lundi 29 octobre 2007

On peut toujours discuter - 2

De : Brice Catherin
A : Fred Jaccod-Guillarmod


Salut mon Jaccod,

Alors pour toi, je n’ai que quelques questions. Mais si je te les pose, ce n’est non pas parce que j’en ai une réponse qui serait différente de la tienne, mais parce que je n’en ai, réellement, aucune. J’ignore si les tiennes me conviendront, mais au moins elles nous permettront de poser sur la table quelques-unes de nos préoccupations respectives.

Tu me dis : « le théâtre, c’est le texte ». Je pense à Optimistic Versus Pessimistic de Oskar Gomez Mata, et à la scène finale et jubilatoire lors de laquelle, armé d’un gigantesque maillet, Oskar démolie une pile de meubles sans un mot, mais avec son célèbre sourire goguenard en coin. C’est un moment extrêmement touchant, pour moi un des meilleurs souvenirs de cette pièce. Question : en quoi la démolition de ses meubles est-elle l’exécution théâtrale d’un texte ? Ou alors, puisqu’il n’y a aucune texte à ce moment-là, Oskar sort-il du théâtre pour faire autre chose ? Quoi ? Et quand Rodrigo Garcia (désolé y’a que des Espagnols qui me passent par la tête juste maintenant) fait faire un concours de mangeage de spaghettis froids à ses comédiens, scène violente à l’extrême, et pleine de sens (car oui, je persiste, le sens n’a pas besoin du langage), en quoi s’agit-il là d’un texte ? Attention, je ne prétends pas qu’il ne s’agit pas d’un texte, je te pose, sincèrement et humblement (ça m’arrive) la question. Merci à toi de me répondre.

Je pose une autre question : si le texte est tellement important, pourquoi ne suffit-il pas de le lire ? Ma réponse (là par contre j’en ai une) est que le théâtre se justifie par ce qu’il apporte au texte. (Et il apporte un paquet de trucs, je pense qu’on est d’accord là-dessus.) Alors ma question, en toute naïveté est : tout ce que le théâtre apporte, pourquoi ne pourrait-il pas l’apporter à autre chose qu’à un texte ? Personnellement, je suis persuadé que c’est possible, et ai actuellement en cours d’écriture deux projets dans lesquels sera impliquée Delphine Rosay (comédienne et metteuse en scène) car elle et moi pensons qu’une partition peut produire du théâtre. (Enfin Delphine, je parle à ta place, arrête-moi si je me trompe.) Mais Delphine et moi sommes peut-être deux cons, ce qui expliquerait qu’on s’entende aussi bien. Bref, arrête-moi si je délire. Vraiment.

Le bisou et à demain,

Brice.

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