jeudi 10 avril 2008

LE DEDANS/LE DEHORS

Je suis nu.
Le noir m'enveloppe.
Pourtant une faible lumière tombe là-bas en un cercle diffus.
Une personne.
Puis d'autres.
Entrent dans cet espace et vont s'installer dans ce cercle improbable qui fait rempart à l'obscurité.
Le cercle se remplit, les gens se serrent les un contres les autres, discutent, commentent, pour tenir l'obscurité à distance.
Je suis nu.
Je les vois.
Ils sont habillés.
Ils ne me voient pas.
Le rempart de lumière semble défaillir, lentement, inexorablement.
la lumière se tait, l'obscurité a parole entière.
Ceux qui étaient habillés sont nus à présent.
l'obscurité m'habille.
Mon corps est en mouvement, mouvement lent et giratoire.
Une goutte de sueur perle de mon aisselle malgrés le froid, mes sens sont à l'affûts, je sens et j'entends que ça bouge autours de moi.
L'obscurité rend perceptible ce que cache la lumière.
Des mots traversent l'espace, des corps bougent, des peaux se frottent, se frappent, s'enlacent.
Mon regard boit toute cette obscurité, mes yeux sont grands ouvert, grands.
Je suis lenteur, je suis nuit, je dis "lève la tête, lève-là, et regarde", je suis dedans et dehors, mouvement et silence, souffle et peau.
Je suis nu et sens.
L'air m'enveloppe et me porte presque mais je suis encore trop lourd, trop dense, tout en chair, chair qui travail, corps qui pulse, mouvement dans l'immobilité. Le noir est immobile, dense comme mon corps, l'air est léger, fluide, comme les pensées.
Rencontre.
Je touche, palpe, reconnaît, étire, porte, tombe, serre, frotte, les muscles se tendent, tremblent, lâchent, les appuis se cherchent,glissent, s'immobilisent, respirent.
Ici et là des mots qui chahutent dans le noir.

Lumière diffuse là-bas, lumière diffuse qui se fraie un chemin dans l'obscurité.
Lumière qui montre le chemin.
Lumière qui inonde les corps, irrémédiablement attirés par elle.
Lentement les corps vont se baignés dans cette lumière nue.
tout se mélange.
Lumière, corps, habits, nudité
Tous dans le même sens s'en vont.
Tous au même endroit se retrouve.
Serrés, collés, gênés pour la grande ascension mécanique vers le deuxième étage.
Il n'y a plus d'ombre, d'obscurité, d'espace rêvé, c'est le plein jour finissant, tout est vu, tout se voit, que dire encore, redire, refaire, mettre en lumière ce que l'obscurité à caché, montrer ce qui n'a été vu, soustraire l'image imaginaire à l'image réel, pourtant, laisser vivre le poème.

JLJ

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