lundi 22 octobre 2007

Parlez-vous grü?

Un des grands sujets de discussion et d'étude dans l'abord de la Comédie de Dante, a été et est encore la traduction. Entendu par là surtout la question du choix de la traduction de l'italien vers le français, de la perte occasionnée, de l'usage de la langue pour le travail etc... Pour la version française, Jacqueline Risset reste incontestée (si ce n'est parfois par Bernard Schlurick, mais la contestation étant sa partition, elle est surtout un heureux contrepoint critique). 

La version originale est toujours très présente et le sera toujours plus, notamment grâce à Sandra Amodio, qui travaillera avec le collectif en décembre et entraîne déjà les interprètes au maniement de la langue italienne, mais aussi avec la permanence de la "tapisserie dante", récitatif des chants en avant spectacle, auquel vous êtes cordialement invités à participer (voir site).

Ceci étant, le collectif3 a durant les 5 premières semaines travaillé essentiellement avec des germanophones plus ou moins bilingues, et cela a donné une coloration particulières aux échanges hors et dans le travail. 

Ces sonorités hybrides m'ont inspiré une idée de langue mixée, le "grü", dans laquelle le 1er chant de l'enfer ressemblerait à ceci: 


Erster Chant

 

Dem Höhepunkt du chemin de notre vie

je me retrouvai par ein dunkler Wald

car den Rechten Weg était perdu

Oh weh, erzählen ce qu’elle était est chose dure

cette forêt féroce, so dicht und dornig

qui ranime le Schreck dans la pensée

Elle est si bitter que Tod l’est à peine plus

doch um das Gute que j’y trouvai

zu zeigen, je dirai des andre choses que j’y ai vues.

Je ne sais nicht recht wie j’hinein geriet

Tant j’étais plein de Schlaf en ce point

où j’abkam weit von la voie vraie.

Als ich dann aber fus venu au pied d’un Hugel

où finissait cette vallée

qui m’avait das Herz bedrängt

je blicktais empor et je vis ses épaules

umhüllt déjà par les rayons de la planète

qui jedem seine Wanderpfade sichert.

Alors jetzt entspannte sich la peur un peu

die dans le lac du cœur m’avait duré

die ganze Nacht que je passai si plein de peine.

Et comme celui der nach Atem keuchend

sorti de la mer ans Ufer

zurückschaut vers l’eau périlleuse

ainsi wandte sich mon âme qui fuyait noch immer

pour regarder la Schlucht

qui ne laissa jamais keinen en vie.

Quand j’eus ein wenig reposé le müde Leib,

je repris mon chemin sur la plage déserte

und le pied ferme était toujours plus bas que l’autre.

Mais voici, gleich am steilen Anstieg,

une panthère, schlank und très agile,

que recouvrait ein buntgeflecktes Fell ;

elle ne bougeait pas devant mon visage

une même störte und hinderte meinen Aufstieg so,

das ich schon wankend wieder weichen wollte.

es war die Zeit où le matin commence

le soleil stieg samt allen jenen étoiles

die waren avec lui als am ersten Tag

l’amour divin bougea ces choses belles ;

si bien que j’avais guten Grund à espérer

de cette bête au gai pelage

l’heure du jour et la douce saison ;

mais non, musst ich gleich mich wieder fürchten

à la vue d’eines Löwen qui m’apparut.

Mir war als käm er contre moi,

la tête haute, so hungrig und so enragé

das on aurait cru voir die Luft vor ihm trembler.

Et une louve, qui paraissait so

voller Gier dans sa Magerkeit,

et qui fit vivre bien des gens dans la misère.

Der grauenvolle Ausdruck ihres Blickes

me fit sentir un tel accablement

que je perdis l’Hoffnung de la hauteur.

Et pareil à celui qui se plaît à gagner

mais dem zur Stunde des Verlustes dann

pleure et kläglich wird,

pareil me fit jenes ruhelose Tier

quand venant contre moi Schritt für Schritt

elle me repoussait zurückt ins Dunkel.

Tandis que je glissais so ins Tiefe,

une figure entstand vor meinen Augen

qu’un long silence avait toute affaiblie.

Quand je la vis dans le grand désert

« misere de moi » rief ich !

« Wehr du seist, Schatten ou homme certain! »

« Ich bin », sprach er, « kein Mensch, homme plutôt je fus,

et mes parents furent lombards

und beider Heimatstadt war Mantoue.

Je naquis noch sub julio

et vécus sous le grand Auguste, in Rom,

in der Zeit der Götter faux et menteurs.

Je fus Dichter, et je chantais le juste

fils d’Anchise, der zu uns von Troja kam,

nachdem l’orgueilleuse Illion verbrannt.

Mais toi, warum retournes-tu vers cette angoisse 

und nicht la douce montagne hinauf

qui est principe et cause d’echter Freude ? »

« Es-tu donc ce Vergilius, et cette source

qui répand so reich die Goldnen Worte ? »,

lui répondis-je avec gesenkter Stirn.

Ô Ruhm et lumière de tous les Dichter,

que m’aident den Fleiss und meine grosse Liebe,

qui m’ont fait chercher ton ouvrage.

Tu es mon Meister et mon auteur

Le seul où j’ai puisé die hohe Kunst

Du beau style qui m’a fait honneur.

Vois das Tier pour qui je me retourne ;

Aide-moi contre elle, berühmter, weiser Mann,

elle me fait trembler das Blut in allen Adern. »

Il te convient d’aller par un andrer Weg,

répondit-il, da er mich weinen sah,

si tu veux dich noch retten de cet endroit sauvage ;

car cette Wölfin, pour qui tu crie

ne laisse niemand passer par son chemin,

sie stellt den Menschen, et à la fin tötet sie ihn.

 Car elle a nature si bösartig et perverse

que jamais sa Lust ne s’apaise

et quand elle est repue wächst erst recht ihr Hunger.

Nombreux les animaux avec qui elle s’accouple,

et mit vielen andern wird sie’s treiben – bis

le lévrier viendra qui la fera mourir dans la douleur.

Lui, ne hungert pas nach irdischem Metall :

Mais sagesse, Liebe et vertu,

Et sa nation sera entre feltre et veltre.

Erlosen wird er cette humble Italie für das Camilla,

Turnus, Euralyus une Nisus kämpfend moururent.

Durch alle Städte il la chassera,

puis viendra la remettre in die Hölle,

d’où l’avait tirée zuerst der Neid.

Donc zu deinem Besten denk ich und je dispose

que tu me suives, et je serai ton Führer,

et je te tirerai weg von hier vers un lieu éternel,

où tu entendras verzweiflungsvolles Schreien

et tu verras les antiques esprits dolents

qui chacun dir den zweiten Tod entgegenheulen ;

et tu verras ceux qui sont contents

im Feuer, parce qu’ils espèrent venir

früh oder spät zum Sitz der Seligen.

Et si tu veux zu diesen encore dich erheben,

Une âme plus würdig que moi se trouvera :

à elle je te laisserai bei meinem Weggang ;

car ce Kaiser qui est là-haut,

ne veut pas que moi qui fus rebelle à son Gesetz,

je vienne zu seiner Stadt.

Allwärts il gouverne, doch là, il règne ;

là est sa ville et dort son Thron.

Ô glücklich celui qu’il y choisit ! »

Et moi, à lui : « mein Dichter, je te prie,

par ce Dieu que tu n’as pas connu,

pour que je fuie ce mal et pire,

Führ mich dort hin là où tu as dit,

que je voie das Tor de Saint Pierre

et ceux qui so schrecklich leiden, comme tu dis. »

Alors il s’ébranla, et je ging hinter ihm.

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