mercredi 9 avril 2008

9 avril

Chant X, 6e cercle :
Dante découvre que les damnés sont visionnaires, mais n'ont pas de perception claire du présent.

mercredi 2 avril 2008

2 avril

Le vaste palais est aussi à l'intérieur
de la bouche
ce sont les os qui résonnent
les dents qui font briller un son
tout le palais qui se soulève pour laisser place à la musique
qui traîne derrière soi comme des longs cheveux
ou comme une cape de Cardinal
ou qui circule dans le nez les sinus les orbites les joues et puis même les pieds les fémurs et le palais des hanches

en février

la black box est un vaste palais où résonnent des voix, où l'on crie des balcons, arpente les cintres et génuflexe dans la galerie, s'entasse dans la vitrine. Où le Christ apparaît
Où l'on se suspend au plafond
où des fosses s'ouvrent sans que personne n'y tombe
où la parole se répand
parfois se repent
se re-

1er avril

la black box est une blague box

jeudi 20 mars 2008

YOGA avec Sandra, Black-Box, jeudi 20.3.2008

YOGA avec Sandra , Black Box , jeudi 20 mars 2008

Les portes de la Black-Box se referment sur des corps couchés. Sandra, Jeanne, Brice, Fred, Jean-Louis, Lucie Z., Lucie E.. ( Roberto se prépare pour son concert de ce soir, Gael est au Conservatoire, Michèle chez le dentiste.)
Zorro, le chien de Sandra, observe la scène.

Position du cadavre.
Le corps posé lourd sur le sol, l' attention est portée à la fois sur les parties en contact avec le sol et le devant du corps.
Mouvements de bras circulaires, des hanches jusqu’au dessus de la tête. Temps vide, inspir, temps plein, expir. Lourds sur le sol. Puis en passant par devant soi, le dessus de la main en premier. Le reste du corps est détendu.

A plat ventre, les bras allongés devant soi, le front sur le sol. Observation de ce qui se passe dans le sol. Etirement bras gauche-jambe droite (3x) et bras droit-jambe gauche (3x) la face intérieure du genou monte, la hanche lourde vers le bas. Les bras et jambes opposés ne compensent pas. Visage, bouche, dents détendus. Lâcher la pression.
Les mains à hauteur des épaules. Bascule du bassin, le sacrum vers le bas, petit cobra, les épaules vers le bas, ouverture du sternum vers le haut, les côtes près du corps. Sur une expir on revient dans le sol. Temps de repos avec les mains placées sous le front. La même chose, puis les bras tendus vers l’arrière, puis les jambes jointes vers le haut. Retour.

Les genoux s’écartent, le bassin est dirigé vers l’arrière. Comme une petite grenouille, le front sur le sol, les bras allongés devant soi. Repos.

Retour à la position sur le sol allongé sur le ventre les bras devant soi.
Passage sur le côté. Etirement de tout son long jusqu’à ce que jambes et bras décollent du sol. Sur la gauche, sur la droite. Même exercice à plat ventre.

Repos « petite grenouille ».

Distraction. Truffe humide de Zorro contre ma joue.

J'entends: "A genoux les paumes jointes devant la poitrine expir descendre les épaules loin des oreilles dos rond dos creux inspir gauche expir droite le chien inspir bras on remonte une inspir expire les bras vers l’arrière on se referme… "

Passer en jambes croisées ou à genoux ou couché sur le dos. Respiration, repos.

Le chien. Départ à genoux, les mains à hauteur des épaules, dans l’écartement des épaules. Les genoux à hauteur du bassin, dans l’écartement du bassin. Sur une inspir aller dans la position du chien tête en bas.

Position de l’enfant. Repos.

Chien tête en bas, amener les clavicules dans la direction des pieds, les ouvrir. Passage à la planche. Descente douce jusqu’au sol. Passage au cobra. Retour au sol. Remonter depuis la planche. Puis planche inclinée. Retour. Position de l’enfant. Planche inclinée avec clavicules ouvertes et bras vers le ciel, d’un côté puis de l’autre. Lever une jambe aussi, d’un côté puis de l’autre.

Flexion.
Debout. Plante des pieds au sol, ischions vers le haut, tête vers le sol, le dos des mains sur le sol. Les pieds sont dans l’écartement des hanches. Respirations. Inspir pour retrouver la verticale.

Debout. Jambes écartées. De face. Un pied ouvet à 90 degrés. Le bras inverse vers le ciel. Les flancs gauche ET droit s’allongent. Descente en pliant le genoux du côté du pied à 90 degré.
D’un côté et de l’autre. Même chose avec coude sur genoux, visage vers le ciel, main vers le ciel. La hanche face. D’un côté, de l’autre.

Flexion. Comme décrite précédement.

Zorro est couché contre ma cuisse. Il est attentif. Surtout lorsque le mot « chien » est évoqué. Parfois il fait lui même un chien tête en haut et un chien tête en bas. Il est vraiment très fort dans cette position ! Il espère que Lucie Z. qui s’est éloignée du cercle des yogis vient lui faire un câlin. Il prend la position sur le dos, mais elle se saisit d’une bouteille pour se désaltérer...
Truffe humide sur ma joue. Joie simple du chien d’être en compagnie.

Jambes écartées, ischions vers le haut, mains jointes derrière le dos qui passent par dessus la tête en direction du sol.

Couchés sur le dos.

Sandra sort un moment. Puis Lucie Z. Zorro va chercher un câlin chez Lucie E..
« Zorro, tu fais quoi ? » Sandra est de retour. Zorro tout rose sous ses poils se couche vers celle qu’il aime sans conditions. Puis revient vers moi. S’essaie au clavier avec sa patte.

Couchés sur le dos, les genoux sur la poitrine maintenus par les bras. Puis, croisement des jambes, torsion jusqu’au sol, la tête regarde de l’autre côté, les bras écartés. Respiration. D’un côté, puis de l’autre.

Zorro s’étire. Griffe le sol.

Position du Papillon.

Zorro écoute un chien qui aboie dans le lointain. Son oreille droite dans la direction du son, le reste du corps entièrement détendu.

Allonger les jambes, allonger les bras.

Conscience amenée dans le bassin. Attention à ne pas contracter ailleurs. Quelques respirations dans le bassin. Sentir ce qui se passe dans cette zone. Travail plus énergétique que de détente ou musculaire. Observation des sensations. Connexion par l’inspir du bassin avec les jambes, puis remontée vers le bassin par l’expir. Observation de la diffusion possible depuis le bassin. Puis connexion avec le haut, par le pubis, les lombaires jusqu’aux côtes flottantes. Ou par un chemin choisi par soi en fonction du ressenti. Puis jusque dans la région du centre-cœur. Respiration dans cette zone. Attention à garder les épaules, clavicules et omoplates décontractées. Puis jusqu’à l’intérieur de la boîte crânienne. Pas de pression dans la boîte cranienne. Plus vers l’intérieur. Subtil.

Le chien aboie toujours dans le lointain. Zorro s’est endormi.

Grande inspiration, puis descente par l’expir et avec la conscience, puis passage dans la détente.

Zorro s’éveille. Tentative d'une langue contre ma joue. Refus sans violence mais ferme.

Sandra passe vers Jeanne, puis Brice, puis Fred, puis Jean-Louis, puis Lucie Z., puis Lucie E.
Contact. Soulève un pied, soulève une nuque, touche des épaules.

Chacun se met sur le côté puis passe en position assise. Respiration.

« Et c’est terminé. »
« Merci, merci. »


signé: Barbara Baker

lundi 11 février 2008

Chant VIII (deuxième version)

Au fur et à mesure qu’il écrit les sept premiers chants de l’Enfer et qu’il rencontre de plus en plus de succès, Dante est abandonné, voire trahi par tous ceux qu’il croyait être ses amis, les uns après les autres. Quant aux nanas, à la fois intimidées par son excentricité et inquiètes de ne jamais arriver à la cheville de Béatrice, elles semblent vivre désormais dans un univers parallèle que nul Virgile ne l’aidera à pénétrer.

Bref, ça va mal. Dante n’a plus la motive, et pour couronner le tout, il s’est méchamment frité avec les petites frappes toutes susceptibles de Rome, qui manque de bol font la pluie et le beau temps dans le coin. Arrivé à Florence histoire de changer d’air, il constate affligé que sa réputation l’a précédé. Si ce n’était que ça, tout irait bien, mais re-manque de bol ladite réputation s’est alourdie de rumeurs en cours de route, et tout le monde voit en Dante un flagorneur dragueur de première, lui, l’humble créateur timide pour ne pas dire renfermé, dont l’excessive amabilité envers la gent féminine n’est que le maladroit cache-sexe d’une gêne compulsive en présence du beau sexe, a fortiori lorsqu’il est bien roulé.

Loin de chez lui, seul comme une vieille merde même plus reniflée par les chiens les plus misérables, ignoré par les unes et jalousé par les autres, Dante relève néanmoins les manches de sa tunique froissée, après avoir glissé ses petits petons dans ses chaussons dépareillés et se met au boulot.

Et il a honte. Il a honte de n’avoir plus rien d’autre à faire que de plonger Filipo Argenti dans la boue, lui qui fut un ami dans la vie, bien qu’un ennemi en politique, lui qui le trahit jadis au moment où Dante avait le plus besoin de lui, de son savoir, de son soutien et de son amitié. Mais on ne s’embarrasse pas d’un ami dans une mauvaise passe. On le laisse se casser la gueule en regardant ailleurs l’air de ne pas être au courant. Alors Dante aussi va regarder ailleurs. Mais avant, il ne résiste pas à la tentation de plonger Filipo dans la boue, celle-là même où ce dernier le laissa croupir alors qu’il était le seul à pouvoir l’en tirer. « Beau transfert, mec ! » commenterait Sigmund.

Pour continuer à écrire son bouquin, et comme le début a connu passablement de succès, Dante a reçu pas mal de thunes de la Loterie Toscane. Passablement de succès, oui, et des rencontres professionnelles importantes, des promesses d’édition, d’articles, de commande… Un avenir presque radieux. Mais putain qu’il est seul. A ce stade de solitude, même un fantasme est douloureux. Alors Béatrice, ça sera pour plus tard. Le seul qui entourera son cou avec ses deux mains et lui baisera le visage, dans son imagination puis sur le papier, car dans la vraie vie ça fait longtemps que son corps n’est plus touché que par ses propres mains honteuses et par le regard abjectement compatissant de son entourage apparemment révulsé, le seul, donc, c’est papa Virgile.

Dante a honte de lui. Honte d’être tombé si bas, d’être tombé si seul, de ne plus même oser imaginer d’autre corps que ce pauvre corps contre le sien. Frustré, malade, malheureux comme les pierres, Dante s’accroche à la main imaginaire de Virgile, avec en lui le flot de larmes, de morve, de sang et de sperme que la honte l’empêche de faire sortir indifféremment par ses yeux, son nez, sa bouche et son sexe, et continue d’écrire son livre. Le livre de la solitude et de la honte.

Chant VIII (première version)

Après ses « années d’exil » (Dante souffre d’une grave psychose paranoïaque et est persuadé d’être persécuté par Rome, qui franchement s’en tripotte l’une sans faire bouger l’autre), notre bon vieux Alighieri, à la lueur de quelques bougies (pas trop, les voisins ne doivent pas l’apercevoir), s’assied à sa table, relève sa tunique humide de saleté jusqu’à la poitrine, sert son petit poing droit autour de sa plume et son petit poing gauche autour de sa bistouquette, et reprend son éloge gay là où il l’avait laissée, c’est-à-dire dans un bain de boue où s’ébat un bataillon de corps musclés et tendus en une grande orgie sado-maso.

Dante, déjà passablement émoustillé par le souvenir de cette scène, s’était promis de continuer son récit, mais il n’y tient pas : en un flash-back, le voici replongé dans ladite boue avec Virgile, le chef des village people antiques dont lui-même est le sixième.

Déchaîné, le Dante. Carrément déchaîné. Il a décidé de ne rien nous épargner : après l’allégorie pitoyablement phallique de la flèche et de l’arc qui décoche comme je te dis pas, débarque (au sens propre du terme) une sorte de Darth Vador hyper testostéroné, émergeant des brumes pour se faire casser aussi sec par papa Virgile. Dante se paluche en écrivant ces lignes, rien de tel qu’une bonne scène d’humiliation après l’orgie sado-maso. Mais ce n’est que l’échauffement.

Dans la vraie vie réelle, Dante a un ennemi politique : Filippo Argenti, le vilain noir florentin. Manque de bol, Dante est tellement nul en politique que Filippo ignorerait presque son existence s’il ne le harcelait régulièrement, l’insultant et le hélant en pleine rue à toute heure du jour et de la nuit. Mais Filippo reste zen, au point qu’on peut dire qu’il n’en a rien à foutre du vieux Dante. Confronté à un tel mépris, Dante a piqué une grosse colère, et pour se soulager, il plonge ledit Filippo (qui, entre parenthèses, l’excite à mort) dans la boue, et imagine Virgile lui défoncer la tronche à coups de tatane, puis les gang-bangueurs sado-maso cités plus hauts lui fondre dessus à bras raccourcis. Ça lui suffirait bien à finir sa branlette, mais Dante est un raffiné. Pendant que son pire ennemi se fait déchiqueter son corps de rêve, l’ami Virgile lui roule un énorme steak (et encore, c’est une litote) en lui parlant de sa petite maman en termes élogieux et sous le regard de notre Darth Vador d’opérette. C’en est trop : Dante, celui qui est à sa table en train d’écrire, décharge en un petit cri poisseux et un peu plaintif. Il s’essuie ensuite avec sa tunique, s’y mouche, va pisser dans un coin de la pièce en sanglotant, et finit de noyer son post-coïtum au ratafia avant de sombrer dans la forêt obscure d’un sommeil lourd et pénible.

Quelques jours passent. Dante n’a rien écrit entre temps. Dante est une grosse feignasse qui attend que ça vienne. Dante le frustré (rappelons brièvement que Dante a fantasmé toute sa vie sur une meuf aperçue trois fois, qu’il ne se tape que des thons et que ses gosses sont au fait ceux que sa femme a eus avec un riche évêque de Rome au service duquel elle fut durant quelques années) se réinstalle à sa table avec sur sa tête une casquette plombée, et dans sa tête la merveilleuse séance d’onanisme littéraire de la dernière fois.

Arrive son compagnon de boisson, Brunetto Latino, avec de mauvaises nouvelles : la veille, alors que Dante écumait les bistrots en ahanant son demi chant VIII comme un âne braie lorsqu’il est en rut, et ce dans l’espoir naïf de s’attirer les grâces de quelques demoiselles, en vain comme on s’en doute, se trouvait malencontreusement dans l’un desdits bistrots notre bon vieux Filippo Argenti. Ce dernier a quelque peu pris la mouche, et a mis son zen de côté un court instant pour demander à Brunetto s’il pouvait intercéder en sa faveur auprès de Dante pour que celui-ci lui lâche la grappe, parce que le coup de le balancer en enfer ressemblait à s’y méprendre à du harcèlement moral. Pire que du lait sur le feu, Dante, en entendant ces paroles explose littéralement. « MAIS FAIT CHIIIIIER, MERDE ! » éructe-t-il comme on éjecte un étron d’un rectum, au bord de la rupture d’anévrisme, « MAIS PUTAIN DE MERDE MAIS C’EST DE LA LITTERATURE MERDE, JE SUIS UN PROFESSIONNEL MOI MERDE, C’EST PAS CONTRE LUI PUTAIN DE MERDE, SI IL LE PREND PERSO C’EST PAS MON PROBLEME J’SUIS UN AUTEUR PROFESSIONNEL MERDE FAIT CHIER PUTAIN ». Le visage violacé par la rage, Dante martèle le mur de son pied jusqu’à en saigner, les yeux sortant des orbites, la morve au nez coulant jusqu’aux lèvres et la bave au coin desdites lèvres. « JE SUIS UN PROFESSIONNEL MERDE IL PEUT PAS COMPRENDRE CE GROS CON DE FILIPPO DE MES DEUX DE PUTE A CUL DE BORDEL A MERDE ?! » Il tombe à genoux, n’étant plus porté par son pied meurtri, et tambourine maintenant des deux poings sur le sol, puis renverse table, chaises, chandeliers. Arrivent alors les voisins alertés par le bruit, et qui, à l’aide de Brunetto, maîtrisent le forcené, avec dans leurs gestes la précision de ceux qui ont l’habitude des crises de furie du génie. Il ne faut tout de même pas moins de huit personnes pour réussir à lui faire avaler ses gouttes. Sous l’emprise de cette drogue violemment opiacée, Dante, après une sieste de quelques heures, écrit la seconde partie du chant VIII avec la main tremblant encore de haine pour le Filippo de ses deux.