dimanche 7 octobre 2007

cartes blanches aux pires cinéastes - 1/10





Au grütli, on a décidé de demander aux réalisateurs (et cinéastes) qu’on déteste le plus d’écrire des synopsis de films d’après les aventures du collectif3.

C’est David Jacobs (créateur de Dallas) qui se coltine le premier cercle.

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De septembre 2007 à juin 2008, le centre d’affaire international et de consulting boursier du Grütli prend le temps de révolutionner le monde des affaires. Repenser le capitalisme. Repenser toute la problématique libérale avec un team des onze meilleurs hommes et femmes d’affaires mondiaux, avec, chaque trois semaines environ, une conférence publique.

Mais au-delà de leur mission humaniste de ces penseurs de l’égalité des chances pour de vrai, ces penseurs, dis-je, sont animés de passions humaines, car bien que vivant et respirant dans les affaires depuis leur plus jeune âge, ils sont des femmes et des hommes avec des passions violentes et parfois mêmes déchirantes, peut-on dire, si j’ose.

C’est ainsi qu’à peine la première journée de brainstorming sur le thème de « casser du syndicat sans saloper nos pompes » entamée, Diego-Rodriguez Samovar, le célèbre exploitant pétrolier sud-américain tombe subitement en pamoison passionnée et violente à un point que je te raconte pas avec John-John Balley-Pastis, le célèbre fondateur canado-flammand d’origine niçoise par son père et grecque par sa mère de l’agence de consulting financier Fullpocket.

Diego-Rodriguez Samovar se confie alors à Dawn-Shauna Zvlek, la chiromancienne qui a lu la bourse dans les lignes des cartes de son jeu de rami (qu’elle tenait de son aïeul sourd et aveugle et bohémien) et a gagné comme je te dis pas, alors qu’ils rentrent dans le jet privé de la seconde dans le ranch secondaire de Davos du premier. Celle-ci lui dit que si il ne s’est rien passé après leur soirée à blaguer à gorge déployée sur le CAC40, dans la résidence de Neuilly de John-John, c’est qu’il ne se passera jamais rien, mais lui prétend que c’est pas vrai ça veut rien dire ta gueule merde. Ce à quoi Dawn-Shauna ne trouve rien à répondre.

Les semaines passent, tout le monde perçoit une tension entre Diego-Rodriguez et John-John, même la jeune Sophie-Laura Palcañte, qui pourtant est blonde et n’a été castée que pour remplir le quota de minorités visibles, et aussi pour subvenir aux besoins de jeunes midinettes de Cassy-Jane Norman-Wielker, l’organisatrice dominatrice fan de Bollywood à l’origine du projet, elle-même mandatée par le ministre des sous.

Cela dit, la plupart n’en ont rien à taper, comme par exemple Abdel-Adam Barowsky, descendant d’une longue lignée de joailliers reconvertis dans l’usure pure pour riches familles aristocrates asiatiques et africaines déchues, ou encore Bill-Bob Brandon, ancien cascadeur de Hollywood devenu golden-boy à soixante-cinq ans, ou même Nathan-Abdul Fieldenson, fils d’une riche femme d’affaire texane anorexique du milieu automobile et d’un ponte du pétrole saoudien impuissant (mais qui honore sa femme en payant de jeunes éphèbes philippins, dont Nathan-Abdul tient le teint bronzé), aujourd’hui à la tête du plus grand consortium pétro-automobile du monde, avec sa femme Georgia-Suzanne Clint-Jones, pompiste dans l’Owio à la beauté de glace qui sut d’un regard faire fondre le cœur de Nathan-Abdul mais c’était il y a longtemps car celui-ci passe désormais plus de temps avec leur chien Carax-Fitzgerald Bogdanov, conseillé personnel de Nathan-Abdul (un ouaf égale oui, deux ouafs égalent non), mais qui n’aboie, au grand désespoir de son maître, qu’interrogé par la susnommée Georgia-Suzanne, dont le don pour communiquer avec les animaux et le personnel de maison n’est plus à prouver.

Bref, Diego-Rodriguez va se confier à Dylan-Mike Newzack, le cardinal chargé de la gestion de la fortune du Vatican, qui n’en a rien à faire car il se dit qu’il mettrait bien sa grosse mitre sous la robe de soirée de l’élégante Lisa-Simone Jones, fondatrice du fond de pension Health&Wealth qui en 2007 détient le record du monde de placements boursiers pour une compagnie de fonds de pension, bien que tout le monde s’en foute, à part Samuel-Sanson Simpson, ancien sportif de haut niveau, seul blanc d’extrême droite à avoir cumulé une carrière honorable à la NBA et une carrière de chanteur de folk rock avant de fonder sa propre maison de disque et de devenir consultant pour Universal (entre autres). Vous saurez pourquoi une autre fois.

Bref, John-John minaude, bien qu’indéniablement attiré par Diego-Rodriguez Samovar, et au bout de presque deux semaines de jeu de chat et de souris, lui colle un énorme râteau en travers de la gueule, dont le choc donnera au premier cette idée de génie : « interdire les syndicats, c’est donner à l’homme sa liberté individuelle d’individu sans même qu’il s’en rende compte mais qu’il va te remercier après tu vas voir ». Et ce sera le thème de la première des dix conférences publiques (ou neuf, je sais plus), à laquelle se joignent, en plus des susnommés, Denis-Phillips Bishop-Mullan, ancien mormon reconverti en prêcheur télévisuel des bienfaits du capitalisme, et garant moral du grütli, Glenn-Maurice McCoy, le franco-néo-zélandais ancien cascadeur, conseillé financier occulte de la famille Bush, et ancien amant de Bill-Bob Brandon, qu’il avait rencontré de près lors d’une cascade qui avait mal tourné, et dont tout le monde ignore si leur histoire est réellement finie, problème qui intéresse particulièrement la journaliste financière Doña Elisabeth-Ellen Van Krammel qui voudrait se lancer dans le people-finance et qui n’a pas compris que « conseiller occulte » n’avait aucune connotation sexuelle. Pendant ce temps, Don Pascale-Emilio Casanueva, le réalisateur de drames politicos-financiers à succès gauchiste et mexicain, et Marie-Eleonora MacGallagan, sa scénariste attitrée, révolutionnaire et activiste, et ancienne maîtresse (infiltrée) du tout Wall-Street (avant qu’elle ne se convertisse aux aventures sulfureuses avec ses différents chirurgiens plastiques) sont convertis, comme toute la foule en délire dans laquelle se mêlent droite décomplexée et gauchistes (qui étaient venus là pour foutre la merde, comme toujours, sales gauchistes) aussi béats devant cette révélation libérale que des bonnes sœurs devant l’apparition de la Vierge dans leur living.

Et c’est dans cette ambiance de triomphe incontesté que Diego-Rodriguez Samovar aimerait s’approcher de Cassy-Jane Norman-Wielker et de Jane-Cassy Wielker-Norman, sa sœur jumelle diabolique, pour les remercier du fond du cœur et la larme pointant, humide et mouillée, au coin de son œil, avant qu’un ultime geste de pudeur ne le retienne, geste qui n’empêche pas un échange de regards d’une intensité telle que ça en dit long (note pour le chef op. : penser à faire un zoom) : « merci Cassy-Jane Norman-Wielker, merci Jane-Cassy Wielker-Norman, de m’avoir embarqué dans cette aventure humaine complètement formidable ». Au fait ça en dit long surtout parce qu’ils ont tous des noms interminables, finalement.

A suivre.

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