jeudi 8 novembre 2007

Texte à pile (réponse)

Très cher Brice,

Tout d’abord, pardonne-moi d’avoir mis autant de temps à te répondre, ce n’était en aucun cas de la mauvaise volonté. En posant ces questions pertinentes, tu as soulevé deux ou trois pierres et comme l’une d’entre-elles cachait un scorpion, ceci a eu pour effet de me faire sursauter. Je me suis remis de ma frayeur et je peux (enfin) écrire.

Je tiens à préciser que les réflexions qui suivent sont purement subjectives.

Pour replacer le contexte, l’initiation du débat suscité par l’hypothèse d’une éventuelle mise en scène de l’intégralité du texte.

Lors d’une impro , Manon s’est écriée : « Mais où est la poésie ? »

L’idée de la lecture comme ambition de travail n’est pas satisfaisante car jusqu’à maintenant, je ne pense pas que le cadre d’une lecture seule du texte « tel quel » permette de faire apparaître le caractère poétique et politique, mais risque plutôt de nous faire sentir impuissant face à son volume et à sa complexité. Dans le fond je n'en sais rien de comment il faut monter ce poème de Dante, par contre au risque de paraître totalement réac, je peux dire qu'il me semble intéressant pour notre époque, de chercher à réunir des  spécialistes de la question, des gens du spectacle, des éventuels curieux, des femmes au foyer, des djeunz et des vieux, autour de cette matière, durant le temps d'un spectacle. C'est un peu le rêve de voir la représentation comme une réunion d'amis qui n'ont pas nécessairement besoin d'être toujours d'accord, afin de voir si il est possible en 2007 de rêver ensemble ce que peux bien être la source du mal tapi dans chacun de nous et bien sûr de son contraire. Nos société laïque, d'origine judéo-chrétienne, voient, impuissante, la monté inquiétante du manichéisme, du fanatisme et autre forme de simplification de l'exercice de penser. Ces signes sont à eu seul des moteurs prodigieux pour l'action théâtrale. De nature foncièrement pessimiste, j'ai besoin d'être rassuré par l'éventuelle possibilité qu'au travers de ce voyage de plusieurs mois puisse se profiler un message d'espoir.   

Il est à mes yeux très important de pouvoir rendre palpable la tension d’un être tourné vers un au-delà ou un idéal.  L’exercice de la lecture jusqu’à maintenant c’est un peu se couper l’herbe sous les pieds, ça peut s’avérer très frustrant : ne pas comprendre quelque chose qui serait présenté comme compréhensible, je ne vois pas le but.

Par contre donner à voir et à entendre, quelque chose qui est tendu dans une direction, tourné vers quelque chose, voici qui me semble plus intéressant. En tant que spectateur peut importe si je ne comprends pas le texte, j’accepte la situation a condition de sentir que le spectacle est un processus, une mise en place de quelque chose qui est tendu vers. La question c’est : Qu’est-ce qui est tendu vers quoi ?
Je ne sais pas encore dire avec précision vers quoi se tends ce dispositif,  mais je l'imagine tendu vers quelque chose d’impossible, d’utopique. Le monde des Schtroumpf tendu vers une société sans classe, l’idée de l’aveuglement des masses tendu vers un concept de lunette qui déshabille ou je ne sais pas moi, le jeu du Monopoly tendu vers un monde sans horloges.

Dante tendu vers Béatrice. Un vivant tendu vers une morte. Il bande. Il ne peut pas y avoir de coït. Aucun enfant ne peut naître de cet accouplement post-mortem. Peut-être que la vision amoureuse du texte est une conception purement mucho-macho et nécrophile, je n'en sais rien. Un texte érigé en direction du ciel, totémique, un truc de mecs.

Parenthèse: Virgile et Dante en enfer, chauds comme la braise

Dante : « Je ne sais pas ce que j’ai, je me sens seul et déprimé. »
Virgile : « Viens faire un tour avec moi, je connais un club sm, ça s'appelle l'Enfer. Ceci devrait te réveiller les sens, engourdi par trop de masturbation et de rancoeur. Là-bas,  je vais te montrer la taille de ma pensée… »
Dante : « Oh Virgile tu as eu une trop bonne idée. Comme dirait la panthère, je reprend du poil de la bête : fuck le pape ! vive l’amour ! »
Virgile : « Le pape vit, Béatrice est morte, happy end : c’est une comédie ! »

Poétique
Sans vouloir citer Aristote, je ne pense pas que tout texte est poétique, mais celui de Dante l’est indéniablement, à mes oreilles. Il ne l’est pas seulement parce qu’il rime.
Je pars du principe (peut-être que je me trompe) qu’un texte versifié est un texte codé pour être dit. En l’occurrence le code est très simple : le vers donne le rythme, il organise le souffle. Je ne veux pas dire par là que c’est uniquement la métrique qui fait la poésie, la poésie de Dante existe au-delà de cette définition, les traductions nous le prouvent : celles qui ne respectent pas le mètre ne sont pas forcément moins poétique. Voici pourquoi je dis que le texte est une partition, il organise l’univers de Dante et avant tout lui permet d’exister en tant que devenir-poésie, et de là devenir-autre chose comme par exemple devenir-théâtral. Si l’on prétend travailler sur la « Divine Comédie » avant d’écarter l’hypothèse après cinq semaines (seulement), que ce texte puisse être dit dans l’intégralité, il faudra me convaincre qu’il ne puisse pas l’être. J’ai et j’aurais toujours l’impression de n’avoir pas ma place au sein du collectif si je n’arrivais pas à partager cette idée et de la rendre digne d’intérêt, au moins comme base de travail. Je ne veux pas dire par là que tout le travail devrait absolument être tourné sur comment dire ce texte (en tant qu’option définitive et inébranlable), mais à l’inverse qu’une chance soit laissée à ce texte de (peut-être) pouvoir être dit et entendu. Ceci n’a rien à voir avec une peur et une bouée de sauvetage, ceci a plutôt un rapport avec la responsabilité en tant que comédien d’être le passeur(Charon) d’un message venant de loin et d’ailleurs (l’Enfer-1300-Dante). Car à ce stade s’il faut choisir entre l’avarice et la prodigalité, j’opte pour la deuxième proposition et redouble mon envie « de me jeter dans la plus grosse flamme », comme dirait notre maître de Kung-fu.

adaptation

Je n’ai rien contre l’idée d’une adaptation mais pour le coup, si tu voulais me donner une idée de ce que l’on peut faire dans la matière tu aurais pu choisir un autre exemple que celui que tu as choisi dans ton message. Car ce que tu proposais concernant l’adaptation de « Ainsi parlait Zarathoustra » par Strauss, je ne vois pas où tu veux en venir, car si je me souviens bien, les nazis ont tout de même bien réussi par un processus de simplification plutôt navrant, à adapter la pensée de Nietzsche dans leur sens et que triste est de constater que Strauss qui plus tard allait devenir le président de la Reichmusikkamer n’allait en tout cas (apparemment )pas les contredire. À ce stade le «ainsi parlait Zarathoustra » de Strauss pourrait tout à fait s’appeler « 2001 l’odyssée de l’espace » qu’on y verrait que du feu.

L’adaptation est un facteur de l’évolution des espèces, soulevé par Darwin.

Comme tu le soulignes très justement Dante n’écrit pas une à proprement parler un texte théâtral. Intégralité ou pas, l’Enfer sera une adaptation. Et comme nous sommes un collectif ce sera donc une adaptation collective.

Lettres adressées à des amis

Voici que je peux reformuler mon utopie, ma question est là : est-ce que Dante en tant qu’écrivain (non pas juste individu) traversant cet espace clos qu’est l’Enfer en route pour cet espace infini qu’est le paradis, ne pourrais pas être mis en parallèle, certe de manière maladroite, avec l’émancipation d’un être scénique (comédien, danseur, musicien) en tant qu’acteur de sa propre pensée (comédien-penseur, danseur-penseur, musicien-penseur) rejoignant un groupe d’amis et de semblables(collectif)?

Le théâtre comme lieu réunissant toute la cité sur des interrogations concernant la cité, la scène comme lieu de conception de l'exercice de la pensée comme action collective, voici l'utopie.
 
Je ne sais pas ce que tu en penses, mais j'ai l'impression que nos esprits sont tellement saturé d'images et d'information et que monter sur scène signifie avant tout se soumettre au diktat de l'efficacité, une efficacité du luxe. Le théâtre est devenu un lieu inutile, et c'est cette inutilité qui le rend poétique. J' ai l'impression que le texte de Dante et le geste théâtral ont ceci en commun qu'il semblent sortit d'une autre époque. Une adaptation en langage sms éclaircirait-elle notre société sur la babelisation du monde?  Dans la fournaise de la société de communication, communiquer a-t'il encore un sens en dehors de critère d'efficacité? 

L'être collectif et le temps

A la question concernant l’importance du sens que cela peut avoir de savoir quelle est ton utilité en tant que musicien dans un travail sur le texte, je peux te dire que je me pose la même question de savoir quelle est ma place en tant que comédien sur le non-travail du texte. Dans l'absolu je ne pense pas que le texte au théâtre est absolument indispensable. J’ai participé à des projets de théâtre sans texte, de théâtre avec des textes écrits par les acteurs, des projets de théâtre d’auteurs classiques et contemporains . Tu dois sûrement être d’accord qu’à chaque spectacle, une nouvelle problématique, dictée par les enjeux artistiques et leur réception par le public, le temps de répétition, le nombre de personne impliquée dans le projet et toutes sortes d’autre contingence plus ou moins triviale. Dans ce projet, je crois qu'un travail sur le texte est important, parce que travailler ce texte, c'est résiter à la dictature de la mode,  du cool et de l'humanisme branché. Ce texte n'est pas facile, il nous interroge constamment ne nous laissant pas de répit, autant dans notre rapport à nous-même, que notre rapport au monde. Mais plus que ça, dans ce projet précis je pense que la question n’est pas de débattre sur le fait de savoir si pour moi ce texte est central ou si pour toi il est périphérique. Mais plutôt de trouver comment les apparentes contradictions peuvent trouver un langage d’échange. Nous avons maintenant amorcé un terrain de réflexion autour de la problématique de la scène. Nous réussissons à dialoguer, c’est déjà ça.

Nous sommes face à plusieurs problèmes, qui peuvent devenir des enjeux pour la suite:
-. Nous éprouvons de la difficulté de trouver un espace de travail en commun autonome (sans impulsion extérieure).
-. Comment concilier le courant pro-texte de Dante et le courant anti-texte, sans déboucher sur un consensus, mais plutôt sur une complémentarité.
-. remettre en question la conception de temporalité du geste théâtral et ce qu'il implique.
-. s'interroger sur: qu'est ce que la poésie.

Voilà, mon cher Brice,
à demain

vendredi 2 novembre 2007

l'automatique (frag) ment, par barbara baker

Le comédien et metteur en scène Gilles Tschudi est venu travailler une petite semaine avec le collectif3 du 22 au 27 octobre. Un travail d'improvisations personnelles qui devait se terminer sur deux nuits entières de recherche. Une seule aura lieu finalement, le second soir se terminera vers 23h, tout en douceur, sur des chants. Cette nuit là donc,  recherche sur l'obscur - lune noire, nuit noire, inconscient, à l'image de l'inconscience dans laquelle tombe Dante à la fin du chant - et recherche parfois obscure pour ceux qui sont venus partager un peu de veille au deuxième étage du Grütli. Une expérience étrange et sujette à controverse au sein du collectif3, avec d'indéniables moments de grâce: ainsi celui-ci, où Barbara proféra un texte qu'elle avait écrit, sur un mode quasi automatique, au fil des heures. Ceux qui étaient là en parlèrent les jours suivants. Ce texte restituait au plus près l'état de l'étage tel qu'il vibrait aux petites heures de l'aube. A la demande de le faire figurer sur le blog et tout en sachant que du dire instantané au lire différé il y a bien sûr déperdition, elle a répondu d'accord. Le voici.

Nuit du 26 au 27 octobre.

Cercle des luxurieux.

La contrainte que je me suis fixée : écriture automatique, écoute de tout ce qui a lieu dans l’espace où nous improvisons, le texte de Dante.

Sans ponctuation, reponctué pour le blog.

 

susciter  le désir

 apprendre de l’autre

 bégayer

 je t’aime

 o dio rispondi

 écrire ce qui passe par la tête en relation avec Dante tout ce bruit ici quel enfer si on veut d’abord je chanterai la louange de celui qui vint ici  en un lieu où la lumière se tait  tu entends le bruit des bottes les marches au pas tu les entends les tam-tams je mangerais bien un yogourt du milieu de la nuit de notre vie de nos vies rassemblées erzähle mir! erzähle mir! et voilà la musique quand la musique le bruit commence les couleurs se brouillent à peine encore de quoi te foutre la main au cul et depuis le bord de l’abîme il y en a un qui se jette sur les arbres de douleur où se font entendre les premiers pleurs de ma poésie à deux balles du samedi soir on est vendredi et on en revient au réel give me! give me! j’ai déjà donné j’ai pas cent balles du samedi soir j’ai déjà dit ô Paris sur la pente de l’éboulis de mes deux guides à travers plages et quadrature du cercle le carré de ta tête au carré sur les genoux de l’oncle de la sœur du père de la fille de la mère du plomb dans l’aile comme un vol de journal du voleur c’est qui ce vieux? ce vieux ?!! Jean Genêt! Jean Genêt un tombeau pour Anatole Mallarmé mal armé, Achille? Achille Ulysse la Grèce celle de mes cuisses tu veux visiter? a pris  a pas pu y peut plus a pas chu est pêchu eppe! appache apatatra à la la sur le dos vivant de kirikou je triche du corps de la suite des exacts événements ça boume tu veux un morceau de moi une pisse de moi a peace of me waouw c’est super dit-elle boum boum boum chant V hourra fuite en silence gorge les gorges vomir j’ai envie de vomir fiel bile te fais pas de bile mais tout le monde s’en fout s’enfouit s’enfuit s’en fut sans fut en chemise sans pantalon mon pantalon sent le gris CHANT DES PETITES HEURES : LE MATIN TU T’EVEILLES/ C’EST PLUS MOCHE QUE LA VEILLE/ TU FRISSONES TU AS FROID/ TU TE TIRES DE CHEZ TOI au milieu du chemin de notre vie/ je me retrouvai par une forêt obscure/ car la voie droite était perdue Sémiramis Didon Cléopâtre Hélène ont la même conception de la luxure la raison est soumise aux désirs 200 000 morts pour une femme désirante 200 000 petites morts pour une femme désirante TU VEUX OU TU VEUX PAS ? SI TU VEUX… la tyrannie de toutes les facultés par une seule Lucie Lucie Véronique Gilles Jeanne Gael Fred Brice Dominique Michèle Michèle Manon Bernard où est passé le chien? Adriana Barbara Dante Virgile Minos Sémiramis Francesca Francesca Francesca cesca sca aca faire aca partout comme les australiens y a qu’à yucca  ici commencent à se faire entendre les notes douloureuses Roberto Laurent un homme au cheveux long tip tip tip tu le sais ton texte? extirpé sorti de tes tripes de ta course de ton souffle de tes pores de ton corps de tes coups de tes couilles de ta bouche de ta gueule de ta gueule ta gueule! ta gueule! pourquoi cries-tu ainsi lui dit mon guide Minos horriblement horriblement de de de  comme les étourneaux sifflent j’efface j’ai face rouge fut qui combattit à la fin qui baise sa femme vous vous autorisez et je devins comme égaré plus près de nous parce que lui-même il a dû le faire et pas chanter ô créature gracieuse et bienveillante on à le droit l’œil nous si cette personne donc les aveugles ne peuvent tomber amoureux alors maintenant il essaye de se repentir dévotion  observance des lois divines l’enfer commence par la condamnation de son propre péché comment permit amour blablabla j’étais Hamlet aucune valeur ne doit égarer la raison quand nous vîmes le rire désiré être baisé par tel amant/ celui-ci qui jamais plus ne sera loin de moi  et de Dieu on en a rien à Cara elle a pas les  moyen de comprendre tap tap tap putain! Dieu a fait plusieurs choses mais peut-être que Dieu quelle Cléôpatre ha !ha !ha ! silence je fléchis TON CORPS EST COMME UN VASE CLOS/ J’Y PERCOIS PARFOIS UNE JARRE/ COMME UN POISSON AU FOND DE L’EAU ( ?) / ET QUI ATTENDS UN NAGEUR RARE  de mémoire Léo Ferré LA DOUDOU/ ELLE S’EN FOUT/ AU MOIS D’AOÛT/ ELLE MET LES BOUTS de mémoire pas Léo Ferré y vont s’arrêter y vont s’arrêter pourquoi je cours Francesca et son ex à la Caïne et Malatesta malpensa et Milano Malpensa et le retour en avion à hélices son nom Luigi Pirandello et la climatisation ne marche plus buvons on va tous crever dit l’hôtesse authentique! allez chéri je t’embrasse avant la mort l’avion part en vrille dans le même cercle à tout de suite en enfer et mais regarde Didon dis donc c’est pas Didon elle est née  où est née… est née… elle est bien bonne celle-là ça c’est Enée qui le disait forcé à quitter forcé à quitter Oui, je pars, Fritz. (…) Je ne te l’ai pas dit que je voulais partir, que je voulais partir depuis longtemps, parce que je ne peux pas te parler quand je te regarde, Fritz.  aaaaaaaaah quitter kit mains libres ballades les mains baladeuses pelotage pelote laine j’ai froid froid froid y a le film sur l’ordinateur de G.T. qui dit yeah ! en voilà un vraiment satisfait con fesse un cri ! moins d’espace et plus de cris … enclôt moins d’espace/ mais douleur plus poignante et plus de cris  je tourne en rond c’est normal on est dans des cercles je me mords la queue c’est normal t’as pas encore pigé le deuxième cercle le deuxième cercle le deuxième cercle je descendis ainsi du premier cercle/ dans le second qui enclôt moins d’espace/ …  et plus de cris/ elles parlent, entendent et tombent / vois comme tu entres et à qui tu te fies  tu fais la secrétaire ou quoi? ou quoi? quoui couac quoi que par vents contraires  la terre d’ou je viens / et la manière me touche encore  me touche au corps bons appétits maître, qui sont ceux-là qui sont châtiés par l’air noir? elle est Sémiramis Didon Cléopâtre Hélène Achille Pâris Tristan plus de 1000 quoi d’neuf docteur je commencai je commençai forcé à quitter sa sent la fin et je tombai comme un corps mort comme! pas encore mort et la manière me touche encore / amour me prit si fort de la douceur de celui-ci /  la Caïne attend celui qui nous tua piano concerto Hélas! que de douces pensées je me retournai vers eux à quel signe la mort du cygne le chant du cygne chant cinquième racine première de notre amour plusieurs fois la lecture un seul point ce qui nous vainquit lorsque nous vîmes le rire désiré être baisé par tel amant un seul point le point G le point je le point je comme si je mourrais comme tombe un corps mort comme ! come ! viens! viens! viens!  et je vins en un lieu où la lumière n’est plus Liszt pareil ça c’est ma préférée qui vient mon guide descendit dans la barque  les flots eau morte fange avant le temps et je crains de m’être levée trop tard  après qu’elle alors il tendit ses deux mains vers la barque / baisa mon visage et me dit … / … comme porcs dans l’ordure comme! sus! comme ça se prononce comme! la cité désolée sortez, voici l’entrée! secret viens seul qu’il s’en aille! pense lecteur! plus de sept fois cette fois j’arrête si! si! je ne te laisserai pas dans le monde d’en bas les yeux à terre / qui m’interdit les tristes demeures Liszt sans serrures sur elle les lettres de mort quelqu’un par qui la ville sera ouverte Liszt préféré  ici commencent les notes douloureuses à se faire entendre / va t’en d’ici avec les autres chiens … je voudrais tant/ le voir plongé dans le bouillon il est onze heures sus! comme ça se prononce comme! avec les dents je vous aime  notre musique voix propre qu’il veut faire entendre voix propre c’est quoi dégueulasse chaque voix  comme si Dante devait redescendre aux  Enfers…  je me suis endormie sur le clavier pas du piano de mon Mac moi sa putain il me force à quitter je mangerais bien une pomme un fruit c’est pas défendu pas Eve, Lilith tout ça pour placer la lune noire c’est pas vrai! le ver est dans le fruit une topographie de l’Enfer 23h05 entre les deux parties de Godot il y a la nuit sea sex and sun quand on a pas parlé depuis longtemps on sait plus comment l’ouvrir jazz il y avait ce type dont la sonnerie du portable était le cri de Tarzan fugue Azucena j’ai une ford scorpio automatique l’automatique ment stop 23h14 à suivre chant V CINQ HEURES DU MAT J’AI DES FRISSONS/ JE CLAQUE DES DENTS ET JE MONTE LE SON  I’LL NEVER LIVE YOU  la femme debout se frotte à la chiffonette  Lucie ennemie de toute cruauté Lucie ennemie de toute cruauté se mit en chemin et vint là où… /… sur la douce montagne  mais qui comprendra personne jamais ne fut plus prompt/ à faire son bien et à fuir son dommage dommage!  stop stop stop il faut savoir s’arrêter tu t’éloignes l’automate hic! ment 23h30 ça avance pas vite mais l’énergie remonte Lucie E.    ennemie de toute cruauté se mit en chemin/ et vint là où j’étais… danse bras bras et toi tu t’appelles comment ? Fabio. Ah .  et ce connaisseur de péchés/ voit quel lieu leur convient dans l’enfer/ de sa queue il s’entoure autant de fois/ qu’il veut que de degrés l’âme descende  et je vins en un lieu où la lumière se tait / nous dont le sang teignit la terre/ la terre où je suis née … je vois plus rien qui a éteint? que personne ne sorte !  vous qui entrez laissez toute espérance  chant cinquième racine première de notre amour plusieurs fois la lecture nous fit lever les yeux/ et décolora nos visages  23h49 ouh ouh ouh ouh ouh ouh

 Re-prise prise de H huitième lettre de l’alphabet musique mehr licht! j’y vois vraiment plus rien et je vins en un lieu où la lumière se tait  dois accomplir quelque chose seule. Entre Godot il y a la nuit. Entre mes cuisses il y a le chant V. 00h16 après une courte pause après une courte pause tentative hypothèse Dante est dépressif  il a besoin d’une ballade en forêt stop qui lit par dessus mon épaule? Manon, ma si ! comme ça s’écrit comme ! rien rien je pense rien piano grave bruit de bouches dents retour au chant aux champs faucher la grande faucheuse hors sujet !00h23 00h34  si fort fût mon cri affectueux / si forte fu l’affetuoso grido  plage musicale mon ami vrai et non ami de la fortune/ est empêché si fort sur la plage déserte/ que la peur le fait s’en retourner/ et j’ai peur qu’il ne soit déjà si égaré/que je ne me soie levée trop tard à son appel 

  4h14 forcé à quitter: tout perdu ce qui a été écrit depuis 3h....

lundi 29 octobre 2007

On peut toujours discuter - 2

De : Brice Catherin
A : Fred Jaccod-Guillarmod


Salut mon Jaccod,

Alors pour toi, je n’ai que quelques questions. Mais si je te les pose, ce n’est non pas parce que j’en ai une réponse qui serait différente de la tienne, mais parce que je n’en ai, réellement, aucune. J’ignore si les tiennes me conviendront, mais au moins elles nous permettront de poser sur la table quelques-unes de nos préoccupations respectives.

Tu me dis : « le théâtre, c’est le texte ». Je pense à Optimistic Versus Pessimistic de Oskar Gomez Mata, et à la scène finale et jubilatoire lors de laquelle, armé d’un gigantesque maillet, Oskar démolie une pile de meubles sans un mot, mais avec son célèbre sourire goguenard en coin. C’est un moment extrêmement touchant, pour moi un des meilleurs souvenirs de cette pièce. Question : en quoi la démolition de ses meubles est-elle l’exécution théâtrale d’un texte ? Ou alors, puisqu’il n’y a aucune texte à ce moment-là, Oskar sort-il du théâtre pour faire autre chose ? Quoi ? Et quand Rodrigo Garcia (désolé y’a que des Espagnols qui me passent par la tête juste maintenant) fait faire un concours de mangeage de spaghettis froids à ses comédiens, scène violente à l’extrême, et pleine de sens (car oui, je persiste, le sens n’a pas besoin du langage), en quoi s’agit-il là d’un texte ? Attention, je ne prétends pas qu’il ne s’agit pas d’un texte, je te pose, sincèrement et humblement (ça m’arrive) la question. Merci à toi de me répondre.

Je pose une autre question : si le texte est tellement important, pourquoi ne suffit-il pas de le lire ? Ma réponse (là par contre j’en ai une) est que le théâtre se justifie par ce qu’il apporte au texte. (Et il apporte un paquet de trucs, je pense qu’on est d’accord là-dessus.) Alors ma question, en toute naïveté est : tout ce que le théâtre apporte, pourquoi ne pourrait-il pas l’apporter à autre chose qu’à un texte ? Personnellement, je suis persuadé que c’est possible, et ai actuellement en cours d’écriture deux projets dans lesquels sera impliquée Delphine Rosay (comédienne et metteuse en scène) car elle et moi pensons qu’une partition peut produire du théâtre. (Enfin Delphine, je parle à ta place, arrête-moi si je me trompe.) Mais Delphine et moi sommes peut-être deux cons, ce qui expliquerait qu’on s’entende aussi bien. Bref, arrête-moi si je délire. Vraiment.

Le bisou et à demain,

Brice.

On peut toujours discuter - 1

De : Brice Catherin
A : Roberto Garieri

Salut ma petite caille dorée,

Comme j’ai un cerveau trop lent pour pouvoir discuter de vive voix de choses faisant appel à toute forme de réflexion intellectuelle, je pensais t’envoyer un émail, et puis constatant que notre discussion pourrait avoir un intérêt pour tout le collectif3, voire, pourquoi pas, pour toute personne aussi naïve que moi se posant des questions sur le théâtre, je décide carrément de le balancer sur ce blog en pâture à nos millions de lecteurs quotidiens.

Rappelons pour les autres et pour nous-même notre différend du jour : tu prétends que la Divine Comédie est une partition, moi, non. Si un désaccord ne me gêne pas forcément – et si c’en était un en ce qui nous concerne il ne me gênerait en l’occurrence pas – je suis par contre bien plus embêté par cette chose pénible qu’est l’incompréhension. Or, force est de constater que nous ne nous comprîmes pas. Je vais donc essayer de m’expliquer autrement, et t’invite ensuite à réagir à mon explication afin que je te comprenne à mon tour, pour autant que tu m’aies compris après ladite imminente explication.

De mon humble avis, en ce qui concerne la codification d’une œuvre vivante (théâtrale, musicale, chorégraphique ou autre), il me semble que deux sortes de codifications sont possibles :

1) Soit tu codifies, avec toutes les lacunes que cela suppose, le produit d’arrivée. C’est ce que fait une partition, qui n’est pas un produit fini (la partition n’a pas de raison d’être sans l’interprète) mais tente de codifier le plus précisément possible le produit fini par ledit interprète. C’est aussi le cas d’un texte théâtral au sens strict du terme (car on pourra m’objecter que tout texte est théâtral). Encore une fois, une codification exhaustive est tout simplement impossible, mais c’est pourtant la codification du produit final que tentent les susnommés supports.

2) Soit tu codifies le produit de départ de (ce qui va devenir) ta production finale. C’est-à-dire qu’entre le produit de départ (une idée, un concept, un texte philosophique…) et le produit d’arrivée a eu lieu tout un processus d’adaptation, de traduction, ou que sais-je encore, mais que ce produit de départ, s’il impose un thème, ou une direction au travail, n’en impose certainement pas son résultat final (comme tente de le faire, disais-je donc, la codification du produit final dont nous parlions au point 1 du présent exposé). Pour prendre un exemple peu ambigü (me semble-t-il), quand Richard Strauss fait du Ainsi parlait Zarathustra de Nietzsche un poème symphonique (sans chant, sans texte), il a pris un produit de départ qui est un texte de Nietzsche, et en a fait un produit d’arrivée dont la direction et le fond découlent du produit de départ, sans pour autant être sa formalisation stricte (quelle pourrait-elle être, d’ailleurs ?), et, pourtant, sans l’avoir trahi ! (Du moins de mon humble point de vue.)

Alors notre incompréhension mutuelle, je la soupçonne d’être là : où met-on Dante ? Pour moi c’est clair : Dante c’est un produit de départ, qu’il n’est pas question de trahir, mais qu’il n’est pas question non plus de prendre comme le code d’un produit fini (soit : un texte à livrer tel quel). Pour toi, cela semble être clair : la Divine Comédie est le code d’un produit d’arrivée et doit donc, et vu comme ça, comment pourrais-je te donner tord ?, être lu tel qu’il est.

Est-ce que j’ai bien compris ton raisonnement ?

Maintenant, je me pose toutefois des questions concernant la Divine Comédie comme codification de produit d’arrivée : on a lu ce texte, tous ensemble, plusieurs fois, et au début (même après la deuxième lecture), le taux de compréhension tournait entre un (pour moi) et quatre (pour toi et selon ta propre estimation) pour cent. Alors comment peut-on penser que de livrer ce texte tel quel à un éventuel auditoire le rendra pour ce dernier compréhensible ? Par quel miracle ledit auditoire comprendrait-il plus que quatre pour cent de ce texte lors d’une hypothétique lecture ? Est-il cent à vingt-cinq fois plus intelligent que nous ? Connaît-il déjà super bien ce texte ? (Alors pourquoi le lui lire ?) Bref, vu de cet angle, livrer le texte de la Divine Comédie « tel quel » me paraît carrément une absurdité. Mais je n’exclus pas la possibilité d’être un con et de ma gourer complètement.

Enfin, une dernière remarque, qui entre dans le plus pur domaine de la subjectivité, mais je te la livre quand même : je ne peux m’empêcher de penser que ce besoin viscéral de texte n’est pas autre chose qu’un besoin de bouée de sauvetage (crevée, d’ailleurs, à mon avis). Comme si le texte allait nous sauver, allait faire le boulot à notre place, ou que sais-je ? Je ne peux m’empêcher de penser que ce respect proche de la vénération pour le texte cache en réalité une peur bleue de se retrouver sans texte. Moi qui ai mis vingt-quatre ans à faire un son sans partition, je ne vais pas jeter la pierre, au contraire, cette peur ne m’a été que trop familière. Encore une fois, il ne s’agit là que d’une intuition, d’une remarque subjective, et il te suffira de me dire le contraire pour que je l’oublie.

Voilà, je te remercie d’avance de répondre à mes questions. Encore une fois je suis mal à l’aise avec l’incompréhension, a fortiori quand elle sous-entend que je suis un intrus et que je n’ai pas ma place là où je suis. Car si la mission du collectif3, fut-ce pour trois mois seulement, est de livrer un texte textuellement (la redondance est volontaire, hein, c’est bon), je ne vois pas ce qu’un musicien vient foutre là-dedans. Sincèrement. Bien que ce soit d’un réel intérêt, me semble-t-il, que je sois amené à lire, je doute que ma présence ne soit motivée que par cette seule lecture, sinon on aurait engagé des gens mieux placés. Bref, réponds, car on s’aime et on regarde ensemble dans la même direction, donc ça serait bien qu’on pige ce qu’on veut dire l’un et l’autre.

Gros bisou et à demain,

Brice.

lundi 22 octobre 2007

Parlez-vous grü?

Un des grands sujets de discussion et d'étude dans l'abord de la Comédie de Dante, a été et est encore la traduction. Entendu par là surtout la question du choix de la traduction de l'italien vers le français, de la perte occasionnée, de l'usage de la langue pour le travail etc... Pour la version française, Jacqueline Risset reste incontestée (si ce n'est parfois par Bernard Schlurick, mais la contestation étant sa partition, elle est surtout un heureux contrepoint critique). 

La version originale est toujours très présente et le sera toujours plus, notamment grâce à Sandra Amodio, qui travaillera avec le collectif en décembre et entraîne déjà les interprètes au maniement de la langue italienne, mais aussi avec la permanence de la "tapisserie dante", récitatif des chants en avant spectacle, auquel vous êtes cordialement invités à participer (voir site).

Ceci étant, le collectif3 a durant les 5 premières semaines travaillé essentiellement avec des germanophones plus ou moins bilingues, et cela a donné une coloration particulières aux échanges hors et dans le travail. 

Ces sonorités hybrides m'ont inspiré une idée de langue mixée, le "grü", dans laquelle le 1er chant de l'enfer ressemblerait à ceci: 


Erster Chant

 

Dem Höhepunkt du chemin de notre vie

je me retrouvai par ein dunkler Wald

car den Rechten Weg était perdu

Oh weh, erzählen ce qu’elle était est chose dure

cette forêt féroce, so dicht und dornig

qui ranime le Schreck dans la pensée

Elle est si bitter que Tod l’est à peine plus

doch um das Gute que j’y trouvai

zu zeigen, je dirai des andre choses que j’y ai vues.

Je ne sais nicht recht wie j’hinein geriet

Tant j’étais plein de Schlaf en ce point

où j’abkam weit von la voie vraie.

Als ich dann aber fus venu au pied d’un Hugel

où finissait cette vallée

qui m’avait das Herz bedrängt

je blicktais empor et je vis ses épaules

umhüllt déjà par les rayons de la planète

qui jedem seine Wanderpfade sichert.

Alors jetzt entspannte sich la peur un peu

die dans le lac du cœur m’avait duré

die ganze Nacht que je passai si plein de peine.

Et comme celui der nach Atem keuchend

sorti de la mer ans Ufer

zurückschaut vers l’eau périlleuse

ainsi wandte sich mon âme qui fuyait noch immer

pour regarder la Schlucht

qui ne laissa jamais keinen en vie.

Quand j’eus ein wenig reposé le müde Leib,

je repris mon chemin sur la plage déserte

und le pied ferme était toujours plus bas que l’autre.

Mais voici, gleich am steilen Anstieg,

une panthère, schlank und très agile,

que recouvrait ein buntgeflecktes Fell ;

elle ne bougeait pas devant mon visage

une même störte und hinderte meinen Aufstieg so,

das ich schon wankend wieder weichen wollte.

es war die Zeit où le matin commence

le soleil stieg samt allen jenen étoiles

die waren avec lui als am ersten Tag

l’amour divin bougea ces choses belles ;

si bien que j’avais guten Grund à espérer

de cette bête au gai pelage

l’heure du jour et la douce saison ;

mais non, musst ich gleich mich wieder fürchten

à la vue d’eines Löwen qui m’apparut.

Mir war als käm er contre moi,

la tête haute, so hungrig und so enragé

das on aurait cru voir die Luft vor ihm trembler.

Et une louve, qui paraissait so

voller Gier dans sa Magerkeit,

et qui fit vivre bien des gens dans la misère.

Der grauenvolle Ausdruck ihres Blickes

me fit sentir un tel accablement

que je perdis l’Hoffnung de la hauteur.

Et pareil à celui qui se plaît à gagner

mais dem zur Stunde des Verlustes dann

pleure et kläglich wird,

pareil me fit jenes ruhelose Tier

quand venant contre moi Schritt für Schritt

elle me repoussait zurückt ins Dunkel.

Tandis que je glissais so ins Tiefe,

une figure entstand vor meinen Augen

qu’un long silence avait toute affaiblie.

Quand je la vis dans le grand désert

« misere de moi » rief ich !

« Wehr du seist, Schatten ou homme certain! »

« Ich bin », sprach er, « kein Mensch, homme plutôt je fus,

et mes parents furent lombards

und beider Heimatstadt war Mantoue.

Je naquis noch sub julio

et vécus sous le grand Auguste, in Rom,

in der Zeit der Götter faux et menteurs.

Je fus Dichter, et je chantais le juste

fils d’Anchise, der zu uns von Troja kam,

nachdem l’orgueilleuse Illion verbrannt.

Mais toi, warum retournes-tu vers cette angoisse 

und nicht la douce montagne hinauf

qui est principe et cause d’echter Freude ? »

« Es-tu donc ce Vergilius, et cette source

qui répand so reich die Goldnen Worte ? »,

lui répondis-je avec gesenkter Stirn.

Ô Ruhm et lumière de tous les Dichter,

que m’aident den Fleiss und meine grosse Liebe,

qui m’ont fait chercher ton ouvrage.

Tu es mon Meister et mon auteur

Le seul où j’ai puisé die hohe Kunst

Du beau style qui m’a fait honneur.

Vois das Tier pour qui je me retourne ;

Aide-moi contre elle, berühmter, weiser Mann,

elle me fait trembler das Blut in allen Adern. »

Il te convient d’aller par un andrer Weg,

répondit-il, da er mich weinen sah,

si tu veux dich noch retten de cet endroit sauvage ;

car cette Wölfin, pour qui tu crie

ne laisse niemand passer par son chemin,

sie stellt den Menschen, et à la fin tötet sie ihn.

 Car elle a nature si bösartig et perverse

que jamais sa Lust ne s’apaise

et quand elle est repue wächst erst recht ihr Hunger.

Nombreux les animaux avec qui elle s’accouple,

et mit vielen andern wird sie’s treiben – bis

le lévrier viendra qui la fera mourir dans la douleur.

Lui, ne hungert pas nach irdischem Metall :

Mais sagesse, Liebe et vertu,

Et sa nation sera entre feltre et veltre.

Erlosen wird er cette humble Italie für das Camilla,

Turnus, Euralyus une Nisus kämpfend moururent.

Durch alle Städte il la chassera,

puis viendra la remettre in die Hölle,

d’où l’avait tirée zuerst der Neid.

Donc zu deinem Besten denk ich und je dispose

que tu me suives, et je serai ton Führer,

et je te tirerai weg von hier vers un lieu éternel,

où tu entendras verzweiflungsvolles Schreien

et tu verras les antiques esprits dolents

qui chacun dir den zweiten Tod entgegenheulen ;

et tu verras ceux qui sont contents

im Feuer, parce qu’ils espèrent venir

früh oder spät zum Sitz der Seligen.

Et si tu veux zu diesen encore dich erheben,

Une âme plus würdig que moi se trouvera :

à elle je te laisserai bei meinem Weggang ;

car ce Kaiser qui est là-haut,

ne veut pas que moi qui fus rebelle à son Gesetz,

je vienne zu seiner Stadt.

Allwärts il gouverne, doch là, il règne ;

là est sa ville et dort son Thron.

Ô glücklich celui qu’il y choisit ! »

Et moi, à lui : « mein Dichter, je te prie,

par ce Dieu que tu n’as pas connu,

pour que je fuie ce mal et pire,

Führ mich dort hin là où tu as dit,

que je voie das Tor de Saint Pierre

et ceux qui so schrecklich leiden, comme tu dis. »

Alors il s’ébranla, et je ging hinter ihm.

En enfer, la seule chose qu'on a, c'est du temps

Vendredi soir, 19h. Josef Szeiler ouvre les portes. Une heure avant il glisse le mot d'ordre aux interprètes: on entre dans la salle à 18h55, on s'assied, puis 9 minutes d'impro sur le thème déjà exploré d'une marche lente, un homme vers une femme, une marche qui vise de mettre la main au sexe de l'autre, mais partant d'une distance telle que, au vu de la lenteur, ils n'y arriveront vraisemblablement pas. Puis on arrête. Ce sera tout. En aparté il dit: "c'est la première fois de ma vie que je teste pareille brièveté. J'ai déjà fait des présentations de 12 heures, de 24 heures, de 36 heures même, mais 9 minutes, jamais". 
Samedi soir, 19h. Nouveau mot d'ordre. Improvisation sur trois chants, en utilisant le matériau accumulé durant les quinze jours. A savoir, le chant que chacun a appris par coeur, la chanson médievale que les femmes ont également apprise, le travail sur la perception, l'immobilité, le corps dans cet espace, white box. 
A la fin, après une pause, tous se retrouvent avec certains visiteurs/spectateurs pour échanger, de la parole, de l'idée, du commentaire, de la dispute. A la question de la motivation qui a sous tendu les quinze jours de travail, le postulat, très simple de Szeiler: finalement, en Enfer, la seule chose qui nous reste, c'est du temps. Du temps jusqu'au délire, un cauchemar éternel, du temps sans fin. Alors, pour aborder cet enfer, commençons par le prendre, le plus extrêmement possible. Aussi le travail des quinze jours aura surtout consisté en cela, une investigation extrême du temps, du corps dans l'espace temps, et donc, pour transposer le fait de l'éternité, une exploration de la lenteur...
 
La discussion terminée, Josef Szeiler décide de passer sur le champ le témoin au prochain intervenant,  Gilles Tschudi. Passation nocturne, et prise de contact entre 23h20 et 01h du matin. Gilles travaillera une semaine avec le collectif3, selon les horaires indiqués ci-contre, ouvrant toujours les portes aux visiteurs, toujours bienvenus. 

vendredi 19 octobre 2007

Le grand 9


Attraction de la saison au théâtre du grütli, le labo d'enfer poursuit sa descente dans les 9 cercles de dante. Depuis 15 jours, Josef Szeiler fait tourner le manège du grand poème dans une suprême lenteur,  à revers des vertiges d'un texte qui file à tombeaux ouverts dans l'obscurité des péchés.  Ouverture des portes ce soir à 19h, pour un tour de manège éclair, et demain dès 19h, pour une plongée dans un espace temps dilaté par les indications de ce maître zen et brechtien,