mercredi 14 mai 2008

INFERNO J.3

Une lumière diffuse, grise
Des corps plantés dans l'espace, immobile
Un regard fixe qui parfois ne distingue plus bien les formes qu'il regarde

La plante des pieds qui fourmille
Le bassin qui se réajuste continuellement par de micros mouvements
La colonne qui ondule dans un mouvement de marée très lente

L'oreille qui écoute
Le corps qui écoute


Respiration imperceptible
Qui parfois s'amplifie 
Et occupe tout l'espace pulmonaire disponible

Le chanteur chante
Puis une autre
Puis la mobilité interne bouscule l'immobilité

Transformation
Basculement
D'immobilité l'espace mue en mobilité

Réorganisation
Réarchitecturage

Un pied devant l'autre
Transport de poids
Transport de soi

Equilibre précaire continuel
Sensation infini et multiple
Combien de temps cela durera t'il ? 

Cela pourrait durer infiniment
Ne serait-ce l'exiguité du lieu
Qui semble demander que progresse cette lenteur

Pourtant elle ne progressera pas
Elle changera de manière radicale
De très lente la marche passera à marche soutenue

Là où il n'y avait pas une bribe d'air
Nos déplacements multiples provoquent un brassage de Co2 
Certains restent dans la lenteur, l'espace se distorsionne

Puis le mouvement  contamine l'ensemble 
Tous marchent en tous sens
Parfois se retrouvent, comme un essaim

Marchent collés, serrés
Puis se dispersent à nouveau
Se disloque, reprend chaque parcelle d'espace disponible

Puis un s'immobilise
Un poing et un genou au sol
Puis un autre, puis tous

Une lumière de néon descend du plafond
Descends vers nous, va nous écraser
Mais s'arrête à la limite des palissade

Le regard est planté au sol
Le poing et le genou sont planté au sol
Commence le temps long de résistance

Résistance à cette position douloureuse
Libérée parfois par celle qui chante
Qui nous pousse à terre avec son pied

Sentir le corps, sentir ou il fait mal
Ajuster la position par micromouvement
Contracter les muscles qui pourraient être relâchés

Pour soulager ceux qui n'ont pas le choix de travailler
Entendre le chant, les ruptures, la  toux
Voir la sueur goutter sur le sol

Le temps s'écoule, diffus
Le chant se termine
Un autre entame sa route

Des corps nus ou à moitié nus apparaissent
Un tas de corps se forme
L'allemand et l'italien se frottent, se cherchent, se frictionnent

Il y a de la peau
De la peau en tas
De la peau dressée à la verticale

Stop


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