il semblent sortit d'une autre époque. Une adaptation en langage sms éclaircirait-elle notre société sur la babelisation du monde?  Dans la fournaise de la société de communication, communiquer a-t'il encore un sens en dehors de critère d'efficacité? 

L'être collectif et le temps

A la question concernant l’importance du sens que cela peut avoir de savoir quelle est ton utilité en tant que musicien dans un travail sur le texte, je peux te dire que je me pose la même question de savoir quelle est ma place en tant que comédien sur le non-travail du texte. Dans l'absolu je ne pense pas que le texte au théâtre est absolument indispensable. J’ai participé à des projets de théâtre sans texte, de théâtre avec des textes écrits par les acteurs, des projets de théâtre d’auteurs classiques et contemporains . Tu dois sûrement être d’accord qu’à chaque spectacle, une nouvelle problématique, dictée par les enjeux artistiques et leur réception par le public, le temps de répétition, le nombre de personne impliquée dans le projet et toutes sortes d’autre contingence plus ou moins triviale. Dans ce projet, je crois qu'un travail sur le texte est important, parce que travailler ce texte, c'est résiter à la dictature de la mode,  du cool et de l'humanisme branché. Ce texte n'est pas facile, il nous interroge constamment ne nous laissant pas de répit, autant dans notre rapport à nous-même, que notre rapport au monde. Mais plus que ça, dans ce projet précis je pense que la question n’est pas de débattre sur le fait de savoir si pour moi ce texte est central ou si pour toi il est périphérique. Mais plutôt de trouver comment les apparentes contradictions peuvent trouver un langage d’échange. Nous avons maintenant amorcé un terrain de réflexion autour de la problématique de la scène. Nous réussissons à dialoguer, c’est déjà ça.

Nous sommes face à plusieurs problèmes, qui peuvent devenir des enjeux pour la suite:
-. Nous éprouvons de la difficulté de trouver un espace de travail en commun autonome (sans impulsion extérieure).
-. Comment concilier le courant pro-texte de Dante et le courant anti-texte, sans déboucher sur un consensus, mais plutôt sur une complémentarité.
-. remettre en question la conception de temporalité du geste théâtral et ce qu'il implique.
-. s'interroger sur: qu'est ce que la poésie.

Voilà, mon cher Brice,
à demain

vendredi 2 novembre 2007

l'automatique (frag) ment, par barbara baker

Le comédien et metteur en scène Gilles Tschudi est venu travailler une petite semaine avec le collectif3 du 22 au 27 octobre. Un travail d'improvisations personnelles qui devait se terminer sur deux nuits entières de recherche. Une seule aura lieu finalement, le second soir se terminera vers 23h, tout en douceur, sur des chants. Cette nuit là donc,  recherche sur l'obscur - lune noire, nuit noire, inconscient, à l'image de l'inconscience dans laquelle tombe Dante à la fin du chant - et recherche parfois obscure pour ceux qui sont venus partager un peu de veille au deuxième étage du Grütli. Une expérience étrange et sujette à controverse au sein du collectif3, avec d'indéniables moments de grâce: ainsi celui-ci, où Barbara proféra un texte qu'elle avait écrit, sur un mode quasi automatique, au fil des heures. Ceux qui étaient là en parlèrent les jours suivants. Ce texte restituait au plus près l'état de l'étage tel qu'il vibrait aux petites heures de l'aube. A la demande de le faire figurer sur le blog et tout en sachant que du dire instantané au lire différé il y a bien sûr déperdition, elle a répondu d'accord. Le voici.

Nuit du 26 au 27 octobre.

Cercle des luxurieux.

La contrainte que je me suis fixée : écriture automatique, écoute de tout ce qui a lieu dans l’espace où nous improvisons, le texte de Dante.

Sans ponctuation, reponctué pour le blog.

 

susciter  le désir

 apprendre de l’autre

 bégayer

 je t’aime

 o dio rispondi

 écrire ce qui passe par la tête en relation avec Dante tout ce bruit ici quel enfer si on veut d’abord je chanterai la louange de celui qui vint ici  en un lieu où la lumière se tait  tu entends le bruit des bottes les marches au pas tu les entends les tam-tams je mangerais bien un yogourt du milieu de la nuit de notre vie de nos vies rassemblées erzähle mir! erzähle mir! et voilà la musique quand la musique le bruit commence les couleurs se brouillent à peine encore de quoi te foutre la main au cul et depuis le bord de l’abîme il y en a un qui se jette sur les arbres de douleur où se font entendre les premiers pleurs de ma poésie à deux balles du samedi soir on est vendredi et on en revient au réel give me! give me! j’ai déjà donné j’ai pas cent balles du samedi soir j’ai déjà dit ô Paris sur la pente de l’éboulis de mes deux guides à travers plages et quadrature du cercle le carré de ta tête au carré sur les genoux de l’oncle de la sœur du père de la fille de la mère du plomb dans l’aile comme un vol de journal du voleur c’est qui ce vieux? ce vieux ?!! Jean Genêt! Jean Genêt un tombeau pour Anatole Mallarmé mal armé, Achille? Achille Ulysse la Grèce celle de mes cuisses tu veux visiter? a pris  a pas pu y peut plus a pas chu est pêchu eppe! appache apatatra à la la sur le dos vivant de kirikou je triche du corps de la suite des exacts événements ça boume tu veux un morceau de moi une pisse de moi a peace of me waouw c’est super dit-elle boum boum boum chant V hourra fuite en silence gorge les gorges vomir j’ai envie de vomir fiel bile te fais pas de bile mais tout le monde s’en fout s’enfouit s’enfuit s’en fut sans fut en chemise sans pantalon mon pantalon sent le gris CHANT DES PETITES HEURES : LE MATIN TU T’EVEILLES/ C’EST PLUS MOCHE QUE LA VEILLE/ TU FRISSONES TU AS FROID/ TU TE TIRES DE CHEZ TOI au milieu du chemin de notre vie/ je me retrouvai par une forêt obscure/ car la voie droite était perdue Sémiramis Didon Cléopâtre Hélène ont la même conception de la luxure la raison est soumise aux désirs 200 000 morts pour une femme désirante 200 000 petites morts pour une femme désirante TU VEUX OU TU VEUX PAS ? SI TU VEUX… la tyrannie de toutes les facultés par une seule Lucie Lucie Véronique Gilles Jeanne Gael Fred Brice Dominique Michèle Michèle Manon Bernard où est passé le chien? Adriana Barbara Dante Virgile Minos Sémiramis Francesca Francesca Francesca cesca sca aca faire aca partout comme les australiens y a qu’à yucca  ici commencent à se faire entendre les notes douloureuses Roberto Laurent un homme au cheveux long tip tip tip tu le sais ton texte? extirpé sorti de tes tripes de ta course de ton souffle de tes pores de ton corps de tes coups de tes couilles de ta bouche de ta gueule de ta gueule ta gueule! ta gueule! pourquoi cries-tu ainsi lui dit mon guide Minos horriblement horriblement de de de  comme les étourneaux sifflent j’efface j’ai face rouge fut qui combattit à la fin qui baise sa femme vous vous autorisez et je devins comme égaré plus près de nous parce que lui-même il a dû le faire et pas chanter ô créature gracieuse et bienveillante on à le droit l’œil nous si cette personne donc les aveugles ne peuvent tomber amoureux alors maintenant il essaye de se repentir dévotion  observance des lois divines l’enfer commence par la condamnation de son propre péché comment permit amour blablabla j’étais Hamlet aucune valeur ne doit égarer la raison quand nous vîmes le rire désiré être baisé par tel amant/ celui-ci qui jamais plus ne sera loin de moi  et de Dieu on en a rien à Cara elle a pas les  moyen de comprendre tap tap tap putain! Dieu a fait plusieurs choses mais peut-être que Dieu quelle Cléôpatre ha !ha !ha ! silence je fléchis TON CORPS EST COMME UN VASE CLOS/ J’Y PERCOIS PARFOIS UNE JARRE/ COMME UN POISSON AU FOND DE L’EAU ( ?) / ET QUI ATTENDS UN NAGEUR RARE  de mémoire Léo Ferré LA DOUDOU/ ELLE S’EN FOUT/ AU MOIS D’AOÛT/ ELLE MET LES BOUTS de mémoire pas Léo Ferré y vont s’arrêter y vont s’arrêter pourquoi je cours Francesca et son ex à la Caïne et Malatesta malpensa et Milano Malpensa et le retour en avion à hélices son nom Luigi Pirandello et la climatisation ne marche plus buvons on va tous crever dit l’hôtesse authentique! allez chéri je t’embrasse avant la mort l’avion part en vrille dans le même cercle à tout de suite en enfer et mais regarde Didon dis donc c’est pas Didon elle est née  où est née… est née… elle est bien bonne celle-là ça c’est Enée qui le disait forcé à quitter forcé à quitter Oui, je pars, Fritz. (…) Je ne te l’ai pas dit que je voulais partir, que je voulais partir depuis longtemps, parce que je ne peux pas te parler quand je te regarde, Fritz.  aaaaaaaaah quitter kit mains libres ballades les mains baladeuses pelotage pelote laine j’ai froid froid froid y a le film sur l’ordinateur de G.T. qui dit yeah ! en voilà un vraiment satisfait con fesse un cri ! moins d’espace et plus de cris … enclôt moins d’espace/ mais douleur plus poignante et plus de cris  je tourne en rond c’est normal on est dans des cercles je me mords la queue c’est normal t’as pas encore pigé le deuxième cercle le deuxième cercle le deuxième cercle je descendis ainsi du premier cercle/ dans le second qui enclôt moins d’espace/ …  et plus de cris/ elles parlent, entendent et tombent / vois comme tu entres et à qui tu te fies  tu fais la secrétaire ou quoi? ou quoi? quoui couac quoi que par vents contraires  la terre d’ou je viens / et la manière me touche encore  me touche au corps bons appétits maître, qui sont ceux-là qui sont châtiés par l’air noir? elle est Sémiramis Didon Cléopâtre Hélène Achille Pâris Tristan plus de 1000 quoi d’neuf docteur je commencai je commençai forcé à quitter sa sent la fin et je tombai comme un corps mort comme! pas encore mort et la manière me touche encore / amour me prit si fort de la douceur de celui-ci /  la Caïne attend celui qui nous tua piano concerto Hélas! que de douces pensées je me retournai vers eux à quel signe la mort du cygne le chant du cygne chant cinquième racine première de notre amour plusieurs fois la lecture un seul point ce qui nous vainquit lorsque nous vîmes le rire désiré être baisé par tel amant un seul point le point G le point je le point je comme si je mourrais comme tombe un corps mort comme ! come ! viens! viens! viens!  et je vins en un lieu où la lumière n’est plus Liszt pareil ça c’est ma préférée qui vient mon guide descendit dans la barque  les flots eau morte fange avant le temps et je crains de m’être levée trop tard  après qu’elle alors il tendit ses deux mains vers la barque / baisa mon visage et me dit … / … comme porcs dans l’ordure comme! sus! comme ça se prononce comme! la cité désolée sortez, voici l’entrée! secret viens seul qu’il s’en aille! pense lecteur! plus de sept fois cette fois j’arrête si! si! je ne te laisserai pas dans le monde d’en bas les yeux à terre / qui m’interdit les tristes demeures Liszt sans serrures sur elle les lettres de mort quelqu’un par qui la ville sera ouverte Liszt préféré  ici commencent les notes douloureuses à se faire entendre / va t’en d’ici avec les autres chiens … je voudrais tant/ le voir plongé dans le bouillon il est onze heures sus! comme ça se prononce comme! avec les dents je vous aime  notre musique voix propre qu’il veut faire entendre voix propre c’est quoi dégueulasse chaque voix  comme si Dante devait redescendre aux  Enfers…  je me suis endormie sur le clavier pas du piano de mon Mac moi sa putain il me force à quitter je mangerais bien une pomme un fruit c’est pas défendu pas Eve, Lilith tout ça pour placer la lune noire c’est pas vrai! le ver est dans le fruit une topographie de l’Enfer 23h05 entre les deux parties de Godot il y a la nuit sea sex and sun quand on a pas parlé depuis longtemps on sait plus comment l’ouvrir jazz il y avait ce type dont la sonnerie du portable était le cri de Tarzan fugue Azucena j’ai une ford scorpio automatique l’automatique ment stop 23h14 à suivre chant V CINQ HEURES DU MAT J’AI DES FRISSONS/ JE CLAQUE DES DENTS ET JE MONTE LE SON  I’LL NEVER LIVE YOU  la femme debout se frotte à la chiffonette  Lucie ennemie de toute cruauté Lucie ennemie de toute cruauté se mit en chemin et vint là où… /… sur la douce montagne  mais qui comprendra personne jamais ne fut plus prompt/ à faire son bien et à fuir son dommage dommage!  stop stop stop il faut savoir s’arrêter tu t’éloignes l’automate hic! ment 23h30 ça avance pas vite mais l’énergie remonte Lucie E.    ennemie de toute cruauté se mit en chemin/ et vint là où j’étais… danse bras bras et toi tu t’appelles comment ? Fabio. Ah .  et ce connaisseur de péchés/ voit quel lieu leur convient dans l’enfer/ de sa queue il s’entoure autant de fois/ qu’il veut que de degrés l’âme descende  et je vins en un lieu où la lumière se tait / nous dont le sang teignit la terre/ la terre où je suis née … je vois plus rien qui a éteint? que personne ne sorte !  vous qui entrez laissez toute espérance  chant cinquième racine première de notre amour plusieurs fois la lecture nous fit lever les yeux/ et décolora nos visages  23h49 ouh ouh ouh ouh ouh ouh

 Re-prise prise de H huitième lettre de l’alphabet musique mehr licht! j’y vois vraiment plus rien et je vins en un lieu où la lumière se tait  dois accomplir quelque chose seule. Entre Godot il y a la nuit. Entre mes cuisses il y a le chant V. 00h16 après une courte pause après une courte pause tentative hypothèse Dante est dépressif  il a besoin d’une ballade en forêt stop qui lit par dessus mon épaule? Manon, ma si ! comme ça s’écrit comme ! rien rien je pense rien piano grave bruit de bouches dents retour au chant aux champs faucher la grande faucheuse hors sujet !00h23 00h34  si fort fût mon cri affectueux / si forte fu l’affetuoso grido  plage musicale mon ami vrai et non ami de la fortune/ est empêché si fort sur la plage déserte/ que la peur le fait s’en retourner/ et j’ai peur qu’il ne soit déjà si égaré/que je ne me soie levée trop tard à son appel 

  4h14 forcé à quitter: tout perdu ce qui a été écrit depuis 3h....

lundi 29 octobre 2007

On peut toujours discuter - 2

De : Brice Catherin
A : Fred Jaccod-Guillarmod


Salut mon Jaccod,

Alors pour toi, je n’ai que quelques questions. Mais si je te les pose, ce n’est non pas parce que j’en ai une réponse qui serait différente de la tienne, mais parce que je n’en ai, réellement, aucune. J’ignore si les tiennes me conviendront, mais au moins elles nous permettront de poser sur la table quelques-unes de nos préoccupations respectives.

Tu me dis : « le théâtre, c’est le texte ». Je pense à Optimistic Versus Pessimistic de Oskar Gomez Mata, et à la scène finale et jubilatoire lors de laquelle, armé d’un gigantesque maillet, Oskar démolie une pile de meubles sans un mot, mais avec son célèbre sourire goguenard en coin. C’est un moment extrêmement touchant, pour moi un des meilleurs souvenirs de cette pièce. Question : en quoi la démolition de ses meubles est-elle l’exécution théâtrale d’un texte ? Ou alors, puisqu’il n’y a aucune texte à ce moment-là, Oskar sort-il du théâtre pour faire autre chose ? Quoi ? Et quand Rodrigo Garcia (désolé y’a que des Espagnols qui me passent par la tête juste maintenant) fait faire un concours de mangeage de spaghettis froids à ses comédiens, scène violente à l’extrême, et pleine de sens (car oui, je persiste, le sens n’a pas besoin du langage), en quoi s’agit-il là d’un texte ? Attention, je ne prétends pas qu’il ne s’agit pas d’un texte, je te pose, sincèrement et humblement (ça m’arrive) la question. Merci à toi de me répondre.

Je pose une autre question : si le texte est tellement important, pourquoi ne suffit-il pas de le lire ? Ma réponse (là par contre j’en ai une) est que le théâtre se justifie par ce qu’il apporte au texte. (Et il apporte un paquet de trucs, je pense qu’on est d’accord là-dessus.) Alors ma question, en toute naïveté est : tout ce que le théâtre apporte, pourquoi ne pourrait-il pas l’apporter à autre chose qu’à un texte ? Personnellement, je suis persuadé que c’est possible, et ai actuellement en cours d’écriture deux projets dans lesquels sera impliquée Delphine Rosay (comédienne et metteuse en scène) car elle et moi pensons qu’une partition peut produire du théâtre. (Enfin Delphine, je parle à ta place, arrête-moi si je me trompe.) Mais Delphine et moi sommes peut-être deux cons, ce qui expliquerait qu’on s’entende aussi bien. Bref, arrête-moi si je délire. Vraiment.

Le bisou et à demain,

Brice.

On peut toujours discuter - 1

De : Brice Catherin
A : Roberto Garieri

Salut ma petite caille dorée,

Comme j’ai un cerveau trop lent pour pouvoir discuter de vive voix de choses faisant appel à toute forme de réflexion intellectuelle, je pensais t’envoyer un émail, et puis constatant que notre discussion pourrait avoir un intérêt pour tout le collectif3, voire, pourquoi pas, pour toute personne aussi naïve que moi se posant des questions sur le théâtre, je décide carrément de le balancer sur ce blog en pâture à nos millions de lecteurs quotidiens.

Rappelons pour les autres et pour nous-même notre différend du jour : tu prétends que la Divine Comédie est une partition, moi, non. Si un désaccord ne me gêne pas forcément – et si c’en était un en ce qui nous concerne il ne me gênerait en l’occurrence pas – je suis par contre bien plus embêté par cette chose pénible qu’est l’incompréhension. Or, force est de constater que nous ne nous comprîmes pas. Je vais donc essayer de m’expliquer autrement, et t’invite ensuite à réagir à mon explication afin que je te comprenne à mon tour, pour autant que tu m’aies compris après ladite imminente explication.

De mon humble avis, en ce qui concerne la codification d’une œuvre vivante (théâtrale, musicale, chorégraphique ou autre), il me semble que deux sortes de codifications sont possibles :

1) Soit tu codifies, avec toutes les lacunes que cela suppose, le produit d’arrivée. C’est ce que fait une partition, qui n’est pas un produit fini (la partition n’a pas de raison d’être sans l’interprète) mais tente de codifier le plus précisément possible le produit fini par ledit interprète. C’est aussi le cas d’un texte théâtral au sens strict du terme (car on pourra m’objecter que tout texte est théâtral). Encore une fois, une codification exhaustive est tout simplement impossible, mais c’est pourtant la codification du produit final que tentent les susnommés supports.

2) Soit tu codifies le produit de départ de (ce qui va devenir) ta production finale. C’est-à-dire qu’entre le produit de départ (une idée, un concept, un texte philosophique…) et le produit d’arrivée a eu lieu tout un processus d’adaptation, de traduction, ou que sais-je encore, mais que ce produit de départ, s’il impose un thème, ou une direction au travail, n’en impose certainement pas son résultat final (comme tente de le faire, disais-je donc, la codification du produit final dont nous parlions au point 1 du présent exposé). Pour prendre un exemple peu ambigü (me semble-t-il), quand Richard Strauss fait du Ainsi parlait Zarathustra de Nietzsche un poème symphonique (sans chant, sans texte), il a pris un produit de départ qui est un texte de Nietzsche, et en a fait un produit d’arrivée dont la direction et le fond découlent du produit de départ, sans pour autant être sa formalisation stricte (quelle pourrait-elle être, d’ailleurs ?), et, pourtant, sans l’avoir trahi ! (Du moins de mon humble point de vue.)

Alors notre incompréhension mutuelle, je la soupçonne d’être là : où met-on Dante ? Pour moi c’est clair : Dante c’est un produit de départ, qu’il n’est pas question de trahir, mais qu’il n’est pas question non plus de prendre comme le code d’un produit fini (soit : un texte à livrer tel quel). Pour toi, cela semble être clair : la Divine Comédie est le code d’un produit d’arrivée et doit donc, et vu comme ça, comment pourrais-je te donner tord ?, être lu tel qu’il est.

Est-ce que j’ai bien compris ton raisonnement ?

Maintenant, je me pose toutefois des questions concernant la Divine Comédie comme codification de produit d’arrivée : on a lu ce texte, tous ensemble, plusieurs fois, et au début (même après la deuxième lecture), le taux de compréhension tournait entre un (pour moi) et quatre (pour toi et selon ta propre estimation) pour cent. Alors comment peut-on penser que de livrer ce texte tel quel à un éventuel auditoire le rendra pour ce dernier compréhensible ? Par quel miracle ledit auditoire comprendrait-il plus que quatre pour cent de ce texte lors d’une hypothétique lecture ? Est-il cent à vingt-cinq fois plus intelligent que nous ? Connaît-il déjà super bien ce texte ? (Alors pourquoi le lui lire ?) Bref, vu de cet angle, livrer le texte de la Divine Comédie « tel quel » me paraît carrément une absurdité. Mais je n’exclus pas la possibilité d’être un con et de ma gourer complètement.

Enfin, une dernière remarque, qui entre dans le plus pur domaine de la subjectivité, mais je te la livre quand même : je ne peux m’empêcher de penser que ce besoin viscéral de texte n’est pas autre chose qu’un besoin de bouée de sauvetage (crevée, d’ailleurs, à mon avis). Comme si le texte allait nous sauver, allait faire le boulot à notre place, ou que sais-je ? Je ne peux m’empêcher de penser que ce respect proche de la vénération pour le texte cache en réalité une peur bleue de se retrouver sans texte. Moi qui ai mis vingt-quatre ans à faire un son sans partition, je ne vais pas jeter la pierre, au contraire, cette peur ne m’a été que trop familière. Encore une fois, il ne s’agit là que d’une intuition, d’une remarque subjective, et il te suffira de me dire le contraire pour que je l’oublie.

Voilà, je te remercie d’avance de répondre à mes questions. Encore une fois je suis mal à l’aise avec l’incompréhension, a fortiori quand elle sous-entend que je suis un intrus et que je n’ai pas ma place là où je suis. Car si la mission du collectif3, fut-ce pour trois mois seulement, est de livrer un texte textuellement (la redondance est volontaire, hein, c’est bon), je ne vois pas ce qu’un musicien vient foutre là-dedans. Sincèrement. Bien que ce soit d’un réel intérêt, me semble-t-il, que je sois amené à lire, je doute que ma présence ne soit motivée que par cette seule lecture, sinon on aurait engagé des gens mieux placés. Bref, réponds, car on s’aime et on regarde ensemble dans la même direction, donc ça serait bien qu’on pige ce qu’on veut dire l’un et l’autre.

Gros bisou et à demain,

Brice.

lundi 22 octobre 2007

Parlez-vous grü?

Un des grands sujets de discussion et d'étude dans l'abord de la Comédie de Dante, a été et est encore la traduction. Entendu par là surtout la question du choix de la traduction de l'italien vers le français, de la perte occasionnée, de l'usage de la langue pour le travail etc... Pour la version française, Jacqueline Risset reste incontestée (si ce n'est parfois par Bernard Schlurick, mais la contestation étant sa partition, elle est surtout un heureux contrepoint critique). 

La version originale est toujours très présente et le sera toujours plus, notamment grâce à Sandra Amodio, qui travaillera avec le collectif en décembre et entraîne déjà les interprètes au maniement de la langue italienne, mais aussi avec la permanence de la "tapisserie dante", récitatif des chants en avant spectacle, auquel vous êtes cordialement invités à participer (voir site).

Ceci étant, le collectif3 a durant les 5 premières semaines travaillé essentiellement avec des germanophones plus ou moins bilingues, et cela a donné une coloration particulières aux échanges hors et dans le travail. 

Ces sonorités hybrides m'ont inspiré une idée de langue mixée, le "grü", dans laquelle le 1er chant de l'enfer ressemblerait à ceci: 


Erster Chant

 

Dem Höhepunkt du chemin de notre vie

je me retrouvai par ein dunkler Wald

car den Rechten Weg était perdu

Oh weh, erzählen ce qu’elle était est chose dure

cette forêt féroce, so dicht und dornig

qui ranime le Schreck dans la pensée

Elle est si bitter que Tod l’est à peine plus

doch um das Gute que j’y trouvai

zu zeigen, je dirai des andre choses que j’y ai vues.

Je ne sais nicht recht wie j’hinein geriet

Tant j’étais plein de Schlaf en ce point

où j’abkam weit von la voie vraie.

Als ich dann aber fus venu au pied d’un Hugel

où finissait cette vallée

qui m’avait das Herz bedrängt

je blicktais empor et je vis ses épaules

umhüllt déjà par les rayons de la planète

qui jedem seine Wanderpfade sichert.

Alors jetzt entspannte sich la peur un peu

die dans le lac du cœur m’avait duré

die ganze Nacht que je passai si plein de peine.

Et comme celui der nach Atem keuchend

sorti de la mer ans Ufer

zurückschaut vers l’eau périlleuse

ainsi wandte sich mon âme qui fuyait noch immer

pour regarder la Schlucht

qui ne laissa jamais keinen en vie.

Quand j’eus ein wenig reposé le müde Leib,

je repris mon chemin sur la plage déserte

und le pied ferme était toujours plus bas que l’autre.

Mais voici, gleich am steilen Anstieg,

une panthère, schlank und très agile,

que recouvrait ein buntgeflecktes Fell ;

elle ne bougeait pas devant mon visage

une même störte und hinderte meinen Aufstieg so,

das ich schon wankend wieder weichen wollte.

es war die Zeit où le matin commence

le soleil stieg samt allen jenen étoiles

die waren avec lui als am ersten Tag

l’amour divin bougea ces choses belles ;

si bien que j’avais guten Grund à espérer

de cette bête au gai pelage

l’heure du jour et la douce saison ;

mais non, musst ich gleich mich wieder fürchten

à la vue d’eines Löwen qui m’apparut.

Mir war als käm er contre moi,

la tête haute, so hungrig und so enragé

das on aurait cru voir die Luft vor ihm trembler.

Et une louve, qui paraissait so

voller Gier dans sa Magerkeit,

et qui fit vivre bien des gens dans la misère.

Der grauenvolle Ausdruck ihres Blickes

me fit sentir un tel accablement

que je perdis l’Hoffnung de la hauteur.

Et pareil à celui qui se plaît à gagner

mais dem zur Stunde des Verlustes dann

pleure et kläglich wird,

pareil me fit jenes ruhelose Tier

quand venant contre moi Schritt für Schritt

elle me repoussait zurückt ins Dunkel.

Tandis que je glissais so ins Tiefe,

une figure entstand vor meinen Augen

qu’un long silence avait toute affaiblie.

Quand je la vis dans le grand désert

« misere de moi » rief ich !

« Wehr du seist, Schatten ou homme certain! »

« Ich bin », sprach er, « kein Mensch, homme plutôt je fus,

et mes parents furent lombards

und beider Heimatstadt war Mantoue.

Je naquis noch sub julio

et vécus sous le grand Auguste, in Rom,

in der Zeit der Götter faux et menteurs.

Je fus Dichter, et je chantais le juste

fils d’Anchise, der zu uns von Troja kam,

nachdem l’orgueilleuse Illion verbrannt.

Mais toi, warum retournes-tu vers cette angoisse 

und nicht la douce montagne hinauf

qui est principe et cause d’echter Freude ? »

« Es-tu donc ce Vergilius, et cette source

qui répand so reich die Goldnen Worte ? »,

lui répondis-je avec gesenkter Stirn.

Ô Ruhm et lumière de tous les Dichter,

que m’aident den Fleiss und meine grosse Liebe,

qui m’ont fait chercher ton ouvrage.

Tu es mon Meister et mon auteur

Le seul où j’ai puisé die hohe Kunst

Du beau style qui m’a fait honneur.

Vois das Tier pour qui je me retourne ;

Aide-moi contre elle, berühmter, weiser Mann,

elle me fait trembler das Blut in allen Adern. »

Il te convient d’aller par un andrer Weg,

répondit-il, da er mich weinen sah,

si tu veux dich noch retten de cet endroit sauvage ;

car cette Wölfin, pour qui tu crie

ne laisse niemand passer par son chemin,

sie stellt den Menschen, et à la fin tötet sie ihn.

 Car elle a nature si bösartig et perverse

que jamais sa Lust ne s’apaise

et quand elle est repue wächst erst recht ihr Hunger.

Nombreux les animaux avec qui elle s’accouple,

et mit vielen andern wird sie’s treiben – bis

le lévrier viendra qui la fera mourir dans la douleur.

Lui, ne hungert pas nach irdischem Metall :

Mais sagesse, Liebe et vertu,

Et sa nation sera entre feltre et veltre.

Erlosen wird er cette humble Italie für das Camilla,

Turnus, Euralyus une Nisus kämpfend moururent.

Durch alle Städte il la chassera,

puis viendra la remettre in die Hölle,

d’où l’avait tirée zuerst der Neid.

Donc zu deinem Besten denk ich und je dispose

que tu me suives, et je serai ton Führer,

et je te tirerai weg von hier vers un lieu éternel,

où tu entendras verzweiflungsvolles Schreien

et tu verras les antiques esprits dolents

qui chacun dir den zweiten Tod entgegenheulen ;

et tu verras ceux qui sont contents

im Feuer, parce qu’ils espèrent venir

früh oder spät zum Sitz der Seligen.

Et si tu veux zu diesen encore dich erheben,

Une âme plus würdig que moi se trouvera :

à elle je te laisserai bei meinem Weggang ;

car ce Kaiser qui est là-haut,

ne veut pas que moi qui fus rebelle à son Gesetz,

je vienne zu seiner Stadt.

Allwärts il gouverne, doch là, il règne ;

là est sa ville et dort son Thron.

Ô glücklich celui qu’il y choisit ! »

Et moi, à lui : « mein Dichter, je te prie,

par ce Dieu que tu n’as pas connu,

pour que je fuie ce mal et pire,

Führ mich dort hin là où tu as dit,

que je voie das Tor de Saint Pierre

et ceux qui so schrecklich leiden, comme tu dis. »

Alors il s’ébranla, et je ging hinter ihm.

En enfer, la seule chose qu'on a, c'est du temps

Vendredi soir, 19h. Josef Szeiler ouvre les portes. Une heure avant il glisse le mot d'ordre aux interprètes: on entre dans la salle à 18h55, on s'assied, puis 9 minutes d'impro sur le thème déjà exploré d'une marche lente, un homme vers une femme, une marche qui vise de mettre la main au sexe de l'autre, mais partant d'une distance telle que, au vu de la lenteur, ils n'y arriveront vraisemblablement pas. Puis on arrête. Ce sera tout. En aparté il dit: "c'est la première fois de ma vie que je teste pareille brièveté. J'ai déjà fait des présentations de 12 heures, de 24 heures, de 36 heures même, mais 9 minutes, jamais". 
Samedi soir, 19h. Nouveau mot d'ordre. Improvisation sur trois chants, en utilisant le matériau accumulé durant les quinze jours. A savoir, le chant que chacun a appris par coeur, la chanson médievale que les femmes ont également apprise, le travail sur la perception, l'immobilité, le corps dans cet espace, white box. 
A la fin, après une pause, tous se retrouvent avec certains visiteurs/spectateurs pour échanger, de la parole, de l'idée, du commentaire, de la dispute. A la question de la motivation qui a sous tendu les quinze jours de travail, le postulat, très simple de Szeiler: finalement, en Enfer, la seule chose qui nous reste, c'est du temps. Du temps jusqu'au délire, un cauchemar éternel, du temps sans fin. Alors, pour aborder cet enfer, commençons par le prendre, le plus extrêmement possible. Aussi le travail des quinze jours aura surtout consisté en cela, une investigation extrême du temps, du corps dans l'espace temps, et donc, pour transposer le fait de l'éternité, une exploration de la lenteur...
 
La discussion terminée, Josef Szeiler décide de passer sur le champ le témoin au prochain intervenant,  Gilles Tschudi. Passation nocturne, et prise de contact entre 23h20 et 01h du matin. Gilles travaillera une semaine avec le collectif3, selon les horaires indiqués ci-contre, ouvrant toujours les portes aux visiteurs, toujours bienvenus. 

vendredi 19 octobre 2007

Le grand 9


Attraction de la saison au théâtre du grütli, le labo d'enfer poursuit sa descente dans les 9 cercles de dante. Depuis 15 jours, Josef Szeiler fait tourner le manège du grand poème dans une suprême lenteur,  à revers des vertiges d'un texte qui file à tombeaux ouverts dans l'obscurité des péchés.  Ouverture des portes ce soir à 19h, pour un tour de manège éclair, et demain dès 19h, pour une plongée dans un espace temps dilaté par les indications de ce maître zen et brechtien, 

mardi 9 octobre 2007

Josef Szeiler, de Vienne à Genève

Le bateau Dante s'éloigne du port. Après l'ouverture des portes de vendredi 5 et samedi 6, on file vers le deuxième cercle/2ème labo avec un nouvel intervenant, Josef Szeiler, metteur en scène autrichien qui a travaillé au Berliner Ensemble, côtoyé Heiner Muller, bref, participé à la légende du théâtre allemand contemporain. Mais c'est avant tout un créateur singulier et singulièrement peu prolixe, qui a répondu à l'appel du théâtre du Grü en premier lieu par amitié (pour Maya Boesch), et tout de suite après par curiosité pour un projet qui pose des enjeux similaires à ceux qu'il a toujours posé dans son travail: déplacer le modes et les limites de la représentations. On dira que c'est une formulation paresseuse, qui dit tout et rien, mais ceux qui ont vu le projet Fatzer réalisé dans ce même théâtre en 1998 par Claudia Bosse en auront peut-être une petite idée... C'est Josef Szeiler qui en avait conçu l'espace, et le Grü (à qui son alémanique syllabe -tli n'avait pas encore été ôtée) s'était vu pour la première fois aussi radicalement mis question dans sa relation avec l'extérieur/ville et la représentation/théâtre.  Le spectacle avait fait un certain ramdam....
Josef Szeiler revient donc sur les lieux presque 10 ans plus tard. Que va-t-il se produire entre lui et le collectif3? C'est tout l'enjeu du Labo 2. On devrait avoir une esquisse de réponse dans moins de quinze jours (voir ci-contre), et des nouvelles courantes au fil des jours...

dimanche 7 octobre 2007

cartes blanches aux pires cinéastes - 1/10





Au grütli, on a décidé de demander aux réalisateurs (et cinéastes) qu’on déteste le plus d’écrire des synopsis de films d’après les aventures du collectif3.

C’est David Jacobs (créateur de Dallas) qui se coltine le premier cercle.

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De septembre 2007 à juin 2008, le centre d’affaire international et de consulting boursier du Grütli prend le temps de révolutionner le monde des affaires. Repenser le capitalisme. Repenser toute la problématique libérale avec un team des onze meilleurs hommes et femmes d’affaires mondiaux, avec, chaque trois semaines environ, une conférence publique.

Mais au-delà de leur mission humaniste de ces penseurs de l’égalité des chances pour de vrai, ces penseurs, dis-je, sont animés de passions humaines, car bien que vivant et respirant dans les affaires depuis leur plus jeune âge, ils sont des femmes et des hommes avec des passions violentes et parfois mêmes déchirantes, peut-on dire, si j’ose.

C’est ainsi qu’à peine la première journée de brainstorming sur le thème de « casser du syndicat sans saloper nos pompes » entamée, Diego-Rodriguez Samovar, le célèbre exploitant pétrolier sud-américain tombe subitement en pamoison passionnée et violente à un point que je te raconte pas avec John-John Balley-Pastis, le célèbre fondateur canado-flammand d’origine niçoise par son père et grecque par sa mère de l’agence de consulting financier Fullpocket.

Diego-Rodriguez Samovar se confie alors à Dawn-Shauna Zvlek, la chiromancienne qui a lu la bourse dans les lignes des cartes de son jeu de rami (qu’elle tenait de son aïeul sourd et aveugle et bohémien) et a gagné comme je te dis pas, alors qu’ils rentrent dans le jet privé de la seconde dans le ranch secondaire de Davos du premier. Celle-ci lui dit que si il ne s’est rien passé après leur soirée à blaguer à gorge déployée sur le CAC40, dans la résidence de Neuilly de John-John, c’est qu’il ne se passera jamais rien, mais lui prétend que c’est pas vrai ça veut rien dire ta gueule merde. Ce à quoi Dawn-Shauna ne trouve rien à répondre.

Les semaines passent, tout le monde perçoit une tension entre Diego-Rodriguez et John-John, même la jeune Sophie-Laura Palcañte, qui pourtant est blonde et n’a été castée que pour remplir le quota de minorités visibles, et aussi pour subvenir aux besoins de jeunes midinettes de Cassy-Jane Norman-Wielker, l’organisatrice dominatrice fan de Bollywood à l’origine du projet, elle-même mandatée par le ministre des sous.

Cela dit, la plupart n’en ont rien à taper, comme par exemple Abdel-Adam Barowsky, descendant d’une longue lignée de joailliers reconvertis dans l’usure pure pour riches familles aristocrates asiatiques et africaines déchues, ou encore Bill-Bob Brandon, ancien cascadeur de Hollywood devenu golden-boy à soixante-cinq ans, ou même Nathan-Abdul Fieldenson, fils d’une riche femme d’affaire texane anorexique du milieu automobile et d’un ponte du pétrole saoudien impuissant (mais qui honore sa femme en payant de jeunes éphèbes philippins, dont Nathan-Abdul tient le teint bronzé), aujourd’hui à la tête du plus grand consortium pétro-automobile du monde, avec sa femme Georgia-Suzanne Clint-Jones, pompiste dans l’Owio à la beauté de glace qui sut d’un regard faire fondre le cœur de Nathan-Abdul mais c’était il y a longtemps car celui-ci passe désormais plus de temps avec leur chien Carax-Fitzgerald Bogdanov, conseillé personnel de Nathan-Abdul (un ouaf égale oui, deux ouafs égalent non), mais qui n’aboie, au grand désespoir de son maître, qu’interrogé par la susnommée Georgia-Suzanne, dont le don pour communiquer avec les animaux et le personnel de maison n’est plus à prouver.

Bref, Diego-Rodriguez va se confier à Dylan-Mike Newzack, le cardinal chargé de la gestion de la fortune du Vatican, qui n’en a rien à faire car il se dit qu’il mettrait bien sa grosse mitre sous la robe de soirée de l’élégante Lisa-Simone Jones, fondatrice du fond de pension Health&Wealth qui en 2007 détient le record du monde de placements boursiers pour une compagnie de fonds de pension, bien que tout le monde s’en foute, à part Samuel-Sanson Simpson, ancien sportif de haut niveau, seul blanc d’extrême droite à avoir cumulé une carrière honorable à la NBA et une carrière de chanteur de folk rock avant de fonder sa propre maison de disque et de devenir consultant pour Universal (entre autres). Vous saurez pourquoi une autre fois.

Bref, John-John minaude, bien qu’indéniablement attiré par Diego-Rodriguez Samovar, et au bout de presque deux semaines de jeu de chat et de souris, lui colle un énorme râteau en travers de la gueule, dont le choc donnera au premier cette idée de génie : « interdire les syndicats, c’est donner à l’homme sa liberté individuelle d’individu sans même qu’il s’en rende compte mais qu’il va te remercier après tu vas voir ». Et ce sera le thème de la première des dix conférences publiques (ou neuf, je sais plus), à laquelle se joignent, en plus des susnommés, Denis-Phillips Bishop-Mullan, ancien mormon reconverti en prêcheur télévisuel des bienfaits du capitalisme, et garant moral du grütli, Glenn-Maurice McCoy, le franco-néo-zélandais ancien cascadeur, conseillé financier occulte de la famille Bush, et ancien amant de Bill-Bob Brandon, qu’il avait rencontré de près lors d’une cascade qui avait mal tourné, et dont tout le monde ignore si leur histoire est réellement finie, problème qui intéresse particulièrement la journaliste financière Doña Elisabeth-Ellen Van Krammel qui voudrait se lancer dans le people-finance et qui n’a pas compris que « conseiller occulte » n’avait aucune connotation sexuelle. Pendant ce temps, Don Pascale-Emilio Casanueva, le réalisateur de drames politicos-financiers à succès gauchiste et mexicain, et Marie-Eleonora MacGallagan, sa scénariste attitrée, révolutionnaire et activiste, et ancienne maîtresse (infiltrée) du tout Wall-Street (avant qu’elle ne se convertisse aux aventures sulfureuses avec ses différents chirurgiens plastiques) sont convertis, comme toute la foule en délire dans laquelle se mêlent droite décomplexée et gauchistes (qui étaient venus là pour foutre la merde, comme toujours, sales gauchistes) aussi béats devant cette révélation libérale que des bonnes sœurs devant l’apparition de la Vierge dans leur living.

Et c’est dans cette ambiance de triomphe incontesté que Diego-Rodriguez Samovar aimerait s’approcher de Cassy-Jane Norman-Wielker et de Jane-Cassy Wielker-Norman, sa sœur jumelle diabolique, pour les remercier du fond du cœur et la larme pointant, humide et mouillée, au coin de son œil, avant qu’un ultime geste de pudeur ne le retienne, geste qui n’empêche pas un échange de regards d’une intensité telle que ça en dit long (note pour le chef op. : penser à faire un zoom) : « merci Cassy-Jane Norman-Wielker, merci Jane-Cassy Wielker-Norman, de m’avoir embarqué dans cette aventure humaine complètement formidable ». Au fait ça en dit long surtout parce qu’ils ont tous des noms interminables, finalement.

A suivre.

jeudi 4 octobre 2007

vendredi 5, samedi 6, dès 19h...

Voici maintenant 3 semaines que le collectif3 travaille avec les 3 premières intervenantes (voir ci-contre) du projet Dante qui dure 10 mois dans sa totalité. 
Premier Labo, premiers pas dans la forêt obscure et la touffeur de la poésie de l'Alighieri... Trois semaines qui ont été fortement orientées sur le travail vocal avec Dorothea Schurch, mais aussi sur les lieux et espaces de la Maison des Arts du Grütli, progressivement investis par la langue du poète. 
Ce labo a aussi été traversé par les voix de Pasolini, Sade, Foucault, Deleuze, Godard, pour n'en citer que quelques-uns.

Demain vendredi et samedi, dès 19h, la Maison va donc résonner des échos de ces premiers pas...

Premiers chants: la forêt obscure dans laquelle Dante affronte sa peur et rencontre Virgile qui sera son guide; le vestibule, seuil peuplé par les ignavis, ces êtres qui leur vie durant n'ont été que neutres et indécis, ne prenant jamais aucun parti; le franchissement de l'Acheron, ce fleuve que les damnés traversent dans la barque de Charon; et enfin le premier cercle, les limbes, où séjournent les esprits vertueux morts avant d'être baptisés, sort partagé par les petits enfants morts-nés et les sages nés avant le christianisme...

Lesquelles limbes viennent cette année même d'être "dissoutes" par l'église catholique, permettant désormais à ces âmes d'avoir accès au paradis:


FIGARO du 22 avril 2007

Vatican ne croira bientôt plus aux limbes

De notre correspondant au Vatican HERVÉ YANNOU.

 Le Pape s'apprête à approuver un texte redéfinissant le sort des enfants morts sans avoir été baptisés.

 LA GÉOGRAPHIE de l'au-delà pourrait subir un grand changement. Les limbes peuvent désormais être rayés de la carte par le Pape. Le concept des limbes, comme lieu où finissent les enfants morts sans baptême, est le reflet d'une « vision restrictive excessive du salut », ont en effet estimé les trente membres de la Commission théologique internationale dans un document révélé vendredi par la revue américaine Origins. Si le texte a été approuvé par le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal William Levada, avec l'accord de Benoît XVI, il n'a pas encore force de loi. Il reste au Pape à déclarer personnellement la fin officielle des limbes.

 Benoît XVI ne l'a pas fait hier. Il était pourtant en visite à Pavie. La ville lombarde conserve les reliques de saint Augustin, dont les réflexions sur le sort des enfants morts sans baptême inspirèrent les théologiens du XIIIe siècle pour définir le concept des limbes. En revanche, aucun pape, aucun concile n'a jamais défini officiellement cette frontière de l'enfer.

 Dante, dans La Divine Comédie, peupla ce no man's land des âmes des enfants et de ceux qui n'avaient pas péché mais qui ne pouvaient connaître Dieu faute de baptême. Les poètes Homère, Virgile ou Ovide, ainsi que César, Aristote et Platon, morts avant la naissance du Christ, mais aussi les musulmans, Averroès et Saladin, étaient ainsi condamnés pour l'éternité à errer dans les limbes.

 «Une simple hypothèse»

 Quant au futur Benoît XVI, alors gardien de la doctrine de l'Église, il expliquait en 1985 que les limbes n'étaient qu'« une simple hypothèse théologique qu'il faudrait abandonner ». « L'exclusion d'enfants innocents du paradis ne reflète pas l'amour particulier du Christ pour les petits enfants », ont estimé les théologiens après une réflexion de plusieurs années, tout en déclarant que « l'Église n'a pas de connaissance sûre sur le salut des enfants qui meurent sans être baptisés ».

 Les théologiens estiment que le sujet est devenu urgent dans une société « postmoderne », où de plus en plus d'enfants ne sont plus baptisés et où beaucoup sont « victimes d'avortement.

Le poids des mots...

Couverture de Paris Match, semaine du 4 au 10 octobre: 

Exclusif: Kristiyana, l'infirmière bulgare "Mes huit ans en enfer" 
Elle raconte la prison libyenne, les tortures, sa libération.

p. 80: titre: "Ressuscitée de l'enfer des geôles libyennes".

page 83: "Nous avons été transférés de l'enfer au paradis" déclare Kristiyana à son arrivée à Sofia. 


Oui comme le dit Edmond Jabès (voir ci dessous). l'enfer est un lieu, un espace où l'on fait souffrir. Ce n'est pas un état, ce n'est pas le Mal. Jacqueline Risset le rappelle dans la préface de l'Enfer, les lignes de chemin de fer reliant les villes d'Europe à Auschwitz formaient une cartographie du chemin de l'Enfer. Car,  contrairement au mal, qui peut se nommer mais pas se cerner l'enfer a toujours une limite, une frontière, un plan, et comme Dante on y entre et parfois on en sort, mais on ne commerce pas avec lui, on ne vit pas en bon voisinage avec lui. D'ailleurs Dante n'y entre pas seul, mais avec un guide, Virgile. Les infirmières bulgares ne sont pas sorties seules, mais Cecilia est venue les chercher (!). L'enfer est toujours clos, fermé sur lui-même et ses supplices, et ses bourreaux sont aussi les gardiens qui veillent sur ses parages. 
l'Enfer ne se traverse pas seul. 


mercredi 3 octobre 2007

Par dessus l'épaule des interprètes


Les laborantins illustrent leur travail vocal avec Dorothéa...

travail corps et voix, avec Dorothea

Coolness
Souplesse
Légèreté
....

trouver la voix...avec Dorothea

le travail vocal avec Dorothea Schurch. Carnets de notes des laborantins...

vendredi 28 septembre 2007

Birmanie: "provoquer l'enfer"?


Vendredi 28 Septembre 2007, 

Le Matin Bleu:

 « TIRER SUR DES MOINES REVIENT A PROVOQUER L’ENFER »

 BIRMANIE. Au moins neuf personnes, dont un journaliste japonais ont été tuées et neuf autres blessées hier à Rangoon lors des manifestations, selon un bilan officiel de la junte.

 «Tirer sur des moines revient à provoquer l'enfer», prédit Win Min, un analyste birman et militant prodémocratie réfugié en Thaïlande. Selon lui, les violences qui ont visé des bonzes - deux battus à mort et un tué par balle mercredi - ne pouvaient que mettre de l'huile sur le feu. Il se souvient qu'en 1988, malgré trois jours de tirs, les gens étaient encore dans la rue à manifester.

La journée d'hier était considérée comme un test de la volonté des manifestants après les actions résolument intimidantes du régime, qui a violemment dispersé des défilés et procédé à des centaines d'arrestations depuis mercredi.

La Chine, alliée de Rangoon, a, quant à elle, pour la première fois appelé toutes les parties à la retenue. Elle s'était opposée la veille à une condamnation formelle de la répression par le Conseil de sécurité de l'ONU.

Le vice-président du Parlement européen, Edward McMillan-Scott, a souhaité que les pays de l'UE menacent de boycotter les Jeux olympiques de Pékin de l'été 2008 pour faire pression sur la Chine afin qu'elle intervienne auprès de la junte.

jeudi 27 septembre 2007

Le lieu où l'on fait souffrir


 (...)" L'enfer n'est pas le lieu de la douleur.
Il est le lieu qui fait souffrir.

Il n'est pas le Mal. le Mal a son lieu en nous. Nous ne pouvons servir de lieu à l'enfer.

Le Mal est sans lieu. Lorsque nous disons que son lieu est en nous, nous voulons dire que nous donnons à la douleur un lieu provisoire, car nous n'avons pas l'exclusivité de la souffrance; mais la souffrance, de son côté, n'existerait pas s'il n'y avait pas, pour l'éprouver, pour en témoigner, pour justifier en somme de sa réalité, l'homme qui souffre, l'homme aux prises avec sa propre douleur, dont les larmes et les cris ne sont que déchirantes manifestations de son mal.

Il n'a a pas de degrés dans le Mal.
Toute douleur est soi-même un tout. 
Le Mal est totalité de la souffrance.

Celui qui dit "J'ai mal" parce qu'il s'est blessé au doigt ou parce qu'on lui a arraché une dent, emploie le même mot que celui qui hurle sous la torture. 
Et pourtant qui oserait comparer leur souffrance?

Dans "enfermer", dans "enfermement" il a y  le mot "enfer". 
Et si l'enfer n'était que l'enfermement du mal dans le mal? 
Un mot - un monde - clos sur lui-même, comme le péché? "  (...) 

Edmond Jabès extraits de L'enfer de Dante / éd. Fata Morgana

mercredi 26 septembre 2007

l'Enfer, c'est tous les jours

MAP, 26 septembre 2007

Cela fait une semaine et demi que les laborantins s'enfoncent dans les entrailles de l'Enfer de Dante. Au milieu de Genève, pensez-y quand vous passez dans la rue du Général Dufour ou sur l'esplanade qui jouxte la Cave valaisanne et levez-les yeux vers les fenêtres du 2eme étage, ils sont sûrement là, travaillant à descendre en poésie infernale, au milieu de Genève, oui, ils sont là en travail, en Enfer, pour dix mois...
Enfer. Ca se pose là comme programme. Qu'est-ce que c'est que cet abîme-là, qu'est-ce que nous, habitants cosmopolites et biberonnés aux droits de l'homme et bercés aux idéaux d'Henri Dunant, qu'est ce que nous voyons quand nous scrutons cette obscurité-là? L'Enfer c'est les autres en soi? se demandent peut-être tout ceux, si nombreux dans notre cité de Calvin, à s'avancer dans leur forêt obscure avec un psy en guise de Virgile. S'il y a un Enfer, c'est donc qu'il y a un Paradis à retrouver, babolent peut-être toutes ces enfances chancelantes...

Vertige, vertige, et mise en abyme sans cesse quand on se met à y penser. Ainsi, pendant que nos laborantins travaillent en poésie, la lecture des journaux est édifiante et confirme: on n'en a pas fini avec l'Enfer, loin s'en faut. Il nous obsède, partout et sans cesse, pour de vrai et pour de toc, ou c'est tout comme. Voyez plutôt: 

20 septembre, dans le Matin (Fabrice Eschmann): 

Piégées, elles ont vécu l'enfer 

Une trentaine de jeunes femmes ont été exploitées par un patron de discothèque et ses acolytes. Prostituées de force, elles étaient également sous-alimentées

C'est un retour au temps de la traite des femmes que l'on a pu vivre hier au Locle. Cinq prévenus comparaissaient devant le Tribunal correctionnel pour avoir exploité sexuellement une trentaine de femmes ou pour avoir facilité leur prostitution. Des femmes, dont une mineure de 17 ans, qui logeaient dans des conditions insalubres, qui travaillaient 7 jours sur7 et qui n'étaient pas payées, ou presque. Le ministère public a requis des peines allant de 3 ans et demi de peine privative de liberté à 120 jours-amendes avec sursis. Le verdict sera rendu aujourd'hui.

Clan de profiteurs
C'est un véritable clan qui a agi entre novembre 2005 et août 2006. Il y avait le chauffeur roumain, le videur albanais, le nettoyeur serbe, le profiteur italien et le patron suisse d'origine albanaise. Ce dernier avait repris en 2003 la gérance de la Pyramide, une célèbre discothèque du Locle. Mais ne payant pas les cotisations sociales de ses «artistes», il perd la patente de la partie cabaret en octobre 2005.

Commence alors une chasse aux filles, qu'il fait venir du Brésil, du Maroc, de Pologne ou de Roumanie. Il se fait aider dans ses recherches par ses acolytes, notamment le chauffeur roumain ou le profiteur italien, ce dernier ayant fait venir sa belle-soeur, déjà prostituée en Slovaquie. Dans ses lettres d'invitation, le patron écrivait par exemple: «Je me réjouis de te faire visiter mon pays.»

Le ton changeait cependant très vite. A leur arrivée, les filles étaient d'abord mises au bar, puis à la danse, enfin poussées à la prostitution. Le piège se refermait alors: le clan les «testait» systématiquement, les menaçait, ne parlant plus d'elles que comme matière première sexuelle.

Une fille par bouteille de champagne consommée
A la Pyramide, puis dans un autre bar du Locle, l'achat d'une bouteille de champagne donnait droit à une fille. La plus jeune avait 17 ans. Résistant un moment, elle a fini par craquer après s'être fait menacer d'un fusil à pompe. Elle est allée rejoindre sa mère et les autres prostituées à la Pyramide. Ces dernières travaillaient de 19h à 4h du matin tous les jours de la semaine, parfois malades, souvent affamées. Ces femmes, grandes absentes du procès, ont toutes été renvoyées dans leur pays, victimes encore une fois de leur statut précaire.

Et le même jour, dans le Matin,  sous la plume de Nicolas Jacquier: 

Sion, proche du paradis, évite l'enfer

FOOTBALL  -  COUPE DE L'UEFA SION - GALATASARAY 3-2

Le Stade de Genève a fait le plein d'émotions. Au terme d'un match complètement fou, le club de Tourbillon a obtenu une victoire de prestige. En multipliant les parades, Vailati a été héroïque. Sion privé de deux penalties. Le retour s'annonce chaud, chaud, chaud...

 Avant de plonger dans le chaudron du stade Ali Sami Yen, le FC Sion se retrouve ce matin en fragile ballottage favorable. Comment interpréter le score de cette première manche genevoise? D'abord que Sion est déjà parvenu à effacer l'échec de 1997, lorsqu'il avait été humilié à domicile (défaite 4-1 contre ce même Galatasaray).

Les Valaisans ont certes gagné, réussissant à effacer sur la pelouse la différence de 135 millions de francs existant entre les deux clubs; mais ils ont aussi encaissé, revers de la médaille, deux buts qui pourraient s'avérer lourds de conséquence au décompte final. Sion pourra d'autant plus nourrir de regrets qu'il menait 3-0 avant de s'exposer au retour turc non sans avoir été privé de deux penalties évidents: le premier sur Geiger, quand celui-ci s'est retrouvé plaqué dans la surface (63e), le second suite à une main de Song non sanctionnée (73e). A l'inverse, les joueurs de Bigon pourront remercier leur gardien, préservant une victoire qui n'aura tenu qu'à une parade. En multipliant les arrêts décisifs, dont l'un, époustouflant effectué devant Sukur (86e), Vailati a évité le pire, alors même que Galatasaray exprimait toute sa puissance offensive...

Au-delà de cette victoire historique, le football restera toujours extraordinaire. Alors que d'aucuns se demandaient combien Sion encaisserait de but et à quelle sauce il serait dévoré, c'est Galatasaray qui allait commencer par sombrer. 1-0 en entrée, 2-0 comme dans un rêve, 3-0 en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, Sion s'est retrouvé hier soir en état de grâce.

Le réveil turc
Se payant toutes les audaces, le visiteur de Tourbillon allait parfaitement manoeuvrer, bousculant un adversaire ne sachant plus comment il s'appelait. 3-0 après une demi-heure: même dans leurs rêves les plus fous, les Valaisans n'auraient pas réussi à imaginer pareil scénario du bonheur. Le secret? Un Chedli étincelant, un Dominguez décisif, un Obradovic magnifique, un Alioui survolté et un... Galatasaray inexistant.

De 3-0 à 3-2 une mi-temps plus tard, le réveil turc avait sonné entre-temps. Presque logiquement. Quand bien même Dominguez, dans les arrêts de jeu, faillit inscrire le 4-2. «Le terrain a livré le résultat, devait lâcher Alberto Bigon. A 3-0, on a essayé de resserrer notre garde mais il était inévitable que les qualités techniques de Galatasaray allaient finir par s'exprimer. On peut être fier de cette victoire. Sion a prouvé qu'il possédait le niveau des grandes équipes européennes.» Dix ans après le 1-4 de Tourbillon, Il Mister pouvait avoir le sourire. Avant d'envisager le match retour avec un relatif optimisme: «Il n'y a aucun résultat qui permette de voyager à Istanbul avec sérénité. Il n'empêche qu'avec un match nul, on peut se qualifier...» Là-bas aussi, Sion a les moyens d'éviter l'enfer que lui promet déjà Galatasaray.


Et voici encore, pas plus tard qu'hier, mercredi 25 septembre, en Une, de la Tribune de Genève, l'édito de Denis Etienne:

En Birmanie, l’enfer est aux portes du paradis

Jusqu’à la mi-août à Rangoun, seul le calme bruissait. Assise depuis depuis de longues années sous ses confortables dorures, la junte militaire birmane a pensé à l’impensable: augmenter le coût de l’énergie, quintupler les prix du gaz, asphyxier une population dont, pour la majorité, le seuil de pauvreté constitue un pas-de-porte.
Au lendemain, ils étaient une poignée à manifester sous l’étouffoir. Pour la dictature, le pari était apparemment réussi. Une armée d’affidés, une administration loyale et des services de renseignements d’une discrète omniprésence allaient lui permettre de faire supporter l’insupportable.
Ils étaient donc une poignée à manifester à la mi-août, puis des brassées, et enfin la foule. Hier, plus de cent mille personnes ont défilé à Rangoon et, en miroir, dans plusieurs villes du pays.
L’histoire récente, notamment les événements au départ similaires de 1988, laisserait présager de la suite. Attente de l’essoufflement, qui ne vient pas, et au final une brutale répression pour annihiler les velléités de révolte jusqu’à la génération suivante.
Mais… Les moines vénérés sont plus actifs que jamais, fer de lance couleur safran qui remue les braises… Le parrain chinois souffle le froid, à l’aube des JO de 2008, désireux de devenir un partenaire plein et respectable de la mondialisation… La junte prend des allures d’orpheline avec une mitraillette usagée.
Il est au bord de l’enfer, ce paradis luxuriant pour les touristes. Mais il n’a jamais été aussi proche, en même temps, de cesser d’être infernal pour ses habitants.