jeudi 20 mars 2008

YOGA avec Sandra, Black-Box, jeudi 20.3.2008

YOGA avec Sandra , Black Box , jeudi 20 mars 2008

Les portes de la Black-Box se referment sur des corps couchés. Sandra, Jeanne, Brice, Fred, Jean-Louis, Lucie Z., Lucie E.. ( Roberto se prépare pour son concert de ce soir, Gael est au Conservatoire, Michèle chez le dentiste.)
Zorro, le chien de Sandra, observe la scène.

Position du cadavre.
Le corps posé lourd sur le sol, l' attention est portée à la fois sur les parties en contact avec le sol et le devant du corps.
Mouvements de bras circulaires, des hanches jusqu’au dessus de la tête. Temps vide, inspir, temps plein, expir. Lourds sur le sol. Puis en passant par devant soi, le dessus de la main en premier. Le reste du corps est détendu.

A plat ventre, les bras allongés devant soi, le front sur le sol. Observation de ce qui se passe dans le sol. Etirement bras gauche-jambe droite (3x) et bras droit-jambe gauche (3x) la face intérieure du genou monte, la hanche lourde vers le bas. Les bras et jambes opposés ne compensent pas. Visage, bouche, dents détendus. Lâcher la pression.
Les mains à hauteur des épaules. Bascule du bassin, le sacrum vers le bas, petit cobra, les épaules vers le bas, ouverture du sternum vers le haut, les côtes près du corps. Sur une expir on revient dans le sol. Temps de repos avec les mains placées sous le front. La même chose, puis les bras tendus vers l’arrière, puis les jambes jointes vers le haut. Retour.

Les genoux s’écartent, le bassin est dirigé vers l’arrière. Comme une petite grenouille, le front sur le sol, les bras allongés devant soi. Repos.

Retour à la position sur le sol allongé sur le ventre les bras devant soi.
Passage sur le côté. Etirement de tout son long jusqu’à ce que jambes et bras décollent du sol. Sur la gauche, sur la droite. Même exercice à plat ventre.

Repos « petite grenouille ».

Distraction. Truffe humide de Zorro contre ma joue.

J'entends: "A genoux les paumes jointes devant la poitrine expir descendre les épaules loin des oreilles dos rond dos creux inspir gauche expir droite le chien inspir bras on remonte une inspir expire les bras vers l’arrière on se referme… "

Passer en jambes croisées ou à genoux ou couché sur le dos. Respiration, repos.

Le chien. Départ à genoux, les mains à hauteur des épaules, dans l’écartement des épaules. Les genoux à hauteur du bassin, dans l’écartement du bassin. Sur une inspir aller dans la position du chien tête en bas.

Position de l’enfant. Repos.

Chien tête en bas, amener les clavicules dans la direction des pieds, les ouvrir. Passage à la planche. Descente douce jusqu’au sol. Passage au cobra. Retour au sol. Remonter depuis la planche. Puis planche inclinée. Retour. Position de l’enfant. Planche inclinée avec clavicules ouvertes et bras vers le ciel, d’un côté puis de l’autre. Lever une jambe aussi, d’un côté puis de l’autre.

Flexion.
Debout. Plante des pieds au sol, ischions vers le haut, tête vers le sol, le dos des mains sur le sol. Les pieds sont dans l’écartement des hanches. Respirations. Inspir pour retrouver la verticale.

Debout. Jambes écartées. De face. Un pied ouvet à 90 degrés. Le bras inverse vers le ciel. Les flancs gauche ET droit s’allongent. Descente en pliant le genoux du côté du pied à 90 degré.
D’un côté et de l’autre. Même chose avec coude sur genoux, visage vers le ciel, main vers le ciel. La hanche face. D’un côté, de l’autre.

Flexion. Comme décrite précédement.

Zorro est couché contre ma cuisse. Il est attentif. Surtout lorsque le mot « chien » est évoqué. Parfois il fait lui même un chien tête en haut et un chien tête en bas. Il est vraiment très fort dans cette position ! Il espère que Lucie Z. qui s’est éloignée du cercle des yogis vient lui faire un câlin. Il prend la position sur le dos, mais elle se saisit d’une bouteille pour se désaltérer...
Truffe humide sur ma joue. Joie simple du chien d’être en compagnie.

Jambes écartées, ischions vers le haut, mains jointes derrière le dos qui passent par dessus la tête en direction du sol.

Couchés sur le dos.

Sandra sort un moment. Puis Lucie Z. Zorro va chercher un câlin chez Lucie E..
« Zorro, tu fais quoi ? » Sandra est de retour. Zorro tout rose sous ses poils se couche vers celle qu’il aime sans conditions. Puis revient vers moi. S’essaie au clavier avec sa patte.

Couchés sur le dos, les genoux sur la poitrine maintenus par les bras. Puis, croisement des jambes, torsion jusqu’au sol, la tête regarde de l’autre côté, les bras écartés. Respiration. D’un côté, puis de l’autre.

Zorro s’étire. Griffe le sol.

Position du Papillon.

Zorro écoute un chien qui aboie dans le lointain. Son oreille droite dans la direction du son, le reste du corps entièrement détendu.

Allonger les jambes, allonger les bras.

Conscience amenée dans le bassin. Attention à ne pas contracter ailleurs. Quelques respirations dans le bassin. Sentir ce qui se passe dans cette zone. Travail plus énergétique que de détente ou musculaire. Observation des sensations. Connexion par l’inspir du bassin avec les jambes, puis remontée vers le bassin par l’expir. Observation de la diffusion possible depuis le bassin. Puis connexion avec le haut, par le pubis, les lombaires jusqu’aux côtes flottantes. Ou par un chemin choisi par soi en fonction du ressenti. Puis jusque dans la région du centre-cœur. Respiration dans cette zone. Attention à garder les épaules, clavicules et omoplates décontractées. Puis jusqu’à l’intérieur de la boîte crânienne. Pas de pression dans la boîte cranienne. Plus vers l’intérieur. Subtil.

Le chien aboie toujours dans le lointain. Zorro s’est endormi.

Grande inspiration, puis descente par l’expir et avec la conscience, puis passage dans la détente.

Zorro s’éveille. Tentative d'une langue contre ma joue. Refus sans violence mais ferme.

Sandra passe vers Jeanne, puis Brice, puis Fred, puis Jean-Louis, puis Lucie Z., puis Lucie E.
Contact. Soulève un pied, soulève une nuque, touche des épaules.

Chacun se met sur le côté puis passe en position assise. Respiration.

« Et c’est terminé. »
« Merci, merci. »


signé: Barbara Baker

lundi 11 février 2008

Chant VIII (deuxième version)

Au fur et à mesure qu’il écrit les sept premiers chants de l’Enfer et qu’il rencontre de plus en plus de succès, Dante est abandonné, voire trahi par tous ceux qu’il croyait être ses amis, les uns après les autres. Quant aux nanas, à la fois intimidées par son excentricité et inquiètes de ne jamais arriver à la cheville de Béatrice, elles semblent vivre désormais dans un univers parallèle que nul Virgile ne l’aidera à pénétrer.

Bref, ça va mal. Dante n’a plus la motive, et pour couronner le tout, il s’est méchamment frité avec les petites frappes toutes susceptibles de Rome, qui manque de bol font la pluie et le beau temps dans le coin. Arrivé à Florence histoire de changer d’air, il constate affligé que sa réputation l’a précédé. Si ce n’était que ça, tout irait bien, mais re-manque de bol ladite réputation s’est alourdie de rumeurs en cours de route, et tout le monde voit en Dante un flagorneur dragueur de première, lui, l’humble créateur timide pour ne pas dire renfermé, dont l’excessive amabilité envers la gent féminine n’est que le maladroit cache-sexe d’une gêne compulsive en présence du beau sexe, a fortiori lorsqu’il est bien roulé.

Loin de chez lui, seul comme une vieille merde même plus reniflée par les chiens les plus misérables, ignoré par les unes et jalousé par les autres, Dante relève néanmoins les manches de sa tunique froissée, après avoir glissé ses petits petons dans ses chaussons dépareillés et se met au boulot.

Et il a honte. Il a honte de n’avoir plus rien d’autre à faire que de plonger Filipo Argenti dans la boue, lui qui fut un ami dans la vie, bien qu’un ennemi en politique, lui qui le trahit jadis au moment où Dante avait le plus besoin de lui, de son savoir, de son soutien et de son amitié. Mais on ne s’embarrasse pas d’un ami dans une mauvaise passe. On le laisse se casser la gueule en regardant ailleurs l’air de ne pas être au courant. Alors Dante aussi va regarder ailleurs. Mais avant, il ne résiste pas à la tentation de plonger Filipo dans la boue, celle-là même où ce dernier le laissa croupir alors qu’il était le seul à pouvoir l’en tirer. « Beau transfert, mec ! » commenterait Sigmund.

Pour continuer à écrire son bouquin, et comme le début a connu passablement de succès, Dante a reçu pas mal de thunes de la Loterie Toscane. Passablement de succès, oui, et des rencontres professionnelles importantes, des promesses d’édition, d’articles, de commande… Un avenir presque radieux. Mais putain qu’il est seul. A ce stade de solitude, même un fantasme est douloureux. Alors Béatrice, ça sera pour plus tard. Le seul qui entourera son cou avec ses deux mains et lui baisera le visage, dans son imagination puis sur le papier, car dans la vraie vie ça fait longtemps que son corps n’est plus touché que par ses propres mains honteuses et par le regard abjectement compatissant de son entourage apparemment révulsé, le seul, donc, c’est papa Virgile.

Dante a honte de lui. Honte d’être tombé si bas, d’être tombé si seul, de ne plus même oser imaginer d’autre corps que ce pauvre corps contre le sien. Frustré, malade, malheureux comme les pierres, Dante s’accroche à la main imaginaire de Virgile, avec en lui le flot de larmes, de morve, de sang et de sperme que la honte l’empêche de faire sortir indifféremment par ses yeux, son nez, sa bouche et son sexe, et continue d’écrire son livre. Le livre de la solitude et de la honte.

Chant VIII (première version)

Après ses « années d’exil » (Dante souffre d’une grave psychose paranoïaque et est persuadé d’être persécuté par Rome, qui franchement s’en tripotte l’une sans faire bouger l’autre), notre bon vieux Alighieri, à la lueur de quelques bougies (pas trop, les voisins ne doivent pas l’apercevoir), s’assied à sa table, relève sa tunique humide de saleté jusqu’à la poitrine, sert son petit poing droit autour de sa plume et son petit poing gauche autour de sa bistouquette, et reprend son éloge gay là où il l’avait laissée, c’est-à-dire dans un bain de boue où s’ébat un bataillon de corps musclés et tendus en une grande orgie sado-maso.

Dante, déjà passablement émoustillé par le souvenir de cette scène, s’était promis de continuer son récit, mais il n’y tient pas : en un flash-back, le voici replongé dans ladite boue avec Virgile, le chef des village people antiques dont lui-même est le sixième.

Déchaîné, le Dante. Carrément déchaîné. Il a décidé de ne rien nous épargner : après l’allégorie pitoyablement phallique de la flèche et de l’arc qui décoche comme je te dis pas, débarque (au sens propre du terme) une sorte de Darth Vador hyper testostéroné, émergeant des brumes pour se faire casser aussi sec par papa Virgile. Dante se paluche en écrivant ces lignes, rien de tel qu’une bonne scène d’humiliation après l’orgie sado-maso. Mais ce n’est que l’échauffement.

Dans la vraie vie réelle, Dante a un ennemi politique : Filippo Argenti, le vilain noir florentin. Manque de bol, Dante est tellement nul en politique que Filippo ignorerait presque son existence s’il ne le harcelait régulièrement, l’insultant et le hélant en pleine rue à toute heure du jour et de la nuit. Mais Filippo reste zen, au point qu’on peut dire qu’il n’en a rien à foutre du vieux Dante. Confronté à un tel mépris, Dante a piqué une grosse colère, et pour se soulager, il plonge ledit Filippo (qui, entre parenthèses, l’excite à mort) dans la boue, et imagine Virgile lui défoncer la tronche à coups de tatane, puis les gang-bangueurs sado-maso cités plus hauts lui fondre dessus à bras raccourcis. Ça lui suffirait bien à finir sa branlette, mais Dante est un raffiné. Pendant que son pire ennemi se fait déchiqueter son corps de rêve, l’ami Virgile lui roule un énorme steak (et encore, c’est une litote) en lui parlant de sa petite maman en termes élogieux et sous le regard de notre Darth Vador d’opérette. C’en est trop : Dante, celui qui est à sa table en train d’écrire, décharge en un petit cri poisseux et un peu plaintif. Il s’essuie ensuite avec sa tunique, s’y mouche, va pisser dans un coin de la pièce en sanglotant, et finit de noyer son post-coïtum au ratafia avant de sombrer dans la forêt obscure d’un sommeil lourd et pénible.

Quelques jours passent. Dante n’a rien écrit entre temps. Dante est une grosse feignasse qui attend que ça vienne. Dante le frustré (rappelons brièvement que Dante a fantasmé toute sa vie sur une meuf aperçue trois fois, qu’il ne se tape que des thons et que ses gosses sont au fait ceux que sa femme a eus avec un riche évêque de Rome au service duquel elle fut durant quelques années) se réinstalle à sa table avec sur sa tête une casquette plombée, et dans sa tête la merveilleuse séance d’onanisme littéraire de la dernière fois.

Arrive son compagnon de boisson, Brunetto Latino, avec de mauvaises nouvelles : la veille, alors que Dante écumait les bistrots en ahanant son demi chant VIII comme un âne braie lorsqu’il est en rut, et ce dans l’espoir naïf de s’attirer les grâces de quelques demoiselles, en vain comme on s’en doute, se trouvait malencontreusement dans l’un desdits bistrots notre bon vieux Filippo Argenti. Ce dernier a quelque peu pris la mouche, et a mis son zen de côté un court instant pour demander à Brunetto s’il pouvait intercéder en sa faveur auprès de Dante pour que celui-ci lui lâche la grappe, parce que le coup de le balancer en enfer ressemblait à s’y méprendre à du harcèlement moral. Pire que du lait sur le feu, Dante, en entendant ces paroles explose littéralement. « MAIS FAIT CHIIIIIER, MERDE ! » éructe-t-il comme on éjecte un étron d’un rectum, au bord de la rupture d’anévrisme, « MAIS PUTAIN DE MERDE MAIS C’EST DE LA LITTERATURE MERDE, JE SUIS UN PROFESSIONNEL MOI MERDE, C’EST PAS CONTRE LUI PUTAIN DE MERDE, SI IL LE PREND PERSO C’EST PAS MON PROBLEME J’SUIS UN AUTEUR PROFESSIONNEL MERDE FAIT CHIER PUTAIN ». Le visage violacé par la rage, Dante martèle le mur de son pied jusqu’à en saigner, les yeux sortant des orbites, la morve au nez coulant jusqu’aux lèvres et la bave au coin desdites lèvres. « JE SUIS UN PROFESSIONNEL MERDE IL PEUT PAS COMPRENDRE CE GROS CON DE FILIPPO DE MES DEUX DE PUTE A CUL DE BORDEL A MERDE ?! » Il tombe à genoux, n’étant plus porté par son pied meurtri, et tambourine maintenant des deux poings sur le sol, puis renverse table, chaises, chandeliers. Arrivent alors les voisins alertés par le bruit, et qui, à l’aide de Brunetto, maîtrisent le forcené, avec dans leurs gestes la précision de ceux qui ont l’habitude des crises de furie du génie. Il ne faut tout de même pas moins de huit personnes pour réussir à lui faire avaler ses gouttes. Sous l’emprise de cette drogue violemment opiacée, Dante, après une sieste de quelques heures, écrit la seconde partie du chant VIII avec la main tremblant encore de haine pour le Filippo de ses deux.

lundi 14 janvier 2008

Cadavre exquis sur Dante

début décembre 07

mb: on a dit qu'on ferait de dante, un star. on a dit qu'on projetterait une étoile lointaine dans ce paysage théâtrale, une étoile qui brille jusqu'au noir obscure.
le projet DANTE est lancé et nous sommes aujourd'hui au milieu d'un chantier : parmi des textes de dante, pasolini, sloterdjik, heidegger, parmi des images de greenway, de godard, d'adriana, de golay, de pesce, de doré et de botticelli. Et les situations pêchent : autant de travail sur le choeur, sur le corps, l'espace et la voix. autant d'improvisations qui cherchent le défi de l'invention. autant de noms pour commettre un crime : représenter l'enfer dans sa totalité, 33 chants +1, portés par le collectif 3 en automne, hiver, printemps et jusqu'aux représentations finales et publiques d'un mois. pas un journaliste qui s'intéresse. pas un mot qui se dit là dessus. le processus artistique ne peut guère vaincre la machine infernale de la production publicitaire et du ragot populaire. Au milieu du chemin de notre vie / je me retrouvais au milieu d'une foret car la voie droite était perdue...

mp:. ce ne sont pourtant pas les ragots qui manquent. Avec les mains baladeuses de B. en répétitions et le teint olivâtre façon camé de Dante. Non, ce qui manque, c'est de faire résonner non seulement la puissance poétique de ce projet, mais aussi sa force politique. parce qu'il s'agit de repenser "l'en-commun" du travail scénique, de réviser les protocoles de production : le vedettariat de la mise en scène, la culture de l'effet ou de la trouvaille scéniques, le mercenariat des comédiens, une certaine précipitation de la réalisation,... Et puis parce que Dante est un écrivain politique, en révolte contre son époque, contre les travers de son époque qui annoncent le capitalisme. En Enfer, de toute façon, tout procède par la gauche. A sinistra. Sinistre.

mb : gauche ou droite ? où commencer? avec dante ou beatrice ? dans la forêt ou la boue. main droite sur son sein, main gauche sur son sexe. premier chant : nel mezzo di camin de nostra vita, mi ritrovai nelle foresta obscurra..... on se perd, on se perd, à gauche et à droite. mais jamais au centre. nous sommes nombreux. entre collectif3, créateurs invités, philosophes, entraîneurs, équipe GRü. nous rôdons autour, chacun à sa manière, chacun à son rythmé. complémentaire ? choix de l'aventure pour la ré-volution du RE-: l'extraordinaire poéte florentin du 14ème siècle ou l'impossible représentation. dante nous donne rv. dante nous lie, nous fait travailler ensemble, il nous oblige à nous confronter, l'un à l'autre. ré-volutionner nous mêmes, nos structures matérielles, mentales, psychologiques, émotionnelles. qui passe par qui ? nous par dante ou dante par nous? match d'envergure : machine dante contre machine théâtre. à gauche. contre la montre.

mp : machine Dante contre machine théâtre. La confrontation semble aller de soi puisque les projets scéniques Enfer ou Paradis se multiplient. Emio Grecco, Roméo Castellucci. Alexis Forestier. Air du temps. Fonds noir de la tasse. Etonnant que, contrairement à Beckett qui ne voyait de l'intérêt que dans le Purgatoire, peu de théâtreux s'arrêtent à ce lieu de passage. Nous, c'est la géométrie, les cris, la nuit, les désespérances et les évanouissements de l'Enfer qui nous retiennent. Pourtant, davantage encore que l'Enfer, c'est lecollectif3 llisant l'Enfer qui est au coeur de la question. Pas la représentation, mais l'impossible de cette représentation? Suivant ainsi Duras quand elle dit: "Ecrire, c'est essayer de savoir ce qu'on écrirait si on écrivait." Penser en chemin, trouver en faisant, partir en compagnie de Dante et Virgile sans savoir quel théâtre est au fond de l'entonnoir, par signé et comment manigancé: voilà le pari.

le pari comme suivant : le collectif3 commence par un travail sur la voix et la résonance, par un travail de langue et d'apprentissage de texte, par un travail d'improvisation. jouissance au commencement ! jouissance à cause des rencontres multiples: dante, moi, l'autre, ensemble, homme, femme, collectif, théâtre, white, rencontre avec le travail, le travail tous les jours, l'artistique toutes les heures, rencontre avec les approches artistiques proposées, avec les entraînements qui ouvrent la journée de travail, avec les espaces et lumières à pénétrer. au seuil d'une aventure incertaine, on ne se pose pas beaucoup de question, on fonce, on ne se pose pas trop de question puisque tout est nouveau. première présentation publique attire une foule de gens. le texte de dante résonne dans la cage d'escalier de la maison des arts, le spectateur marche, l'acteur marche en transportant du son depuis la white box jusqu'au sous-sol, là aussi le spectateur est assis sur les bancs rouge. rouge comme dante. une expérience commence, c'est l'expérience du tout début, le regard ouvert dans le futur. puis viennent les relais des créateurs, des personnalités nouvelles interviennent, autant d'étrangères qu'au début qui désirent marcher ensemble un peu plus loin vers une fin plus proche. on recommence. on reprend. on redit. on n'est plus au début. on y est maintenant ! comment continuer ? où aller ? l'énergie du début a crée une direction. maintenant qu'on y est, il faut la créer, la développer, il faut oser le dante. il faut le faire. tous. et ensemble.

Traversée en 699 mots...

La white box est repeinte.

Le collectif3 y entre avec toutes ses affaires.

Pascal Rambert, Denis Schuler, Jocelyne Rudagasiwa, Sandra Amodio passent.

Dominique Falquet entraîne chaque lundi matin au saolin kung-fu.

Michèle Pralong et Manon Pulver mettent en place des discussions sur le processus de travail.

Cindy Van Acker et Sandra Piretti proposent 2 heures de Yoga chaque jeudi.

Maya Bösch travaille les Chants de l’Enfer, approche l’espace de la white box, développe des règles de jeu pour des premières improvisations, crée des paysages de parole et d’action.

Michèle Pralong convoque Pasolini.

Maya Bösch Sade.

Marco Berettini Sloterdijk.

Manon Pulver initie l’entonnoir, une perfo avant les présentations publiques du DANTE ALL STARS.

Pulver développe également le blog.

Dorothea Schürch travaille la voix, la respiration, le corps vocal et fait des mises en espace sonores.

Schürch dessine et fait dessiner le collectif3 sur les exercices au cours.

Schürch fait la scie lors de l’entonnoir avec Manon Pulver et tape sur le clavier pour faire signe au collectif3 de changer la règle de jeu.

Maya Bösch propose des habits de travail pour le collectif3 ; pantalon gris et chaussures Nike.

Regis Golay passe et propose de mettre le collectif3 en training rouge.

Noël s’approche.

Le collectif3 apprend, s’exerce, s’adapte, expérimente, s’invente, compose, se questionne, se révolte, se perd et se retrouve.

Marco Berettini, Josef Szeiler, Dorothea Schürch, Gilles Tschudi passent.

Golay les amène à l’imprimerie et fait la première photo du collectif3 publié dans le Courrier du 2 novembre 08.

Josef Szeiler ouvre un chantier d’improvisation et transforme le Grütli.

Rambert propose aux acteurs de travailler à partir de février, nus et dans les deux espaces, white et black. Il cherche pour ce travail des participants, professionnels et volontaires en plus du collectif3.

Le collectif3 apprend, s’exerce, s’adapte, expérimente, s’invente, compose, se questionne, se révolte, se perd et se retrouve.

Szeiler fait construire des bancs rouges pour les lecteurs-citoyens d’un Chant de Dante qui sont lus avant chaque représentation au GRÜ.

Sylvie Kleiber vient, regarde et écoute le travail, note et réfléchit à L’Enfer Dante.

Pralong travaille avec Bösch, Bösch avec Schürch et Szeiler, Pralong avec Pulver, etc...
Des bancs rouges sur 3 étages, sur toute la verticalité.

Les lectures des Chants de l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis pour toute la Maison des Arts et pendant toute la saison.

Toute l’équipe y passe pour lire.

Szeiler fait construire des panneaux rouges dans le couloir de la white box et le collectif3 y écrit les Chants de l’Enfer.

Adriana Caso-Sarabini filme; elle filme tout ; elle monte le tout.


Bernard Schlurick continue à brasser son Observatoire Dramaturgique ouvert à tout le monde les lundis à midi et réserve une intime heure de Danthologie au collectif3.

Gilles Tschudi travaille l’Enfer autour de la lune noire et fait deux nuits blanches en impro avec le collectif3.

Le GRÜ cherche des lecteurs pour les Chants de Dante sur les bancs rouges.
Jean Michel Broillet installe des vestiaires dans le couloir de la white box pour les affaires du collectif3.

Roberto Degrassi passe régulièrement pour éclairer le politique dans l’affaire de Dante.

Madame Luciana chante sur les bancs rouges.

Kleiber va poser du papier kraft. Partout.

Lors de la nuit blanche avec Tschudi, Barbara Baker se lance dans une écriture automatique en temps réel et défie ainsi la production poétique de la maison.

Marco Berettini fait un soap de l’Enfer sur des personnages choisis par le collectif3 ; il convoque Riefenstahl, Eisenhower, Macchiavelli, Harding, Björk etc…

Fred Jacot-Guillarmod tombe malade.

Gaël Kalimindi tombe malade.

Michèle Gurtner tombe malade.

Roberto Garieri perd sa voix.

Michèle Pralong se fait piéger par le collectif3 qui met en scène une situation d’imposture sur la colère.

Sandra Amodio et Brice Catherin travaillent sur la colère, la spirale, le chant 7 et 8, et sur les sonorités du texte.

Parfois on aboie. Parfois on chie.

Le collectif3 prend et apprend, s’exerce, s’adapte, expérimente, s’invente, compose, se questionne, se révolte, se perd et se retrouve.

Manon Pulver parle du Harakiri lors de son entonnoir.

Fin novembre, Manon Pulver quitte le projet.

Tous les jours.

Tous ensemble.

Tous les jours ouverts au public.

On écrit Dante.

Le GRÜ passe en l’Enfer.


Maya Bösch

Joyeux Enfers

mardi 20 novembre 2007

Une respiration

Le collectif3 prend une petite semaine de repos avant de s'enfoncer plus avant dans l'Enfer, et de s'embourber dans les eaux marécageuses du Styx, le deuxième fleuve de l'Enfer, qui marque la limite entre le Haut Enfer et le Bas Enfer.
Dans le Haut Enfer, les damnés ont certes péché et ignoré Dieu, mais ils ont surtout agi contre eux-mêmes. luxurieux du 2éme cercle, gourmands du 3ème, avares et prodigues du 4ème, ils se sont perdus dans de fausses passions. Avec les coléreux du 5ème cercle, on entre lentement dans le bas Enfer, où les damnés ont de surcroît beaucoup nui à autrui. Le mal prend de l'ampleur, les supplices empirent, la souffrance augmente, et la peur de Dante ne fait que croître dans son cheminement vers les abysses...

Dès lundi prochain et jusqu'au 15 décembre, le labo reçoit la metteure en scène Sandra Amodio, qui entraînera les laborantins dans les boues coléreuses du 5 ème cercle, avec à ses côtés Brice Catherin, musicien, compositeur et membre du collectif3.

GRANDE FIGLIO DI PUTTANA! 14 et 15 décembre à 19h au white box, les portes s'ouvrent sur une nouvelle étape de travail.

"Qui è l'intrata." ( Voici l'entrée. Enfer, Chant VIII, vers 81)